Pousser la chansonnette avec Jugnot

Pousser la chansonnette avec Jugnot

Le chant choral, c’est tout ce que je déteste. Ca me rappelle ma mère et son association régionale de mémères qui s’ennuient et qui se retrouvent deux fois par semaine depuis quinze ans pour s’égosiller la glotte avec « Le petit pont de bois », « Prendre un enfant par la main » et autres chansons populaires ringardes.

Pourtant j’ai été enthousiasmé par « Les choristes » de Christophe Barratier, ému, comme rarement au Cinéma, par plusieurs scènes de ce film musical, poétique et historique, pantois devant le casting, séduit dans son ensemble par l’ambiance, le scénario et le jeu de la plupart des acteurs.

Jacques Perrin a eu la main heureuse en produisant un tel petit bijou d’intelligence champêtre et confirme après chaque film son talent d’accoucheur de talents.

Gérard Jugnot y est un grand acteur, généreux, mature, touchant, oscillant sans cesse entre le rire et la larme, sorte d’adolescent attardé entre deux ages qui ne vibre en secret que pour l’instrument musical. Il porte le film avec sa dégaine de français moyen, d’artiste raté mais sans désespérance, sans aigreur ni méchanceté.

Plus que plausible dans son rôle de pion sur le retour, il offre aux choristes une composition tendre et surannée d’un adulte pas fini qui chercherait à faire perdurer plus longtemps que prévu les jeux de l’enfance. Incapable d’être aimé par la femme de ses rêves, il se console en devenant le père, le frère, le Pygmalion modeste et discret d’une trompe de gamins à problèmes et cela fait mouche. Crâne d’obus fait l’effet d’une bombe bienfaisante dans ce collège privé de campagne.

« Les choristes », c’est l’émotion juste, le tact à chaque raccord de plan sans facilités ni démagogie. Le tout porté par un travail admirable sur le son et l’orchestration enregistré à Sofia. Souci du détail, non complaisance et une brochette d’enfants à tronche tous plus convaincants les uns que les autres.
Kad de chez « Kad est Olivier » est épatant en professeur rigide d’une autre époque stigmatisant son leitmotiv « Action/Réaction » comme personne. François Berléand quant à lui est un peu léger dans son interprétation mais ne parvient pas à desservir le film par son manque de travail et c’est tout ce qui compte.

Il faut aller écouter les choristes à l’orée du bois joli, défendre ce type de cinéma qui parvient à nous emmener dans une autre dimension de la perception sensitive et intellectuelle. Un film dans la plus pure tradition française d’un registre qu’on croyait gangrener par l’industrie de la bobine. Une partition sans aucune fausse note.

Les choristes de christophe Barratier, en salles.


Le site officiel du film

Les choristes de christophe Barratier, en salles.


Le site officiel du film