Vers une mise à mort du roi dollar au G8

Vers une mise à mort du roi dollar au G8

La Chine, la Russie et le Brésil mettront le sommet italien du G8 cette semaine à profit pour négocier une solution de rechange au dollar comme devise universelle dans les échanges mondiaux et en tant que monnaie de réserve dans le monde.

Pour les chefs d’État et de gouvernement des nations riches du Groupe des Huit et ceux des principales puissances émergeantes qui se réunissent à partir de mercredi pour trois jours, tout semble indiquer une focalisation des discussions sur le rôle de la monnaie américaine dans les échanges commerciaux internationaux, tout comme l’absence d’un point de vue commun dans le compte-rendu du sommet.

Toutefois, la Russie et le Brésil ont répondu aux appels du pied de la Chine pour que la question de la monnaie de référence dans les échanges internationaux soit prise en compte par les dirigeants de la planète au cours du G8. Arkady Dvorkovich, éminence grise du Kremlin, a fait d’ores et déjà savoir que la Chine et la Russie "montreront leurs point de vue selon lequel le système de devise mondial a besoin doit connaître une évolution harmonieuse".

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva déclare de son côté qu’il éprouve de l’intérêt pour explorer "la possibilité de nouvelles relations commerciales non dépendantes du dollar", l’Inde ayant indiqué de même qu’elle est ouverte à une telle discussion. Mais les autres membres du G8, l’Allemagne, la France et le Canada ne ressentent pas la même urgence à faire évoluer le système d’échange mondial. L’Élysée a déjà fait savoir que le G8 n’était généralement pas le lieu "où se discutent les taux de change".

Le ministre des finances allemand Peer Steinbrueck a déclaré lundi que le dollar devait demeurer la monnaie de réserve pour tout le monde, en dépit du yuan chinois et de l’euro, qui gagnent petit à petit de la crédibilité. Le débat est très polémique sur les marchés financiers, car ils sont circonspects quant à la valeur réelle de leurs actifs américains. La Chine et d’autres nations souhaitant une évolution évitent de jouer le dollar à la baisse, de peur de faire capoter tout le système. Le président brésilien indiquant essentielle une évolution sur "des décennies".

La Chine, qui détient officiellement jusqu’à 70% des 1,95 milliards de milliards de dollars en devises de réserve en dollars, souligne que cette devise est toujours la monnaie de réserve la plus importante. Mais elle estime qu’une trop grande confiance dans le dollar a aggravé la crise financière, et souhaite que les Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du Fonds Monétaire International (FMI), calculés sur un panier des devises, comme alternative viable pour l’avenir.

Cette volonté de faire évoluer un système qui date de l’immédiat après-guerre est partagé par un certain nombre de personnes influentes, comme de simples citoyens actifs appartenant aux nations occidentales. La police italienne a arrêté 5 ressortissants français avec des barres à mine et des bâtons dans leur voiture, et a dispersé des petits groupes d’étudiants contestataires au cours d’échauffourées avec les forces de l’ordre à Rome et à L’Aquila. Les consignes de sécurité sont renforcées pour éviter une répétition des violences qui ont troublé le G8 de Gênes en 2001.

Le Pape Benoît XVI a publié un communiqué invitant les chefs d’État et de gouvernement à imposer des règles drastiques au système financier. Dans son encyclique, il a réclamé "une véritable autorité politique mondiale". Les entretiens de G8 s’ouvrent avec un examen de la crise économique. L’Italie Silvio Berlusconi est désireux d’insuffler de l’optimisme, bien que sa crédibilité en tant que chef de gouvernement soit minée par une affaire de mœurs.

Un communiqué préparatoire au G8 de Rome a suggéré que le G8 et le G5 acceptent de conclure le Protocole de Doha pour clore en 2010 les négociations commerciales. Lancé en 2001 pour aider les pays pauvres à se développer grâce au commerce international, Doha a trébuché sur des propositions pour baisser les droits de douane et les subventions commerciales.

Un seul point de discussion semble d’ores et déjà acquis au premier G8 présidé jeudi par Barack Obama au cours des 17 entretiens principaux du forum sur l’économie. Un accord pour limiter le réchauffement climatique mondial à 2 degrés Celsius serait un progrès principal depuis que l’Inde et la Chine ont jusqu’ici refusé un tel objectif à l’horizon 2050.