Pas de pitié pour Youssouf Fofana !

Pas de pitié pour Youssouf Fofana !

Après plus de deux mois d’audience à huis clos, la cour d’assises de Paris doit rendre un verdict dans la soirée pour le procès de 27 personnes jugées pour l’enlèvement et l’assassinat du jeune juif Ilan Halimi en 2006, et décider de condamner à la prison à vie le chef du "gang des barbares", Youssouf Fofana.

La réclusion à perpétuité, assortie d’une période de sûreté incompressible de 22 ans, la plus forte peine prévue par la loi, a été requise par l’accusation contre Youssouf Fofana, 28 ans, chef présumé du "gang des barbares" de Bagneux (Hauts-de-Seine). La sanction ne fait aucun doute, tant l’horreur des supplices infligés au jeune vendeur de téléphones portables a choqué l’opinion publique, et le caractère antisémite de l’agression renforce un sentiment de répulsion à l’égard des auteurs d’un crime abominable, et plus particulièrement leur chef, ou plutôt leur mentor, Youssouf Fofana.

Le 28 mai, il a reconnu pour la première fois avoir tué Ilan Halimi. Aucun avocat n’a plaidé pour lui, Youssouf Fofana les ayant révoqués les uns après les autres, et, dans ses derniers mots, il a déclaré qu’"Il vaut mieux vivre comme un lion une journée que comme un mouton pendant cent jours". Depuis le début du procès, Youssouf Fofana a lancé en pleine audience "Allah akhbar" (Dieu est grand), a fait des déclarations antisémites, a jeté ses chaussures sur les parties civiles et a renvoyé tous ses avocats.

Enlevé le 20 janvier 2006 à Sceaux (Hauts-de-Seine), où il avait été attiré dans un guet-apens par une jeune fille servant d’appât, Ilan Halimi a été détenu nu, aveuglé et entravé durant 24 jours dans un logement, puis dans une cave d’un immeuble de Bagneux. Après de vaines négociations autour d’une demande de rançon avec sa famille, qui avait prévenu la police, il a été tondu, poignardé et brûlé à l’essence, puis laissé pour mort dans l’Essonne près d’une gare RER. Le pauvre homme est décédé au cours de son transport à l’hôpital.

Les plus grands ténors du barreau ont été requis pour l’occasion, et ils rivalisent d’éloquence pour masquer le malaise que l’affaire du "gang des barbares" renvoie à la société française comme dans un miroir sa propre incapacité à gérer correctement l’intégration d’une immigration de masse, à se vouloir terre d’accueil et de fraternité en interdisant à quiconque la moindre chance de s’immiscer dans les rouages trop bien grippés d’une société enfermée dans ses certitudes.

Loin d’être une simple coïncidence, le verdict attendu doit être prononcé alors que dans la banlieue stéphanoise éclate une nouvelle flambée de violences urbaines, suite au suicide présumé lundi d’un jeune homme de 21 ans, Mohamed Benmouna, dans un commissariat d’une ville de 18.000 habitant, Firminy. L’affaire du "gang des barbares" est elle aussi un épisode du drame et du désespoir des banlieues, et son chef, Youssouf Fofana, le pur produit de l’échec de l’intégration à la française. Dépourvu de culture et de tout professionnalisme, il a l’étoffe d’un leader, mais il n’a rien à sa disposition pour mettre à profit tout talent.

L’équipée sauvage du "gang des barbares" s’est donc résolue dans l’horreur et l’ignominie… Leur affaire n’est pas bien différente de celle de "L’Appât", ce film de fiction de Bertrand Tavernier qui date de 1995. À cette époque, Jacques Chirac se faisait fort d’en finir avec "la fracture sociale", et 10 ans plus tard, la fiction devient réalité ! Ne doutons pas que si Youssouf Fofana s’était engagé dans les rangs salafistes, ces musulmans qui nous font peur parce qu’ils n’hésitent pas à se jeter dans la foule avant de faire exploser leur ceinture d’explosifs, son destin eût été tout autre.

Le procureur Philippe Bilger, l’avocat Francis Szpiner, tous les chiens de garde d’une population qui serre les fesses à la vue de sa propre pusillanimité sont là pour faire un sort à Youssouf Fofana. L’accusé assume la responsabilité entière du crime pour décharger les autres membres de son "gang"… "Logique sur Fofana, l’avocat général est ensuite tombé dans son piège qui consiste à se poser en bouclier des autres accusés en ne requérant pas des peines à la hauteur de leur crime", s’indigne Me Szpiner à l’issue du réquisitoire.

Ce juriste habile, ancien adhérent au Front des Etudiants Juifs, mouvement étudiant proche du Bétar, fut de tous les affrontements violents contre les gauchistes pro-palestiniens. Ses amis de l’époque lui reconnaissent la même dextérité au nunchaku et avec les chausse-trappes du droit… Quant à Philippe Bilger, son fait de gloire fut la condamnation de Christian Didier, l’assassin frappadingue de René Bousquet, conscience noire de François Mitterrand. Que peut demander Youssouf Fofana face à ces hommes-là ?

Il a déclaré préférer "vivre comme un lion une journée" au moins, mais va croupir dans les geôles françaises. "Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul", a conclu pour "L’Étranger" Albert Camus, "il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine". Et Youssouf Fofana n’y aura même pas droit !

 

 


La banlieue est trop grande et son centre étriqué,
Trop juste en son corset qui le rend remarquable,
Mais dans les faits la ville en devient implacable
Pour brouiller tous ces gens dans du préfabriqué.

Nous voulons le progrès et nous l’avons manqué
Quand l’existence, hélas, est tout sauf applicable
Dans son principe où pour ne plus péter de câble,
Mieux vaut avoir le sens des mots plutôt bloqué !

Tasser l’humain dans tout espace est peu valable,
S’il est grégaire, il n’est vraiment pas contrôlable
Et tout le monde en plus d’un chef devient toqué.

Tant d’additions de gens et nous serons minables,
Au pied des murs un grand mal être est provoqué
Pour les pouvoirs qui sont un soir ingouvernables.