Barack Obama lance les hostilités en Afghanistan

Barack Obama lance les hostilités en Afghanistan

Des milliers de soldats des US Marines ont lancé un assaut en profondeur à l’intérieur du territoire taliban. C’est la plus grande offensive militaire depuis le début de la présidence de Barack Obama.

L’offensive est baptisée Khanjar Operation, soit "à bas les glaives" en pachtoune… Elle est considérée comme décisive et doit investir complètement le cours inférieur de la Helmand River, centre de l’insurrection talibane et principale zone au monde pour la production de l’opium. En occupant la vallée au cours d’un raid, l’état-major américain espère réaliser en quelques heures ce qu’il n’a pu faire pendant plusieurs années, et renverser le cours d’une guerre interrompue avant l’élection présidentielle qui doit avoir lieu au mois d’août en Afghanistan.

"L’intention est d’aller au plus grand, au plus fort et au plus vite", explique le général de brigade Larry Nicholson, commandant des US Marines dans le sud de l’Afghanistan, "et ce faisant, nous sauverons des vies des deux côtés" ! Avec une violence talibane à son plus haut depuis le renversement du gouvernement islamiste radical en 2001, cette opération est le premier test de grande ampleur de la nouvelle stratégie de Washington pour détruire l’insurrection des talibans et de leurs alliés, et pour stabiliser l’Afghanistan.

Avec une nouvelle stratégie guerrière faite pour vaincre en dépit de la population afghane et des nouveaux dirigeants en place, les militaires américains espèrent renverser le cours d’une guerre que beaucoup, à Washington ont admis qu’ils ne pourront plus la gagner. Il y a des milliers de combattants talibans regroupés dans leurs bastions traditionnels de Helmand et Kandahar, tout proches, depuis lesquels l’insurrection s’est propagée ces derniers mois. À cause d’un moins grand nombre d’embuscades, les talibans vont peut-être battre en retraite…

Mais "des milliers de moudjahidin talibans sont prêts à lutter contre les forces armées des États-Unis dans cette offensive de la province de Helmand", contredit le mollah Hayat Khan, un des principaux chefs talibans d’Afghanistan. Le premier lieutenant Abe Sipe, porte-parole à la base militaire principale de Helmand, présente que les Marines américains n’ont pas subi d’accrochage sérieux depuis le début de l’après midi. Le commandant taliban a indiqué dans un communiqué ultérieur qu’un de leurs combattants avait été tué et deux autres blessés.

En revanche, et reprenant les propos de leur porte-parole Qari Mohammad Yousouf, il précise que "11 soldats étrangers ont été tués ou blessés". Plusieurs vagues d’assaut des soldats d’infanterie de marine ont été débarquées par hélicoptère dans toute la vallée dans l’obscurité du début de la matinée, sur une bande de terre où les champs d’opium et de blé sont cultivés en alternance, séparés par de petits canaux et des hameaux de maisons de briques sèches. Des combattants insurgés y ont défié les forces de l’OTAN pendant des années…

Arpentant le secteur à bord de convois blindés, les soldats américains de l’US Marines ont investi les lieux pour occuper les champs des deux côtés du fleuve avant le lever du soleil. D’autres se sont dirigés vers une zone stérile appelée le Désert de la Mort. Environ 4.000 personnels ont participé à cette offensive sur le terrain et des milliers d’hommes supplémentaires pour les aider dans une des plus grandes opérations des forces armées étrangères depuis le retrait soviétique de 1989.

Les Marines espèrent jouer sur l’effet de surprise et de surnombre pour prendre certains des bastions les mieux défendus des talibans, avec un minimum de résistance. Les places qui sont au centre du mouvement taliban tomberont. Elles tomberont rapidement. Et si tout va bien, elles tomberont sans faire feu. C’est en tout cas notre intention, explique Larry Nicholson. En plus des 10.000 Marines dans la province de Helmand, 8.500 sont arrivés les deux mois précédents pour former la plus grande vague d’assaut d’une offensive décidée par Barack Obama. Le nouveau président des États-Unis a conçu l’insurrection taliban en Afghanistan et au Pakistan voisin comme la principale menace aux forces américaines.

Sous ses ordres, les troupes d’occupation des États-Unis en Afghanistan a plus que doublé pour s’élever à 68.000 hommes à la fin de cette année, en contrepartie du retrait du territoire irakien. Les autres pays occidentaux de la coalition ont envoyé à peu près 33.000 soldats en Afghanistan. Jusqu’à présent, les troupes britanniques stationnées dans la province de Helmand ne se sont pas trouvées suffisamment nombreuses pour tenir le terrain et à dû battre en retraite après de durs affrontements.

De grandes parties du territoire de Helmand sont hors contrôle du gouvernement afghan, elles produisent la plus grande partie de la récolte de l’opium en Afghanistan, qui constitue 90% de l’héroïne vendue dans le monde. La production d’opium est étroitement liée à l’insurrection talibane, et les islamistes se sont bien placés dans le commerce d’opium, jusqu’au plus haut niveau du pouvoir afghan.