Ségolène Royal reçoit un colis piégé à domicile

Ségolène Royal reçoit un colis piégé à domicile

Ségolène Royal a reçu une lettre de menaces accompagnée d’un projectile de gros calibre. Juste avant de partir en vacances, ce courrier explicite est une véritable bombe au moment où la rivale de Martine Aubry s’emploie à modérer les tentatives de déstabilisation du PS.

"Je ne veux pas ajouter à la cacophonie du Parti socialiste", avait écrit l’élue picto-charentaise aux sympathisants de Désirs d’Avenir jeudi, en leur souhaitant un bon été et leur donnant "rendez-vous à la rentrée, en grande forme" pour reprendre le combat politique. Une lettre de menaces lui est parvenue au Conseil régional de Poitou-Charentes qu’elle préside.

Après Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Christine Albanel ou Michèle Alliot-Marie, Ségolène Royal a reçu à son tour des menaces par voie épistolaire, a affirmé aujourd’hui son avocat, Jean-Pierre Mignard. Qui veut la peau de Ségolène Royal ? On se souvient des missives ainsi envoyées aux élus de la majorité présidentielle, y compris au pauvre Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, plus que jamais contraint à l’exil et au silence politiques après sa défaite aux législatives de juin 2007. Ces lettres anonymes de menaces avaient fait grand bruit cet hiver, déclenchant d’ailleurs une arrestation qui a fait long feu.

"Un texte d’insultes et de menaces, saisi sur un ordinateur, un photomontage, plusieurs articles de presse consacrés à l’élue socialiste et une balle de gros calibre, du 38 ou du 44 mm", détaille samedi matin La Nouvelle République. L’enveloppe a été personnellement adressée à Ségolène Royal, ajoute l’Agence France-Presse un peu plus tard dans une dépêche confirmant les informations du quotidien régional. "Le cabinet de Mme Royal m’a informé qu’une lettre de menaces et une balle de gros calibre, lui avaient été adressées hier au Conseil régional", a déclaré Me Jean-Pierre Mignard dans un communiqué adressé vendredi à l’agence.

Les précédents ont essentiellement visé des élus ou des ministres proches de Nicolas Sarkozy, mais ils proviendraient tous du midi de la France. Les investigations de la police n’ont rien donné de concret, et les enquêteurs se demandent toujours qui se cache derrière la mystérieuse Cellule 34 à l’origine de ces plis piégés. Les lettres sont effectivement visé pour un certain nombre d’entre elles des personnalités politiques su Sud-Ouest, mais plutôt classées à droite. La question demeure de savoir si cette nouvelle affaire est en lien avec les précédentes ou si elle constitue un acte isolé.

L’autre interrogation consiste en la réalité des menaces qui pèsent sur Ségolène Royal. La candidate à l’élection présidentielle de 2007 a su tout au long de sa carrière utiliser les médias à son profit. Ceux-ci ont ainsi été alertés par deux cambriolages au domicile de Boulogne-Billancourt de la présidente de la région Poitou-Charentes, dans les Hauts-de-Seine. Peu de gens ont accordé foi à ces déclarations et se sont demandé s’il ne s’agissait pas pour cette femme politique habile de feindre la victimisation pour stigmatiser le mainmise de son concurrent Nicolas Sarkozy à la tête de l’État sur les procédures judiciaires. Une jeune femme originaire de l’ex-Yougoslavie a été interpellée en Suisse en mai 2009.

Cette jeune femme pourrait être l’auteur de l’un, ou des trois cambriolages réalisés au domicile de Ségolène Royal, en juillet et en août 2006 et plus récemment en juin 2008. Me Jean-Pierre Mignard, son avocat, ne laisse pas de s’étonner du manque de diligence de la police française, et se demande si le pouvoir en place n’instrumentalise pas ces faits-divers pour discréditer une femme politique de premier plan. L’affaire est aujourd’hui un peu différente, mais il n’est pas exclu qu’elle s’inscrive dans un contexte de déstabilisation au centre des dissensions qui s’expriment au sein du Parti Socialiste.

En ce cas, ces menaces épistolaires pourraient n’être qu’une blague de mauvais goût, destinée à jeter le discrédit sur l’influence de la parole de l’élue picto-charentaise dans un contexte de purges au sein même d’un parti sur lequel Ségolène Royal ne parvient pas à mettre la main, et qui se révèle toujours aussi peu enclin à succomber à sa séduction. Le projectile envoyé à cette femme très enviée par toute une classe politique a-t-il la fonction qu’on lui prête au premier abord ? Ségolène Royal, bien que fille d’un militaire de carrière, est-elle à même de faire la distinction entre une balle de calibre 38 et une autre de calibre 44 ? Le MAGue, toujours sur les bons coups, vous propose une autre analyse.