Gays et lesbiennes aussi chez les animaux

Gays et lesbiennes aussi chez les animaux

Qu’il s’agisse d’orgies sexuelles ou de tendres attouchements, l’homosexualité joue un rôle social bien défini dans le règne animal.

Roy et Silo forment un couple incongru au zoo de Central Park à Manhattan. Ces deux pingouins mâles se frottent l’un contre l’autre, et font aussi l’amour ensemble… Pour sceller leur union, ils ont placé un petit caillou dans leur nid et se sont pris à le couver. Les employés du zoo leur ont alors donné un œuf véritable, et à leur grand étonnement, les deux pingouins s’en s’ont occupé comme s’il était le leur : 34 jours plus tard est né Tango. Les deux pères se sont alors mis à tour de rôle en quête de nourrir le bébé pingouin et à le réchauffer grâce à leur plumage.

Ce couple de pingouins homosexuels n’est pas une exception dans le règne animal. Des scientifiques ont observé des comportements homosexuels chez 450 espèces animales environ. Scarabées, chauves-souris, dauphins, moutons et singes préfèrent parfois s’accoupler entre partenaires de même sexe. Des dauphins femelles s’amusent ainsi à exécuter une sorte de danse masturbatoire où la nageuse qui se trouve au-dessous caresse et pénètre celle qui se trouve au-dessus avec l’aileron qui se trouve sur son dos.

Les singes Bonobo sont réputés pour les orgies sexuelles à auxquelles ils se livrent. Les singes sont presque tous bisexuels, la moitié environ de leurs étreintes ont lieu entre partenaires du même sexe. Il arrive que l’homosexualité joue clairement un rôle social identifiable chez des animaux. "L’amour entre partenaires du même sexe renforce les alliances", explique Paul Vasey, chercheur éthologue à l’université Lethbridge, au Canada : "il clarifie les questions de statut social et sert à se réconcilier après les disputes".

Si un groupe de Bonobo découvre une friandise particulièrement appétissante, il se rassemble pour des négociations où le sexe a une grande importance. C’est ainsi qu’une excitation générale se dissout à l’intérieur du groupe, et cède la place à la sérénité et au partage. Le sexe en groupe a donc pour vertu d’abaisser une excitation collective. Pour autant, un comportement est identifié chez quelques animaux, observés pour leur intérêt exclusif envers des partenaires du même sexe. Il demeure énigmatique.

Par exemple, 8% des moutons mâles d’un troupeau est exclusivement homosexuel. Ceux-là montent d’autres mâles et copulent entre eux. Charles Roselli, de l’Oregon Health&Science University, a découvert un singulier parallèle avec l’homosexualité masculine : une zone de l’hypothalamus, normalement plus petite chez les brebis, est également atrophiée chez ces mâles homosexuels. Un même caractère marquant dans la région de cerveau a été découvert par le neurobiologiste Simon LeVay chez des homosexuels du genre humain.

Les biologistes spécialistes de l’évolution consacrent de nombreuses études au sujet de l’homosexualité chez les animaux. Mais d’une façon générale, ils s’intéressent plus aux causes et trop peu après les conséquences des évolutions. Des vers à la grenouille jusqu’aux oiseaux, l’homosexualité est un caractère commun à toutes les espèces. C’est la conclusion d’une nouvelle étude récapitulative confirmant les observations déjà constatées.

Cette étude attire l’attention sur le fait que la structuration des comportements homosexuels peut être différente au sein de chaque espèce. Le chercheur Nathan Bailey, l’un des auteurs de l’étude et biologiste à l’université de Californie à Riverside cite un exemple : "Il est bien possible que des drosophiles mâles recherchent d’autres mâles, parce que leur manque un gène qui différencie les sexes". Mais d’un autre côté, les albatros lesbiennes forment un couple sur toute la longueur de leur vie et participent à l’éducation des jeunes engendrés par les autres membres du groupe.

La revue spécialisée Trends in Ecology & Evolution rapporte : Bien que beaucoup des observations particulières soient effectuées pour comprendre les origines évolutionnaires des comportements homosexuels, leurs conséquences dans un cadre évolutif ne sont pas prises en considération dans la presque totalité de l’étude. Des structurations de comportement telles que les parades nuptiales, les accouplements et l’éducation des petits pourraient s’être élabores comme une conséquence de la sélection naturelle. Mais Nathan Bailey prévient les insuffisances de telles considérations en ce qui concerne la sélection naturelle.

"Si nous nous référons à la sélection, nous éludons des phénomènes essentiels comme le temps, les températures ou les conditions géographiques. Mais nous devrions aussi prendre en considération les circonstances sociales dans une faune comme facteur sélectif. Les circonstances sociales sont modifiées radicalement par des structurations de comportement homosexuel. Par exemple, le fait que certains individus disparaissent simplement du groupe animal disponible pour l’accouplement".