LA MALPARLABILITE

LA MALPARLABILITE

On dit que les chiens comprennent cinquante mots...
Je ne sais pas qui est ce On, mais On dit beaucoup de
bétises. les chiens comprennent bien davantage que
ce qu’On leur prête ! La preuve en est bien que j’écris
cette tribune et sans l’aide de personne.

Mais au contraire de nos frères humains atteints de logorrhée chronique, il est vrai que nous dédaignons le blablabla et économisons sagement notre bave, sachant nous faire comprendre sans faire des phrases de député en campagne.

De là à passer pour un imbécile aux yeux des imbéciles...

L’homme raffole tant des mots qu’il en invente toujours de nouveaux, comme s’ils voulaient dire davantage. Et souvent pour ne rien dire... Ainsi, mon enfance durant avant que d’être sauvé par la S.P.A, je croyais avoir été victime de mauvais traitements, ce qui je vous l’assure n’était déjà pas une sinécure. Que nenni.Cela ne suffisait sans doute pas, puisqu’il aura fallu qu’il s’agisse à présent de MALTRAITANCE, ce qui parait tout de suite beaucoup plus grave !

... Voila un mot tout nouveau tout beau, poussé il y a peu comme un champignon dans les médias. Tout prêt à rentrer dans le dictionnaire à la mode avec la cohorte des keuf, teuf meuf ... qui permettent au premier dealer venu de battre Bernard Pivot et Maître Capello au scrabble. Je ne suis pas académicien, pas même académichien, mais je
ne vois dans ce mot de journaliste que maltraitance...
du vocabulaire !

Mais le pénible ne s’arrête pas là, pour mes oreilles
sensibles de teckel. Le pénible ? !, que dis-je ? ...
Suis-je bête ! Je voulais parler bien sûr de la PENIBILITE, vous aurez corrigé de vous même si vous écoutez régulièrement les journaux télévisés. La pénibilité se propage comme une grippe dans les avis autorisés...

La pénibilité, c’est à mon avis surtout de devoir entendre
des mots pareils... Il est vrai qu’avec une telle surenchère, la vie semble prendre un sel nouveau aux yeux du
commun ! Je courais hier aveuglément sur la trace des chats de gouttière, je m’éclaire aujourd’hui sur leur TRACABILITE...

Ca ne m’avance à rien, je ne cours pas plus vite... mais ça fait plus sérieux ! Je serais curieux de remonter la traçabilité de ce mot inepte, pour savoir quelle poule belge a un jour de brain storming pondu cette coquille vide !

Si c’est ça, le progrès... Tenez, il y avait encore hier
du danger pour moi à croiser un pittbull un soir au coin
du bois. Mais ce n’était pourtant rien : il y a dorénavant
de la DANGEROSITE ! Reconnaissez que l’on tremble aussitôt deux fois plus. Ce qui n’est cependant que peu de chose comparée à la TERRORISATION dont nous gratifièrent les infos l’autre jeudi... Ma terreur n’a quant à moi pas de cesse, quand je réalise la dangerosité de telles dérives.

Comment exprimer en quelques mots bien sentis mon agacement... ? Je les connais, ces mots, ils existent et font de toute éternité la saveur de notre belle langue, parfois verte comme nos campagnes. Mais je suis un toutou
poli... Je laisse aux autres la malparlabilité. Et pour me rincer la bouche, il ne me reste plus qu’à faire avec Volvic le plein de VOLCANICITE !

Le seul volcanisme des sources d’Auvergne ne réussissant sans doute plus à étancher notre soif de mots merdeux, même s’il qualifierait assez bien l’éruption de la sainte colère qui me prend lorsque ces néologismes inutiles et prétentieux viennent agresser mon tympan délicat jusqu’à me provoquer une irruption cutanée.

Cette avant-dernière phrase étant pour nous l’occasion de réviser l’exact emploi d’éruption et d’irruption, mais je doute malheureusement que le présentateur de J.T concerné par cette remarque soit un jour suffisamment informé pour lire Le Mague.