Le crash du vol AF-447 expliqué par les morts

Le crash du vol AF-447 expliqué par les morts

Après analyse post-mortem, les corps repêchés livrent les premiers indices sur les causes de l’Airbus A330 d’Air France disparu dans l’Atlantique.

Selon les déclarations d’un vice-amiral brésilien, 6 autres dépouilles des passagers du vol AF-447 ont été repêchées ces derniers jours dans l’océan, ce qui porte à 50 le nombre des corps retrouvés après le naufrage de l’Airbus qui assurait le 1er juin la liaison entre Rio de Janeiro et la France, avait 228 personnes à bord, dont 72 Français.

Des premières analyses post-mortem des victimes suggèrent que l’avion s’est désintégré sans avoir au préalable explosé en vol. L’étude de 16 cadavres a montré que les passagers n’ont pas souffert de brûlures ou de fractures osseuses en grand nombre, écrit le journal brésilien O Estado de São Paulo. Par ailleurs, les corps ont été retrouvés dans un rayon de 85 kilomètres. Un tel phénomène n’aurait pu se produire si l’avion était tombé à l’eau entier. Selon le journal, les médecins légistes n’ont pas trouvé d’eau dans les poumons, ce qui signifie que les passagers ne sont pas morts noyés. Cette explication confirme sans en donner d’explication l’hypothèse émise par Le Figaro jeudi dernier.

Pendant que les recherches se poursuivent et les premiers indices commencent à livrer des hypothèses sur les causes de la catastrophe, un débat d’experts alimente les conjectures sur de nouvelles mesures à prendre dans le transport aérien. Quelques uns préconisent de mettre en œuvre par satellite un transfert permanent des données du vol. Le Bourget accueille en ce moment un salon aéronautique international qui offre l’occasion de faire le point, car beaucoup de pilotes ne souhaitent pas que soient transmis et stockés tous les bruits de cabine et les conversations entre les membres de l’équipage. Un tel système aurait en outre l’inconvénient de se révéler très coûteux.

Les familles endeuillées ne pourront pas compter sur des compensations qui se chiffreraient en millions, d’après une estimation d’un professeur spécialiste du droit du transport aérien : "ce que des avocats promettent dans les médias est peu réaliste". Un avocat anglais, James Healy-Pratt, se ferait fort de réclamer "1 million d’euro en moyenne par victime". Mais de telles exigences ne reposeraient sur aucune espèce de compétence en matière de droit du transport aérien, selon les dires des spécialistes. En général, signale un expert juridique, des sommes de l’ordre de 20.000 € sont tout au plus envisageables dans le cadre d’un tel accident. Mais cette catastrophe devrait déclencher une plus grande compassion de la part de la compagnie aérienne, en raison de son ampleur et du nombre des victimes. Selon Le Monde, les compagnies d’assurance seraient d’ores et déjà prêtes à payer 330 millions d’euros aux proches.

La famille de l’une des victimes françaises s’est constituée partie civile dans le cadre de l’information judiciaire ouverte à Paris pour avoir accès au dossier d’enquête. Son avocat a affirmé jeudi que "certaines familles de victimes avaient le sentiment que toute la vérité n’avait pas été dite" et "constatent un filtrage manifeste de l’information". Les familles aimeraient notamment avoir des explications sur le laps de temps de plus de deux heures entre le dernier message de l’avion et l’heure de l’alerte. Le syndicat UNSA-Aérien d’Air France lui a emboîté le pas "afin d’avoir accès à l’ensemble des pièces du dossier".

Toujours est-il que le transporteur aérien demeure très sensible aux thèses exposées dans la presse en ce qui concerne la disparition de l’Airbus du vol AF-447. Alors que, Le Figaro écrivait jeudi que le scénario d’une dislocation en vol de l’appareil avait une "probabilité un peu plus forte", Air France est monté au créneau en menaçant d’attaquer en justice les "articles irresponsables de ce genre". La compagnie aérienne française renvoie à "l’enquête officielle" du Bureau Enquêtes Accidents (BEA), lequel répète qu’il n’y a "encore aucun lien établi" entre les sondes et la catastrophe. Pour autant, une panne éventuelle des tubes de Pitot n’a pas plus pour conséquence de faire exploser l’avion qu’une autre avarie…

Un tel défaut désoriente l’équipage, qui s’il est pris dans la tourmente d’un phénomène météorologique de grande intensité, a très bien pu ne pas analyser correctement la situation, et prendre de mauvaises décisions dans un moment critique. Quant à la thèse de l’attentat terroriste, exposée d’un jour à l’autre en fonction de la capacité de la compagnie à répondre aux nouvelles questions posées par les spécialistes, elle s’évanouit dans les nuages.