Docteur Charlize et Monster Theron

Docteur Charlize et Monster Theron

« Monster » n’est pas un bon film, c’est un très bon téléfilm filmé sans relief par une Patty Jenkins qui permet pourtant à la sublime Charlize Théron, devenue monstrueuse, une performance d’actrice époustouflante, unique et rare.

Non « Monster » n’est pas une histoire glauque de lesbiennes dans une Amérique rongée par la misère sexuelle, l’alcool et la pauvreté des sentiments, c’est bel et bien une Histoire d’amour crue, vraie et fausse à la fois, passionnelle, terrible, sanguinaire, pleine d’absolu et de souffrance en camaïeux noirs et roses.
Ce film hyper réaliste sans effets de style et sa réalisation minimaliste font la part belle aux actrices. Charlize Théron et Christina Ricci s’en donnent à cœur joie dans ce road movie entre des hôtels miteux et des appartements sinistrés par la mort qui rode aussi.

Au-delà de toute contingence sexuelle, « Monster » raconte la rencontre de deux femmes que tout oppose, unies dans le malheur ou la joie éphémère. La grande blonde bien charpentée et la petite brune qui se cherche et ne se trouve que dans le mensonge, la tromperie et la lâcheté.
Pour survivre, les deux femmes se masculinisent, se fourvoient, entre possession et dépossession, elles perdront tout et surtout l’Amour à ce jeu pervers des illusions perdues.

Portrait sans complaisance d’une Amérique en perdition de sens, coincée entre puritanisme et envie de rébellion, ce destin croisé, cette réunion improbable de deux solitudes prend aux tripes et on a de l’affection pour la plus pute des deux, qui est en fait la moins salope.

Charlize Théron avec ce film, qu’elle a co-produit, atteint le Panthéon des très grandes actrices mondiales, capable de se travestir et de s’enlaidir pour mieux incarner le véritable visage de l’Amérique, la déchéance, la violence et le désœuvrement d’une nation en quête d’identité.
Vilain petit canard, horrible reflet de sa dégénérescence programmée, l’Amérique tue sa beauté brisée, pétrifiée sur une chaise électrique comme pour s’empêcher de voir le monstre qu’elle a créé de toute pièce.

« Monster » de Patty Jenkins, en salles.

« Monster » de Patty Jenkins, en salles.