Un mollah réclame la mort pour les émeutiers

Un mollah réclame la mort pour les émeutiers

Un membre éminent du clergé chiite iranien a réclamé vendredi la peine de mort pour les principaux émeutiers afin de donner une leçon aux dizaines de milliers de jeunes gens qui manifestent depuis 15 jours contre le résultat de l’élection présidentielle.

La haute assemblée du régime des mollahs en Iran, le Conseil des Gardiens, affirme n’avoir trouvé aucune irrégularité significative et de nature à invalider l’élection de Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin dernier. Il la considère comme le scrutin le plus honorable depuis la révolution islamique de 1979, et que 10% des urnes ont été recomptées. C’est la raison pour laquelle il a rejeté l’appel de l’ancien Premier ministre modéré Mir Hossein Mousavi pour l’annulation du scrutin, fort surpris de se voir déclassé en deuxième position, avec un tel écart de voix.

"Je réclame la justice", a déclaré Ahmad Khatami à une assemblée de fanatiques à l’université de Téhéran, "pour punir avec fermeté les principaux émeutiers sans montrer la moindre pitié afin de leur donner à chacun une leçon" ! La télévision officielle iranienne a signalé jeudi que 8 miliciens bassidji ont été battus à mort par des émeutiers au cours des manifestations. Les médias officiels ont dès avant averti que 20 personnes avaient trouvé la mort dans les cortèges.

Les autorités iraniennes ont fait porter à Mir Hossein Mousavi la responsabilité des troubles, les plus importants depuis la révolution islamique de 1979. Lui, estime que c’est au pouvoir de supporter cet opprobre. Ahmad Khatami, membre de l’Assemblée des Experts, a expliqué que des sanctions judiciaires doivent s’appliquer aux principaux émeutiers, de la même façon qu’elles sanctionnent les mohareb, et tous ceux qui se dressent contre Dieu.

"Ils devraient être punis impitoyablement et sauvagement", a-t-il fait valoir. En vertu de la loi islamique en Iran, la punition pour des personnes condamnées comme mohareb est la peine capitale. Par ailleurs, il a certifié que Neda, la jeune femme qui a trouvé la mort samedi dans les échauffourées, a été tuée par des adversaires du gouvernement légal pour faire de la propagande : "En regardant la vidéo, n’importe quelle personne avisée peut comprendre que ce sont les émeutiers l’ont tuée" !

Les partisans de Mir Hossein Mousavi ont prévu d’envoyer des milliers de ballons avec le message : "Neda restera toujours dans nos cœurs", en mémoire de cette victime innocente des heurts violents qui se sont produits depuis presque deux semaines dans les rues de Téhéran. Mais d’après des observateurs, il n’y a eu aucun signe d’un lâcher de ballons vendredi après-midi dans le ciel iranien. De nombreux rapports de presse et sur Internet, de même que le quotidien britannique The Times, citant le Dr Arash Hejazi, certifient que cette étudiante en musicologie a été abattue par un milicien, alors qu’elle sortait d’un véhicule pris dans les encombrements.

Les autorités ont multiplié les avertissements, les arrestations et les menaces de répression policière à l’occasion de nouvelles manifestations de rues à Téhéran. Depuis samedi, semblent seulement se former de petits rassemblements dispersés avec des gaz lacrymogènes et des coups de bâton. Mir Hossein Mousavi s’est déclaré déterminé à contester les résultats de l’élection en dépit de pressions pour l’inciter à rentrer dans le rang.

Il a invité ses partisans à continuer à participer aux manifestations autorisées, mais les tensions font craindre de nouvelles violences.