Pas de triomphalisme cependant à la permanence du Front National à Hénin-Beaumont. Le téléphone portable de Steeve Briois coupe au moment où le correspondant du journal Le MAGue se présente pour recueillir une déclaration… Pas très sympa. Mais ça se passe comme ça au Front National : la paranoïa du piège médiatique joue à plein.

Pour autant, les responsables du parti d’extrême droite sont à la fête, forts d’avoir recueilli plus de voix que ne leur ont accordés les sondages : les premiers résultats donnent 38% des voix à la liste emmenée par Marine Le Pen et Steeve Briois, contre 20% à celle de l’Union de la Gauche et du Centre et 18% à la liste divers gauche de Daniel Duquenne. On les imagine sabler le champagne !

Les deux candidats d’extrême droite se sont plaints dans les derniers jours de campagne d’attaques diffamatoires de la part des soutiens de Daniel Duquenne et de Pierre Ferrari : "Une lamentable surenchère qui prouve bien que Duquenne et Ferrari sont les enfants du système Darchicourt-Dalongeville", font-ils savoir dans un communiqué. Dès le milieu de l’après-midi dimanche, ils savaient pourtant que l’éparpillement des voix républicaines allait jouer en leur faveur.

Ce ne sont pas moins de 5 listes de gauche qui sont présentes, parmi lesquelles on retrouve d’anciens socialistes. Selon un dernier sondage réalisé pour La Voix du Nord, la liste de l’Union de la Gauche et du Centre, menée par Pierre Ferrari, n’arrive que loin derrière avec 19%. Menée par le jeune homme de 27 ans, elle rassemble le PS, le MoDem et les communistes. La liste divers gauche de Daniel Duquenne est créditée de 18% des intentions de votes, score qu’elle avait réalisé en 2008. Les Verts, où là aussi on retrouve un socialiste, Pierre Darchicourt, ancien maire PS, sont crédités de 10%.

La perspective d’une triangulaire paraît donc se préciser, tout à l’avantage de Marine Le Pen et Steeve Briois. Les socialistes ont semble-t-il envie de jeter l’éponge après une gestion catastrophique à Hénin-Beaumont, et se faire oublier quelques temps après la mise en examen de Gérard Dalongeville. En mars 2008, il avait été réélu au deuxième tour dans une triangulaire avec 51,94% des voix, devant la liste FN (28,83%) et celle de Daniel Duquenne (19,23%). Mais aujourd’hui, rien ne va plus : les habitants en ont assez de voir leur municipalité dispendieuse des deniers publics alors que la ville subit un taux de chômage de 19%.

En arrachant la mairie de Hénin-Beaumont, le Front National aurait l’occasion de revenir sur le devant de la scène politique, et placer un caillou dans la chaussure de Nicolas Sarkozy, comme ils l’ont fait à Vitrolles en 1997 dans celui de Jacques Chirac… qui a finalement su s’en débarrasser en 2002 avec un art consommé de la politique ! Les cadres du Front National ont insisté sur la division et la faiblesse de leurs adversaires, et se sont montrés confiants sur l’issue de l’élection : "On croyait, qu’avec l’incarcération de Dalongeville, les méthodes déloyales allaient cesser".

La liste du Front National, conduite par Steeve Briois et Marine Le Pen, obtient 39,34% des suffrages au premier tour de la municipale partielle d’Hénin-Beaumont, après dépouillement de la totalité des bulletins de vote. Le candidat divers gauche Daniel Duquenne arrive en deuxième position avec 20,19% des suffrages, devant le socialiste Pierre Ferrari, soutenu par les communistes et le MoDem (17,01%).

Il semble bien que les candidats d’un système qu’ils dénoncent aient inconsciemment préparé une voie royale à Marine Le Pen et Steeve Briois sur le terrain d’Hénin-Beaumont. De toute façon, les moyens manquent pour redresser la barre dans cette ville qui croule sous un endettement faramineux. Pourquoi se battre pour cette commune ? Le Front National y perdra tout ce qu’il espère y gagner. Un second tour aura lieu le 5 juillet.