Halte à la censure : libérez Joey Starr !

Halte à la censure : libérez Joey Starr !

À deux jours de la fête de la musique, le manager du groupe NTM a lancé un cri d’alarme : "On a les huit plus gros festivals français, belges et suisses qui attendent de savoir si on va éventuellement laisser sortir Joey pour les faire ou pas", a déclaré Sébastien Farran à la radio vendredi. En effet, le rappeur Joey Starr est enfermé dans les geôles de la république depuis la semaine dernière. Halte à la censure : libérez Joey Starr !

Condamné à deux ans de prison pour sa réaction disproportionnée à l’agression verbale dont a fait l’objet Joey Starr le 1er juin devant son domicile, le rappeur est à nouveau sous les verrous. Au-delà d’une simple altercation dans la rue, il faut voir dans ce jugement sévère du tribunal une invitation faite à se taire pour l’un des artistes les plus talentueux de sa génération, mais aussi le plus critique vis-à-vis du pouvoir en place. En effet, aucune blessure physique n’a été à déplorer au cours de l’incident.

Au Printemps de Bourges, Joey Starr s’est livré à une harangue très vive à l’encontre du gouvernement. Il a fait scander au public : "So, so, so, solidarité avec les sans-papiers" ! Cet événement a été rapporté par un quotidien vespéral toujours très respectueux des valeurs bourgeoises, afin d’attirer l’attention du public des ambassades et des ministères de l’imminence d’un danger national… Joey Starr en zonzon ? C’est la liberté d’expression qu’on assassine.

Rappelons que le rappeur, qui a fait scandale en ébranlant les valeurs morales de notre société endormie au moment où Jacques Chirac s’employait à mettre au pas une administration pourrie par quinze ans de socialisme, a reformé le groupe NTM l’année dernière. Ses dernières prises de position publiques ont attesté de sa verve et de son envie d’en découdre. À plusieurs reprises, les médias ont averti le grand public du retour en force de celui qui se plaît à se faire attribuer le titre de prof’ en sodomie verbale. Tremblez, braves gens !

Car Joey Starr est bien l’ennemi de la république… Le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy n’est pas le pusillanime François Bayrou. C’est lui ! Les tribunaux n’ont jamais manqué une occasion pour le réduire au silence… Le 13 février dernier, le rappeur a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à trois mois d’emprisonnement ferme et 2.000 euros d’amende pour violences. En 2003, il a pris un mois ferme pour avoir craché sur des gendarmes et, en février 2001, il a écopé de la même peine pour détention d’armes. Le 16 juin 1999, il a écopé de six mois de prison ferme devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour violences.

Le passé de Joey Starr parle pour lui, et ses intentions, en donnant de nouveau vie à NTM, sont claires pour le pouvoir en place. Tous les concerts qu’il s’apprêtait à donner pendant l’été allaient donner lieu à des appels à la révolte, ce que bien entendu, en ces temps de crise et d’instabilité politique (un nouveau remaniement ministériel est dans les tuyaux du gouvernement…), l’Élysée aurait trouvé fort malvenu. Pourtant, la place de Joey Starr n’est pas en prison, avec les préfets et les dirigeants de sociétés corrompus. La place de Joey Starr est parmi nous, devant nous, sur scène et haut les cœurs !

 

 


La musique est partout sauf en prison,
Elle illumine en bien des cas nos vies
Car nos passions ont pu être asservies
Sans jamais souhaiter d’autre horizon.

Un air frais souffle alors sur la cloison
Qui chute au son des punitions suivies,
Les ardeurs sont par ces œuvres ravies
Tant l’huis offre un outrage à la raison.

Le crime en ce bas monde est ordinaire
Et fait les frais du médiocre actionnaire
Qui souffre au fond d’un vide inassouvi.

La chanson de la geôle offre un mystère
Pour tous ceux qui n’ont pas vu le nervi
Nuire aux plaisirs de son travail austère.