L’armée condamne la vidéo du soldat capturé

L'armée condamne la vidéo du soldat capturé

L’armée américaine a dénoncé dimanche la diffusion d’une vidéo montrant un de ses hommes capturé en Afghanistan, et décrit ces images comme de la propagande talibane violant le droit international.

La vidéo montre Bowe Bergdahl habillé d’un vêtement traditionnel afghan, incité par ses ravisseurs en anglais à suggérer à ses concitoyens de faire pression sur leur gouvernement pour un retrait des troupes américaines d’Afghanistan. L’armée américaine a confirmé l’identité de son personnel, originaire de l’Idaho, qui sert dans le 1er bataillon du 501ème régiment d’infanterie parachutiste. Sa plaque est brandie à dessein devant la caméra.

"Nous condamnons l’utilisation de ce visuel et l’humiliation publique des prisonniers", déclare le colonel Greg Julian, porte-parole de l’US Army. "C’est contre le droit international". Les militaires ont distribué des tracts à la population cette semaine en espérant localiser leur personnel manquant depuis la fin juin grâce à des témoignages. "Nous faisons tout qui est en notre pouvoir pour ramener ce soldat en sécurité".

Un autre porte-parole de l’armée, le capitaine Elizabeth Matthias, a dit que c’était le premier cas dont elle a connaissance d’un membre des forces armées des États-Unis tombé aux mains de l’ennemi en Afghanistan, bien qu’il y ait eu des cas semblables en Irak. Dans cette vidéo, dont des extraits sont diffusés sur YouTube, Bowe Bergdahl apparaît la tête rasée et une barbe naissante, vêtu à l’afghane d’un long habit de couleur grise.

Il semble être en bonne santé, il est complaisamment montré se régalant de thé, de pain et de riz. "J’ai peur", reconnaît-il devant la caméra. "J’ai peur de ne pas pouvoir rentrer à la maison, c’est vraiment dur d’être prisonnier". Après quelques plans où on le voit manger, il explique : "J’ai mon amie qui voudrait se marier, j’ai ma grand-mère et mes grands-pères, J’ai une très, très belle famille que j’aimerais revoir de retour à la maison en Amérique". Une voix l’interrompt derrière la caméra : "Oublie-les" !

Bowe Bergdahl continue : "Ils me manquent tous les jours depuis que je suis parti, ils me manquent et j’ai peur de ne jamais les revoir et de ne jamais pouvoir leur dire que je les aime encore, je ne pourrai plus jamais les embrasser"… Une voix sollicite encore une intervention de sa part : "Pas de message pour tes proches" ? Le soldat répond : "Oui, à mes concitoyens américains qui aiment l’un des leurs ici, qui savent ce que c’est de manquer à quelqu’un : vous avez le pouvoir de faire que notre gouvernement les ramène à la maison".

Le porte-parole Greg Julian déclare que Washington ne donnerait pas satisfaction aux demandes des ravisseurs : "Ils veulent au fond que nous rentrions aux États-Unis, ce n’est tout simplement pas possible", fait-il valoir. "Nous sommes ici pour soutenir le gouvernement afghan à améliorer la sécurité et nous resterons tant que les Afghans le souhaitent". Les cas manquants de soldats américains ont été rares pendant les campagnes en Irak et en Afghanistan.

En Irak, 3 soldats ont été capturés par des insurgés après un échange de tirs en 2007 dans un secteur au sud de Bagdad, appelé le triangle de la mort. L’un a été tué peu de temps après sa capture, tandis que les deux autres ont été retrouvés morts presque 2 mois après. En 2005, le Navy Seal Marcus Luttrell a été sauvé après avoir été retenus par des villageois afghans pendant cinq jours. Il est le seul survivant d’une patrouille de 4 hommes attirée dans un guet-apens. 16 hommes des forces spéciales sont décédés quand leur hélicoptère a été descendu au cours d’une opération de sauvetage ratée.

Zabihullah Mujahid, un porte-parole taliban joint au téléphone par l’agence Reuters, a donné l’adresse d’un autre site Internet de partage où la vidéo est complète et prouve le bon état de santé du prisonnier. "Il va bien et il est en bonne santé comme vous pouvez le voir sur l’enregistrement". Mawlavi Sangin, un commandant taliban de la province de Paktika, le secteur du sud-est de l’Afghanistan où le soldat a été porté manquant, a déclaré jeudi que ses hommes tenaient le soldat et le tueraient si l’armée s’avisait d’essayer d’aller le chercher.