Les mauvais comptes du transport aérien

Les mauvais comptes du transport aérien

La compagnie Yemenia est montrée du doigt en raison de ses déficiences en matière de sécurité. Mais Yemenia est aussi le seul transporteur aérien à exploiter une ligne régulière avec les Comores. Problème : les coûts d’exploitation ont un retentissement sur la manière dont le service et la sécurité sont gérés par les compagnies.

Le secteur du transport aérien mondial a perdu plus de 3 milliards de dollars au premier trimestre de 2009, indique l’Association des Transports Aériens Internationaux (AITA) mardi dernier dans un communiqué de presse. Son évaluation se monte à 9 milliards de dollars pour l’ensemble de l’année. L’association dont le siège est à Genève, précise qu’une plus faible demande en voyages et des volumes de fret inférieurs depuis la crise mondiale ont grevé les revenus des transporteurs les plus importants, dans "une détérioration significative l’année dernière".

"Cette détérioration est la conséquence de la récente augmentation des prix du carburant", explique l’AITA, signalant qu’une augmentation de 30% du prix de pétrole et du carburant pour réacteurs depuis début mai implique de serrer les marges des compagnies aériennes dans les mois à venir. Le pétrole et les prix du carburant pour réacteurs ont augmenté de presque 20 dollars le baril en deux mois, et sont maintenant 75% plus chers que leur plus bas niveau à la fin 2008. Air France aurait présenté mardi un durcissement de son plan de baisse de capacités aux syndicats.

Si "les lignes aériennes n’ont pas ont encore ressenti tout l’impact de cette élévation de prix du pétrole", l’association n’a pas l’intention de réviser ses prévisions de pertes à 9 milliards de dollars, consécutifs à celle de 10,4 milliards de dollars en 2008. L’AITA, qui représente plus de 200 compagnies à travers le monde, reconnaît que les transporteurs essaient de diminuer le nombre de leurs vols dans le but d’optimiser les coûts pendant la période de récession, mais ne parviennent pas à harmoniser leur capacité par rapport à une moindre demande en transports aériens.

Compagnies inscrites sur la liste noire de l’Union Européenne

Les principales compagnies aériennes ont par ailleurs recherché des opérations de fusion et d’acquisition pour réaliser des économies d’échelle et à se protéger d’une faiblesse structurelle du marché en attendant l’embellie dans l’économie mondiale. Air France-KLM ne prévoit pas de renouer avec une croissance rentable avant 2011 ou 2012, a-t-on lu jeudi dans le quotidien économique La Tribune, qui cite des sources internes à la compagnie aérienne franco-néerlandaise.

"Air France-KLM ne constate aucune amélioration de sa situation économique", révèle l’article du journal. "Au contraire. Les trafics passagers et de fret continuent de chuter. Les recettes encore plus", souligne le quotidien. Selon l’organe de presse, qui évoque des "sources concordantes", le chiffre d’affaires de mai, non communiqué lors du conseil d’administration du 17 juin, fait état d’une baisse de 18% pour l’activité passagers et entre 35% et 38% pour le fret.

Delta Air Lines a avalé l’année dernière Northwest Airlines pour créer la plus grande compagnie au monde, tandis que les transporteurs européens ont également consolidé leurs positions, Deutsche Lufthansa acceptant d’acheter Austrian Airlines et Air France-KLM prenant des participations chez Alitalia. British Airways, qui a soulevé récemment une polémique au sujet de la demande faite à ses salariés d’abandonner un mois de salaire, est en négociations pour fusionner avec Iberia, et Singapore Airlines signale qu’elle étudie des dossiers d’acquisition en Chine et en Inde.