Communication réussie pour Nicolas Sarkozy

Communication réussie pour Nicolas Sarkozy

La gestion des événements — provoqués ou subis — par le président de la République est particulièrement bien conduite, ce qui place le camp de Nicolas Sarkozy dans une excellente posture en vue du scrutin de dimanche.

Nous connaissions tous l’excellence de Nicolas Sarkozy en matière de communication. Nous sommes encore loin d’en estimer la maîtrise, au point que le chef de l’État s’est offert une semaine complète de promotion grand spectacle en soignant le moindre détail de la propagande gouvernementale. Il arrive à utiliser tous les temps forts de l’actualité à son profit, avant de finir une semaine cruciale en apothéose. L’art dont il fait montre pour organiser l’événement, sinon pour éviter de le subir, renforce sa crédibilité et sa légitimité.

L’abstention devrait être le grand gagnant des élections européennes, au point qu’elle aurait pu se révéler comme un camouflet adressé au chef de l’État. Elle caracole en tête dans les sondages, en passe de faire mentir ce candidat aux élections présidentielles de 2007 qui se faisait fort de réconcilier les Français avec la politique. Les idées de gauche apparaissent les plus à même de convenir au corps électoral, mais elles sont à ce point divisées que le parti de la majorité présidentielle (UMP) parvient à tirer son épingle du jeu et demeure la première force politique. Les socialistes se sont livrés à des attaques personnelles à l’égard du président de la République et se sont trompés de cible.

La droite a surmonté ses dissensions dans la campagne électorale, en les occultant savamment. En revanche, l’opposition dite de gouvernement n’a pas réussi à faire front commun entre les tenants et les détracteurs de la construction européenne. La communication du chef de l’État dans ce scrutin sans véritable enjeu national s’est dans le même temps révélée extrêmement bien faite. Nicolas Sarkozy s’est a d’abord occupé un terrain qui lui est familier, sur lequel il est très fort : la sécurité. Le thème a peu de rapport avec les questions européennes, mais il demeure dans son rôle, et laisse au parti qui le soutient tout le loisir d’aborder ces questions. Sa gesticulation, pour autant, ne fait pas l’unanimité.

Mais Nicolas Sarkozy s’est trouvé un allié de poids — au sens propre comme au figuré — en la personne du chef de gouvernement allemand : Angela Merkel. Tous deux taisent un réel besoin de marquer les élections européennes du 7 juin 2009 par un succès incontestable. Tous deux sont critiqués pour leur gestion de la crise, et tous deux révèlent un problème de légitimité, sinon de crédibilité à la charnière de leurs mandats respectifs. Une réunion publique a été organisée à Berlin, au centre géographique du territoire de l’union européenne, et ville symbole d’une Europe outragée par la barbarie nazie, puis réconciliée après un conflit extrêmement meurtrier. L’image est forte et le président de la République a l’occasion ainsi d’affirmer qu’il n’a aucun problème avec Angela Merkel ! Enfin, la tribune commune publiée par Le Journal du Dimanche et Welt am Sonntag ont malgré l’absence de propositions concrète, touché au but.

Tout n’est pas rose pour autant. Dans la nuit de lundi à mardi, le vol AF-447 ne répond plus. Les autorités sont très vite pessimistes sur le sort des 228 personnes à bord de l’Airbus d’Air France qui a disparu quelque part entre Rio de Janeiro et Dakar, la nuit au beau milieu de l’océan… Devant la catastrophe, Nicolas Sarkozy fait face et pour une fois, les services de l’État réalisent un sans faute dans leur communication. Pour la première fois depuis les temps immémoriaux, l’administration accepte de dire qu’elle ne sait pas, qu’elle n’a pas d’explication à donner au public suspendu à ses lèvres… Personne ne lui en veut et c’est bien normal. Dominique Bussereau et Jean-Louis Borloo, ministres dont c’est le domaine de compétence, se rendent à l’aéroport de Roissy. Pas François Fillon.

En effet, c’est le chef de l’État qui se présente au terminal et représente la consternation et la solidarité nationales devant la catastrophe aérienne. Il a parlé aux familles, qui ont montré des photos ; c’était un moment d’intense émotion, commente le secrétaire d’État aux Transports. Nicolas Sarkozy a écourté son week-end au Cap Nègre pour faire front et compatir à la douleur des familles dans l’épreuve. Il assiste cet après-midi à une cérémonie œcuménique en hommage aux disparus à Notre-Dame de Paris. Il se présente ainsi face à l’événement comme le président de tous les Français, ce que tous les citoyens lui sauront gré trois jours plus tard, lorsqu’ils seront confrontés au choix dans l’isoloir. Cela ne changera pas l’opinion politique de chacun d’eux, mais ils auraient pu lui reprocher d’avoir fait l’impasse sur un grand moment d’émotion national.

Mais un clou chasse l’autre, et le beau temps vient après la pluie… Une autre cérémonie est en vue, où Nicolas Sarkozy doit rejoindre Barack Obama pour célébrer une autre page d’histoire dramatique, le 65ème anniversaire du débarquement allié sur les plages normandes. Comme au soir du 6 juin 1944, l’espoir va l’emporter sur la douleur, sur l’épreuve et sur le deuil. Le prince Charles va représenter la reine d’Angleterre, évincée pour des raisons de politique intérieure outre-Manche. Et le lendemain du 6 juin 2009, Beaucoup de Français se rendront aux urnes avec en tête une certaine idée de la France. Bravo Nicolas Sarkozy !