Opinion publique partagée sur la gestion de la crise

Opinion publique partagée sur la gestion de la crise

Un sondage réalisé au niveau mondial par l’institut Ipsos et commandé par l’agence de presse Reuters aux États-Unis indique une grande disparité dans l’opinion qu’ont les gens des politiques publiques engagées pour combattre la crise économique, mais également une insatisfaction générale par rapport à leurs effets.

2/3 des personnes interrogées le mois dernier par sondage considèrent que les dépenses massives du gouvernement pour combattre les conséquences de la crise financière manquent vraiment de cohérence. Cette enquête Ipsos-Reuters concerne un échantillon de 23.000 personnes, consultées à partir du 14 avril jusqu’au 7 mai dans différents pays représentant 75% de l’économie globale est publiée mercredi aux États-Unis.

Le sondage a également constaté que 60% des personnes consultées dans les 23 pays choisis comme test estiment que les nouvelles mesures gouvernementales étoufferont la croissance économique au moment où elle sera de retour, et cette une opinion est particulièrement exprimée dans les grands pays émergents comme l’Inde et la Chine, en plus des États-Unis. Clifford Young, qui s’occupe des questions politiques mondiales au sein du cabinet d’études d’opinion et de sondage international, a retenu que cette tendance est contrastée par une majorité de personnes qui au contraire, attendent toujours plus d’engagement de la part des pouvoirs publics concernant le ralentissement de l’activité économique.

Il existe un embarras et un certain degré d’incertitude au sujet des actions gouvernementales, explique-t-il, en général le message est que nous souhaitons que les gouvernements fassent quelque chose, mais pas trop, et nous ne voulons pas retourner à l’âge de pierre. L’étude montre que 58% des personnes interrogées estiment que les Etats-Unis en ont fait assez pour revitaliser l’économie globale, 53% pense que l’union européenne doit s’engager plus fermement, et plus des 2/3 estime que la Chine n’en a pas fait assez.

Les avis sont partagés sur la nature des actions qui auraient dû être engagées, 54% des gens pensent que les gouvernements auraient dû limiter davantage les importations, alors que deux personnes sur trois s’inquiètent du retour au protectionnisme. Ipsos a interrogé un échantillon de personnes aux États-Unis, au Canada, au Brésil, au Mexique, en Argentine, en Corée du Sud, en Chine, au Japon, en Australie, en Inde, en Russie, en République tchèque, en Pologne, en Hongrie, en Turquie, en Suède, en Italie, aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne, en France, en Espagne et en Grande-Bretagne.

Clifford Young indique une certaine crainte de faire marche arrière en ce qui concerne les marchés émergents où l’éviction des pouvoirs publics du secteur privé a pris beaucoup de temps. C’est d’ailleurs en Inde, où 83% des gens pensent que plus de réglementation gouvernementale étouffera la croissance économique, que cette opinion est la plus vive, mais elle est également partagée par 72% des gens au Mexique et en Chine, 69% en Pologne, 66% en Turquie et 65% en Russie.

Aux États-Unis, où l’engagement du Trésor public a été le plus important dans le monde, où par exemple l’État s’apprête à prendre 60% du capital d’une société nouvelle General Motors, certes très allégée par rapport au monstre qu’elle est devenue avant sa faillite, où la Réserve fédérale a injecter des centaines de milliards de dollars dans le secteur financier, 60% des personnes interrogées sont plus circonspectes au sujet de l’augmentation des engagements publics. L’emploi et un accroissement du chômage apparaissent comme la conséquence première de la gestion de la crise par les gouvernements. 53% des personnes interrogées les présentent comme leur souci numéro un, ce qui représente une augmentation de 12% en 6 mois. 3/4 des gens reconnaissent avoir quelqu’un dans leur entourage, qui a perdu récemment son emploi.

Le sondage suggère un problème politique, montre que la question de l’emploi est à l’ordre du jour, fait valoir Clifford Young : la pression est grande sur les gouvernements, pour les inviter à réagir. Les personnes retenues dans l’échantillon ont été recrutées, puis évaluées sur Internet. Les résultats ont ensuite été pondérés selon l’âge, le sexe, la catégorie socio-professionnelle et le niveau d’éducation. La marge de l’erreur est de plus ou moins 3%, selon l’institut Ipsos.