Doutes sur le vaccin contre la grippe A/H1N1

Doutes sur le vaccin contre la grippe A/H1N1

Les groupes de pression s’inquiètent auprès des autorités américaines d’éventuels effets secondaires du vaccin contre la grippe porcine qui doit être administré à l’automne.

Les membres de la Food and Drug Administration américaine se sont réunis la semaine dernière pour discuter du nouveau vaccin contre la grippe porcine, appelée officiellement A/H1N1. De vives critiques se sont élevées contre la vaccination, non seulement pendant la conférence, mais surtout pendant le déjeuner.

La même histoire s’est produite mercredi lors d’une réunion des experts en charge de décider quel laboratoire aura la faveur de l’administration des États-Unis, alors que les laboratoires pharmaceutiques sont dans la dernière ligne droite pour produire un vaccin, le contrôler et distribuer toutes les doses en l’espace de quelques semaines.

Vicky Debold, infirmière certifiée du National Vaccine Information Center, remet en cause la sécurité apportée par le nouveau vaccin, et elle est également membre du comité consultatif en matière de prévention contre les maladies infectieuses. Le fondateur du groupe, Barbara Loe Fisher, a posé des questions très dérangeantes pendant cette réunion.

Lyn Redwood, président de SafeMinds, un cénacle d’experts qui se penche sur un lien potentiel entre le mercure et les désordres neurologiques, a lui aussi fait part de ses réserves au cours de la réunion. Le gouvernement fédéral des Etats-Unis se révèle d’ailleurs plus enclin qu’il ne l’a jamais été pour écouter les interrogations, les critiques et les préventions contre les vaccins, au terme d’une évolution de plus de 30 ans dans la pratique de la vaccination de masse.

"Nous savons que certains sont peu disposés pour vacciner et ils ont prêté l’oreille à une information pertinente", fait valoir le Dr Anne Schuchat, des US Centers for Disease Control and Prevention, devant des journalistes américains dans la soirée de mercredi. Les problèmes abordés sont les suivants :


- Un vaccin contre un virus tel que celui du porc va-t-il provoquer des réactions plus néfastes qu’un vaccin de la grippe saisonnière ?
- Ses additifs spécifiques, présentés comme des adjuvants, provoquent-ils des réactions ?
- Sa formule comporte-t-elle du thimérosal, un conservateur à base de mercure, dont les critiques prétendent qu’il est la cause de troubles ?
- Est-il dangereux de vacciner en même temps contre la grippe saisonnière et la nouvelle grippe H1N1 ?

La grippe porcine H1N1 a essaimé dans le monde entier en quelques semaines, infectant des millions de personnes et tué plus de 800 d’entre elles, selon les statistiques officielles. Pour le moment considérée comme une pandémie "modérée" selon les normes de l’Organisation Mondiale de la Santé, cette affection pourrait empirer dans l’hémisphère nord avec le retour des températures fraîches, plus propices à la propagation du virus.

5 laboratoires sont en compétition pour obtenir le marché des États-Unis du vaccin contre le virus H1N1 de la grippe : la filiale australienne de CSL Ltd, MedImmune d’AstraZeneca, GlaxoSmithKline Plc, Novartis AG et Sanofi-Aventis SA. CSL a commencé les tests sur son vaccin avec des échantillons humains et les poursuivra le mois prochain aux États-Unis. Les National Institutes of Health vont comparer les vaccins avec et sans adjuvants, des ingrédients qui amplifient la réponse du système immunitaire au vaccin.

Des adjuvants sont employés dans les vaccins pour la grippe en Europe, mais pas aux États-Unis. Bien qu’il soit possible d’y obtenir une autorisation en cas de nécessité absolue, les officiels américains préfèrent pour le moment employer des vaccins dépourvus d’adjuvants. Des laboratoires, comme Glaxo se disent prêts à commencer la vaccination en Europe dès que les résultats des tests commenceront à émerger, fin septembre. D’autres ne le sont pas pour l’instant et contestent les délais.

À la FDA, le Dr Hector Izurieta déclare que l’agence a mis en place un réseau particulièrement étendu pour une évaluation post-marketing. "Si quelque chose se produit après la vaccination, on accusera le vaccin", a-t-il indiqué au cours de la réunion de la semaine dernière. "Il y aura beaucoup, beaucoup d’analyse au sujet de ce qui ce produirait, ou pas, en lien avec la vaccination" ! Les experts et les professionnels de santé se souviennent de la dernière campagne de vaccination contre la grippe en 1976, la maladie n’ayant finalement pas été constatée ailleurs que dans l’enceinte d’une base militaire.

Plusieurs centaines de cas d’une affection neurologique rare et paralysante, la maladie de Guillain-Barre, ont été rapportés ensuite et bien qu’aucun lien formel n’ait jamais été trouvé avec le vaccin. Le problème a rendu un grand nombre de gens méfiant en ce qui concerne les immunisations. Plus récemment, les craintes se portent sur thimérosal, accusé d’engendrer l’autisme, et le produit incriminé a été retiré de la plupart des vaccins administrés aux États-Unis.

Au lieu de combattre les préventions, le Dr Anne Schuchat propose que les CDC les prennent en compte. "Il y aura des formulations exemptes de thimérosal pour ces personnes intéressées par cette sorte de préparation", a-t-elle indiqué.