Le G8 se garde au chaud la question du climat

Le G8 se garde au chaud la question du climat

Comme prévu, le sommet du G8 s’est ouvert mercredi à L’Aquila, en Italie, par des discussions sur les moyens d’enrayer le réchauffement climatique, point de convergence s’il en est, des principaux dirigeants de la planète.

La veille, l’ancien vice-président des États-Unis et prix Nobel Al Gore a réitéré les avertissements dont il est devenu coutumier en ce qui concerne la menace climatique. Il intervenait en Angleterre dans le cadre d’une conférence à la prestigieuse université d’Oxford. La sensibilisation du public à propos de la "catastrophe" du changement climatique n’est pas assez forte pour donner aux politiciens d’agir, a-t-il déclaré. Son discours s’est articulé dans la perspective de la conférence de Copenhague qui doit se tenir au mois de décembre, mais ses propos ont forcément un retentissement certain à la veille du sommet du Groupe des Huit à L’Aquila.

L’homme, qui a partagé le prix Nobel en 2007 pour sa campagne en faveur du développement durable, pressent que les politiciens ne s’attelleront vraiment à cet enjeu majeur que dans la mesure où les gens qui les élisent leur forcent la main. Les discussions sur le climat ont quant à elle essuyé un premier revers au G8, puisque le projet de déclaration ne fait pas mention d’un objectif de réduction de moitié des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.

Les électeurs doivent dire à leurs dirigeants qu’ils doivent avoir les problèmes environnementaux au cœur de leur action politique, alors que les nations devront s’accorder à la fin de l’année sur un projet commun destiné à enrayer le réchauffement climatique sous l’égide des Nations Unies au Danemark. "La seule façon d’en obtenir un est d’amener les hommes politiques à agir dans chacun des pays", a déclaré Al Gore dans un discours, "et la seule d’y parvenir est d’élever les consciences au niveau de les pousser à cette nécessité".

"Nous pouvons sanctionner nos politiciens pour n’en avoir pas fait assez, de se compromettre, et de ne pas être actifs, en leur signalant cette menace existentielle", ajoute le vice-président de Bill Clinton, "Et la raison pour laquelle ils ne font rien réside dans un niveau de conscience et du souci des populations insuffisant pour dépasser le seuil de tolérance des dirigeants politiques". Les pays se réunissent dans la capitale danoise en décembre pour négocier les moyens de parvenir à limiter le changement climatique.

Les scientifiques signalent que le réchauffement de la planète a lieu à un rythme plus rapide qu’ils ne l’ont pensé auparavant et les conséquences en seront l’augmentation des maladies, des inondations, des températures extrêmes et des mauvaises récoltes. Les entretiens préparatoires sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre ont trébuché sur l’opposition des pays riches et des nations pauvres, qui soulignent leur faible contribution au réchauffement global, et combien de telles mesures vont les pénaliser.

Le Forum des économies majeures (FEM), groupe de 17 pays comptant pour 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, constitué à l’initiative du président américain Barack Obama pour lutter contre le changement climatique, se heurtent aux refus de la Chine et de l’Inde. Le départ du président Hu Jintao, qui a quitté l’Italie en raison des émeutes dans la province du Xinjiang, est susceptible de freiner encore les discussions sur le climat, marquées par un désaccord profond entre le G8 et les pays émergents.

Ces derniers ne souhaitent pas assumer dans l’immédiat une pollution qu’ils imputent aux puissances industrielles. Avant le départ de Hu Jintao, Silvio Berlusconi, hôte du sommet, avait fait état de sa "résistance" sur ce dossier. Pour Cindy Baxter, de Greenpeace, les dirigeants du G8 ont "réduit les ambitions climatiques", de mauvais augure avant la conférence de Copenhague, censée accoucher en décembre prochain d’un successeur au protocole de Kyoto, qui date de 1997.

Pour autant, Al Gore estime qu’il existe des signes d’optimisme dans la perspective des entretiens. La Chine, les États-Unis et l’Australie ont accompli des progrès sur la question, la jeunesse se rend compte de plus en plus des dangers de l’inaction et les pays possèdent la technologie requise pour remédier au problème. "Nous avons les outils à notre disposition pour résoudre trois crises climatiques", a prétendu Al Gore au cous de son intervention mardi à une conférence sur le climat à l’université d’Oxford. "Nous devons seulement résoudre un" ! Une efficience énergétique accrue et l’utilisation plus importante des énergies renouvelables aideront à réduire les émissions des centrales thermiques.

Mais seules des ressources géothermiques pourraient répondre aux besoins énergétiques du monde pendant les 30.000 années à venir, selon le prix Nobel Al Gore. Les projets géothermiques supposent de forer des puits très profonds dans le sous-sol dans le but de capter la vapeur ou l’eau chaude nécessaires pour faire tourner des turbines génératrices. L’arrêt du déboisement, la construction de bâtiments plus efficaces et l’optimisation des réseaux de transport par rapport aux combustibles fossiles favoriseront également la réduction des gaz à effet de serre.

Au G8 comme un peu partout ailleurs, les habitudes ont la vie dure, et le changement climatique est plus rapide que celui des mentalités. 5 militants alternatifs ont fait l’objet mercredi matin d’une arrestation musclée par les carabiniers après s’être exposés pendant une heure et demie environ sur la place d’Espagne à Rome, en effectuant un strip-tease. Au-dessus de leurs têtes, était déployée une banderole avec l’inscription : "Keep the climate cool", pour que Silvio Berlusconi puisse continuer à s’habiller avec élégance !