"Home" de Yann Arthus-Bertrand est un échec

"Home" de Yann Arthus-Bertrand est un échec

La coïncidence de la diffusion du film de Yann Arthus-Bertrand n’en finit pas d’alimenter la polémique, mais son auteur a balayé les attaques en assumant son engagement écologiste dès le lendemain d’un scrutin où les voix de gauche ont été dispersées.

François Bayrou et Martine Aubry ont conservé un certain ressentiment envers Yann Arthus-Bertrand, à cause du film-événement diffusé à deux jours des élections européennes, non seulement en France, mais dans l’Europe entière… Ils ont eu le bon goût ne n’en rien faire accroire, mais les coups pleuvent dans la presse à propos de l’opportunité d’un tel spectacle au moment d’une telle échéance.

Le Monde a publié lundi l’article de Sophie Landrin, affirmant que Jean-Louis Borloo a fait pression sur les préfets, afin qu’ils assurent la promotion du film dans les salles et auprès des fonctionnaires, qui sont, rappelons-le, aussi des électeurs. L’information est cette fois mise en perspective, mais il était déjà paru dans la presse régionale les invitations faites aux agents de l’État d’assister à la projection de "Home" dans les cinémas de province.

Le ministère de l’écologie ne dément pas l’opération, mais se défend de toute arrière-pensée électoraliste : "Il n’y avait pas malice. En aucun cas, il ne s’agissait d’une instruction", écrit le quotidien vespéral en citant le conseiller en communication de Jean-Louis Borloo, Benoît Parayre. Le succès du film — 9 millions de téléspectateurs en France — a eu un impact qu’il est difficile de mettre en équation.

Pour Yann Arthus-Bertrand, la polémique est vaine : "Les gens se passionnent pour l’environnement et s’ils se passionnent ils vont voter pour des partis qui s’occupent d’environnement ; que tous les partis s’y mettent un peu plus et ils auront plus de voix" ! Une chose est sûre, fait remarquer Sophie Landrin, l’audience n’a pas été au rendez-vous ailleurs que sur le territoire français. N’est pas Al Gore qui veut, et même avec le soutien de François-Henri Pinault et de Luc Besson, Yann Arthus-Bertrand, avec 12 millions d’euros de budget, n’a pas réalisé un blockbuster.

Le fait est que le film n’apporte rien de plus à ce que tout le monde sait depuis un certain temps, et sa facture convenue et consensuelle n’apporte rien de neuf à ce que Yann Arthus-Bertrand a déjà produit. Il serait d’ailleurs intéressant de connaître le bilan carbone de cette œuvre réalisée en majeure partie depuis un hélicoptère dans 55 pays… Un petit tour sur YouTube suffit pour se rendre compte de l’énorme différence entre le nombre de vues de la version française et des versions dans d’autres langues.

À coup sûr, "Home" a été un coup promotionnel pour son auteur, qui a joué sur tous les tableaux : soutien financier de taille, maîtrise de la chaîne de production et de distribution, enjeu électoral… Mais force est de constater qu’en dépit de tous ses atouts, le film n’a pas réussi à mordre ailleurs que sur un public captif. Sauf si l’objectif de Yann Arthus-Bertrand n’était autre que la promotion des listes écologistes.

 

 


La cause est entendue et les gens sont d’accord
Pour mieux faire attention au sort de la planète
Et l’action à mener dès lors n’est pas très nette,
Comme il convient en plus d’établir un record !

La propagande émise est bien toujours raccord,
Mais la façon de faire a semblé moins honnête
Quand il leur sied de mettre au ban la devinette
Avant terme et pour jouir aussi d’un désaccord.

Nos élections n’ont pas de sens sans imposture,
Mais il manque un escroc pour payer la facture
Quand le compte est à terme après les illusions.

Tous les coups sont permis en toute autonomie
Car la nature est sans cœur pour les prévisions,
Mais l’assurance au jeu reste encore une amie !