Olympia condamné à l’Exil en Roumanie

Olympia condamné à l'Exil en Roumanie

Les chaussettes Olympia vont sans doute déposer le bilan dans les jours à venir, incapable de faire face à la récente condamnation dont elle a fait l’objet. En cause, le non-respect du droit qui contraint la direction à proposer un reclassement personnalisé aux salariés victimes de la délocalisation de l’entreprise.

Malmené par la concurrence des produits chinois, le fabricant de chaussettes Olympia décide à la fin de l’année 2005 de supprimer certaines activités à Romilly et de transférer la production vers sa filiale en Roumanie. Quelque 70 licenciements secs sont prononcés à l’encontre de personnes employées en France. 47 salariés ont contesté la décision devant les prud’hommes, estimant que leur employeur n’a pas tout mis en oeuvre pour les reclasser au sein du groupe.

L’affaire a fait grand bruit à la mi-mai, quand Olympia est condamné en appel à verser 2,5 millions d’euros aux plaignants. Quelques jours auparavant, une autre entreprise avait proposé de reclasser ses employés licenciés en Inde, au tarif local. Chez Olympia, la direction s’y était refusée, en plein accord avec le comité d’entreprise, considérant que de telles offres auraient été indignes, a déclaré alors Catherine Rambaud, présidente de la société. Info ou intox ?

Tout juste sortie d’une réunion mardi avec l’équipe de médiation du crédit, menée par René Ricol, l’entreprise auboise ne voit pas d’autre alternative que de déposer le bilan sous peu. Nous n’avons pas le premier sou pour régler cette somme, s’est désolée Catherine Rambaud à l’annonce du jugement de la cour d’appel de Reims… 2,5 millions d’euros est évidemment une somme difficile à trouver dans les délais de rigueur. Surtout en ces temps de crise !

À vrai dire, Olympia n’est plus que l’ombre de lui-même en France. Si Romilly-sur-Seine fut longtemps surnommée Romilly-les-Chaussettes c’est parce que l’histoire de la ville finit par se confondre avec celle de l’industrie de la maille, clame haut et fort le site Internet de l’entreprise, à peu près vide à ce jour. De 1.200 personnes dans les années quatre-vingt, elle emploie 296 personnes en ce moment, qui sont très remontées contre les 47 récalcitrants.

L’avocat des plaignants se retranche derrière les règles du droit et montre le cynisme patronal du doigt : dans cette affaire, il ne faut pas se tromper de coupable, tout cela est pathétique. Le dumping social, la libre concurrence faussée et l’ultralibéralisme, voilà les vraies raisons de cette faillite. Aujourd’hui à Romilly-sur-Seine, c’est devenu un désert industriel. Des marques de renom, comme Le Coq Sportif, Chantelle ou Barbara, y étaient installées. Mais les usines ont fermé les unes après les autres à cause de la concurrence internationale. 17% de la population active est sans emploi.

Les solutions pour permettre à l’entreprise de s’acquitter de sa dette sociale semblent donc à présent épuisées. Me Philippe Brun ne veut pas entendre parler d’arrangement à l’amiable : pour ce qui me concerne, il n’est pas question d’accorder un quelconque délai de paiement à Olympia. Mes clients se trouvent aujourd’hui dans une souffrance sociale et j’entends bien faire respecter ce jugement qui me paraît tout à fait légitime. Il ne faut pas se tromper de victimes. Dès le début, le préfet de l’Aube ne s’est pas montré rassurant : je vous le dis tout de suite, je ne vais pas utiliser l’argent du contribuable pour financer une décision de justice qui vous est défavorable, a-t-il déclaré le 20 mai aux salariés.

Les solutions envisagées pour tenter d’asseoir la marque dans le développement durable ont alors toutes été envisagées, sans succès. Une ouverture du capital, un rallongement des délais de la dette et, en dernier recours, le dépôt de bilan… L’entreprise est maintenant à la croisée des chemins, mais une chose apparaît désormais certaine, c’est que l’ensemble des salariés du site vont rester sur le bord de la route. Une question reste en suspens : fallait-il pour autant proposer un reclassement à 110 € par mois en Roumanie aux employés licenciés ? L’histoire est racontée dans sa version éthique, elle aurait pu l’être sous l’aspect de la négligence.

L’employeur sera tenu d’en proposer le bénéfice d’une convention de reclassement personnalisée à chaque salarié dont il envisage de prononcer le licenciement pour motif économique, sous peine d’être sanctionné en cas de non-respect de cette obligation. Après la rupture de son contrat de travail, le salarié bénéficie, selon la loi de programmation pour la cohésion sociale du 18 janvier 2005, d’actions d’orientation, d’évaluation des compétences professionnelles et de formation destinées à favoriser son reclassement. Il peut, pour la mise en œuvre de ces actions, utiliser le reliquat des droits qu’il a acquis à la date de la rupture de son contrat au titre du droit individuel à la formation. Une mesure dont les employeurs s’exonèrent assez facilement par les temps qui courent.

VOIR LE DROIT DE REPONSE DE LA SAS OLYMPIA à cet article

 

 


On connaissait déjà la fraude à la chaussette,
La voilà condamnée à prendre un autre élan,
Car l’entreprise est près d’un dépôt de bilan
Pour prétendre à briser le droit à la massette.

Devons-nous ici-bas nous émouvoir de cette
Affaire assez banale ainsi plusieurs fois l’an,
La confection roumaine est surtout ce brelan
Qui nous invite au mieux à casser la cassette.

Nos chers patrons vont fuir vers cet eldorado,
Les ateliers très loin sont leur nouveau credo
Et des consommateurs sont alors au chômage.

En Europe à présent, c’est fromage ou dessert,
Mais nos tribuns font en écho par leur ramage
Le vain chemin du pire en feignant de concert.