Retour aux nationalisations en Grande-Bretagne

Retour aux nationalisations en Grande-Bretagne

Le gouvernement de Grande-Bretagne a retiré mercredi à la compagnie de chemin de fer National Express l’exploitation de son service principal sur la côte est de l’Angleterre, et a lancé une offre publique d’achat auprès d’autres concessions en déficit.

Le ministre des transports lord Adonis veut mettre en œuvre un organisme public pour assurer l’itinéraire en déficit de la ligne de chemin de fer Londres-Edimbourg, renommée pour ses trains rapides Flying Scotsman, et a remis en cause le statut de National Express, en tant que compagnie de chemin de fer privée. Les changements, accompagnés de la démission du directeur exécutif Richard Bowker, interviennent avant que les ressources accordées pour couvrir les pertes de la compagnie arrivent à leur terme à la fin de l’année, et en l’absence de tout plan de redressement financier.

Au cours d’un accord négocié par Richard Bowker, National Express acceptait de payer en 2007 1,4 milliard de livres sterling pour une concession de 8 ans, mais l’entreprise a rapidement été frappée par la récession, consécutive à la stagnation du nombre de ses passagers. L’action National Express, qui exploite également des lignes de chemin de fer et d’autobus en Grande-Bretagne, en Amérique du Nord et en Espagne, s’est révélée 8,2% inférieure à son cours précédent de 284 pence. La société vient de rejeter une offre publique d’achat de sa rivale FirstGroup lundi.

Ce nouveau passage du privé au public intervient pour la deuxième fois en trois ans sur cette ligne, car l’opérateur privé GNER a déjà dû jeter l’éponge en 2007 en ce qui concerne l’exploitation de la concession de chemin de fer. "Je présume qu’avec l’expérience professionnelle dont National Express a fait montre aujourd’hui, elle aura de grandes difficultés pour persévérer dans cette voie", a regretté lord Adonis. Le ministre ajoute qu’il étudie la possibilité de retirer à la compagnie l’exploitation du réseau de banlieue Londres-East Anglia, en dépit des récriminations de National Express.

Selon les informations émises par la BBC, National Express a offert de payer plus de 100 millions de livres pour conserver sa concession de la côte est sur une base consensuelle. Le ministre a refusé de commenter l’information à la radio, qu’il qualifie de "spéculations sans fondement". Un expert du secteur prétend que la tendance est à la nationalisation de l’ensemble du réseau de chemins de fer britanniques. "Nous nous apercevons qu’il y a peu d’alternative et considérons que la privatisation du rail a échoué", explique Howard Wheeldon en appelant la nationalisation de ses vœux : "Le plus tôt sera le mieux".

Douglas McNeill, courtier spécialisé dans les affaires de transport, estime que la perte de sa concession prive National Express de son service le plus important, et que la compagnie est promise à un démantèlement rapide. "National Express est certainement sur cette voie. Il lui manque un manager et concède qu’elle considère toutes les options y compris d’achat". Richard Bowker envisage l’exploitation de nouvelles lignes de chemin de fer, notamment dans les Émirats Arabes Unis.

National Express a dû aussi faire face à un endettement d’un milliard de livres sterling, mais les a disjoint de l’exploitation de la ligne de la côte est dans ses comptes. "Le groupe lui-même a réduit sa dette et n’a pas de problèmes financiers", présente la compagnie dans un communiqué de presse. Les experts s’attendent à ce qu’elle lance dans une procédure judiciaire à la fin de l’année, ce qu’elle n’a pas démenti.

National Express fait valoir que les résultats de la ligne de chemin de fer de la côte est pèseront sur les bénéfices du premier semestre, et que la concession accuserait une perte de 20 millions de livres. Au moment où l’ensemble des pays du continent européens s’apprêtent à suivre l’exemple de la dérégulation à la britannique, la Grande-Bretagne s’oriente à nouveau vers une exploitation publique du rail !