Action et produits Carrefour donnent la chiasse

Action et produits Carrefour donnent la chiasse

La récession frappe même les plus forts. Un ambitieux plan d’économies sur trois ans pourrait permettre à la chaîne de supermarchés Carrefour d’économiser 4 milliards d’euros et demi pour se refaire une santé financière. Un actionnaire indisposé a fait part le 25 juin dernier à l’assemblée générale du groupe des conséquences de telles mesures sur la qualité des produits mis en vente dans les rayons des magasins.

Le groupe français Carrefour accuse le coup dans une récession qui se fait d’autant plus sentir pour la vente au détail que les pouvoirs publics privilégient la relance par l’investissement au détriment de la consommation. La chaîne de supermarchés a dit prévoir une baisse de 15% de son résultat opérationnel avant éléments non courants entre 2,7 et 2,8 milliards d’euros en 2009.

Carrefour est très exposé aux marchés européens défaillants et au moindre d’enthousiasme pour les produits hors alimentaire, qui lui fait craindre un troisième avertissement sur les bénéfices en 12 mois, à cause d’un mouvement général de réduction des prix, auquel il a du mal à répondre. Les analystes financiers sont circonspects sur la capacité de l’équipe dirigeante, avec Lars Olofsson à sa tête, à réagir à la crise, JP Morgan estimant que le directeur général et son équipe "finiront par réussir", mais pas avant 2012.

Pour Nicolas Champ cité par l’agence Reuters, il "est beaucoup trop tôt pour jouer la reprise" car, dit-il, il est difficile à ce stade de mesurer l’impact final de la réduction de coûts sur les comptes du groupe dans la mesure où celui-ci n’a pas chiffré les investissements tarifaires qui devraient être réalisés parallèlement. En cause notamment, une politique tarifaire peu lisible et parfois considérée à leur désavantage par les clients, qui s’orientent de plus en plus vers les enseignes de hard-discount.

Le groupe, qui emploie environ 490.000 personnes dans plus de 15.000 magasins situés dans 30 pays différents, souhaite réduire les coûts de 2,1 milliards d’euros d’ici 2012 et sauver 1 milliard d’euros en améliorant les limites d’acquisition sur ses principaux marchés européens de France, d’Espagne, de Belgique et d’Italie. Il prévoit également de sauver 1.4 milliard d’euros en réduisant les périodes d’inventaire d’une semaine.

Des mesures orientées exclusivement vers la chasse aux coûts d’exploitation au détriment d’une politique commerciale adaptée passe mal chez les actionnaires, réunis en assemblée générale le 25 juin 2009. L’un d’eux se plaint des carences en matière de contrôle de qualité (voir la vidéo), au point de se trouver malade : "J’ai acheté dans ce magasin des fraises à 1 euro la barquette de 500 grammes, qui viennent d’Espagne… J’ai eu la chiasse" ! L’intervenant détaille les dysfonctionnements qu’il a constaté en faisant ses courses, pour conclure "Vous ne contrôlez rien".

"L’équipe dirigeante paraît avoir perdu toute confiance en ses compétences pour la vente au détail des produits hors alimentaire, suggérant une réduction des surfaces, et probablement à laisser aux spécialistes le soin de répondre à la menace du commerce électronique", prétend une source anonyme citée par Reuters, soulignant que le groupe n’a pas plus développé de plan de conversion pour ses affaires en Belgique.

"Un décalage culturel est évident chez Carrefour et les gains potentiels de productivité sont tellement nécessaires que nous croyons que la les actionnaires devraient continuer à soutenir les chances d’un véritable rétablissement", présente Matthew Taylor chez UBS, qui estime une augmentation du bénéfice d’exploitation de l’ordre de 1,1 milliard d’euros en 2012. Résultat, l’action Casino est passée devant, et celle de Tesco offre de meilleures perspectives de croissance, avec un bon dynamisme dans les marchés internationaux et les services financiers.