GM : Arrêt sur image de la légende automobile

GM : Arrêt sur image de la légende automobile

General Motors est en passe de réaliser la plus grande faillite de l’histoire industrielle des États-Unis, après l’échec d’une dernière proposition d’échange d’actions. Les pouvoirs publics allemands par ailleurs, grâce à d’intenses tractations sur la voie d’aboutir pour assurer la pérennité de la marque européenne Opel, ont donc levé le dernier obstacle à la mise sous tutelle du géant de l’automobile américaine. Retour en images sur une légende de l’automobile.

Le groupe General-Motors est né en 1908 de l’association de plusieurs firmes américaines : Oldsmobile, Buick, Cadillac et Oakland. Cet agglomérat devait pouvoir lutter contre l’emprise de Ford, qui devançait alors de très loin tous ses concurrents. Le groupe GM, après avoir absorbé Chevrolet en 1919, a créé dans les années vingt de nouvelles sous-marques : LaSalle pour Cadillac, Marquette pour Buick, Viking pour Oldsmobile, et Pontiac pour Oakland. La diversité semblait être le seul moyen de lutter contre Ford. Parmi ces nouvelles sous-marques, seule Pontiac a passé le cap des années quarante. Marquette et Viking ont disparu dès 1932, victimes de la grande dépression de 1929, tandis que LaSalle disparaît en 1941, peu avant l’entrée en guerre des USA contre le Japon. Proposée par Oakland à partir de 1926, Pontiac a réussi à surpasser les ventes de sa maison-mère, et dès 1932. Oakland s’éteint donc au profit de Pontiac.

Le groupe GM établit deux têtes de pont en Europe, en rachetant la firme britannique Vauxhall en 1925, et la firme allemande Opel en 1929. La firme suédoise Saab est acquise bien plus tard, en 1995. À la fin des années vingt, le groupe GM qui propose des modèles plus intéressants que les austères Ford, devient le premier constructeur des États-Unis. Cette prédominance va subsister jusqu’à nos jours. Le premier des Big Three impose un style à toute l’Amérique, sous l’égide de Harley Earl. Celui-ci invente les célèbres lignes pataudes, aux couleurs délirantes, munies d’ailerons démoniaques, de pare-chocs obus et de pare-brises panoramiques qui caractérisèrent les voitures américaines pendant toute une décennie… Ces voitures bourrées de chromes et atteintes de gigantisme furent les voitures de série les plus incroyables que l’on ait jamais vues. GM entraîne tous les autres groupes américains dans ce délire stylistique, et certaines firmes européennes ont cru bon de suivre le mouvement…

Au départ à la retraite de Earl à la fin des années cinquante, correspond une épuration du style des carrosseries américaines, non seulement à la GM, mais également au sein des autres firmes. La Chevrolet Corvair, première compacte de la GM, lancée en 1959, montre que la sagesse en matière de style est revenue à Detroit, après tant d’excès passés. Toutefois, la Corvair se différencie de ses concurrentes Ford Falcon et Plymouth Valiant, par son moteur situé à l’arrière, comme les VW Coccinelle et Renault Dauphine de cette époque. Cette originalité handicape malheureusement la carrière de la Corvair, dont le coup de grâce est donné par le célèbre avocat Ralph Nader qui juge la voiture dangereuse, si bien que Chevrolet doit se résoudre à sortir une nouvelle compacte en 1962, la Chevy II, dont le classicisme est cette fois porté à son paroxysme… La Chevy II pouvait de ce fait lutter à armes égales avec la Ford Falcon.

Le coup de maître de Earl demeure sans doute, outre la Buick LeSabre de 1951 qui annonce les lignes des futures GM, la Chevrolet Corvette lancée en 1953, dont les modèles se perpétuent encore de nos jours, et qui reste la seule vraie voiture de sport américaine. Parmi les modèles de la GM les plus marquants des années soixante et soixante-dix, durant lesquelles Bill Mitchell a pris la suite d’Harley Earl, on peut citer les coupés Buick Riviera (1963), Oldsmobile Toronado (1965), première traction avant de la GM, Cadillac Eldorado (1967). Les Chevrolet Camaro et Pontiac Firebird furent lancées en 1966 pour contrer les Ford Mustang et Mercury Cougar.

Les firmes Chevrolet et Pontiac ont connu leur apogée dans les années 1965-1970, Buick et Oldsmobile un peu plus tard, dans les années 1980-1985, Cadillac dans les années 1975-1980. Afin de lutter plus efficacement contre l’importation de plus en plus massive des voitures japonaises en Amérique du Nord, le groupe GM crée une nouvelle marque en 1990 : Saturn. Mais celle-ci prend en fait des parts de marché principalement sur Chevrolet…

En 1965, Chevrolet produisait plus de 2,5 millions de voitures. En 1996, moins d’un million. Oldsmobile et Buick ont produit chacun plus d’un million de voitures en 1985. En 1996, moins de 500.000. Pontiac produit alors 900.000 voitures en 1968. En 1996, moins de 600.000. Cadillac a produit près de 400.000 voitures en 1977. En 1996, moins de 200.000. Malgré tout, le groupe GM a résisté dans son ensemble tant bien que mal au développement des firmes japonaises, et demeure encore le premier constructeur mondial, grâce au nombre important de filiales dont il dispose dans le monde entier, mais cette suprématie est de plus en plus contestée par les autres constructeurs.

La tentative du groupe GM d’innover dans le domaine technique, comme le développement du diesel à la fin des années soixante-dix, du moteur rotatif dans les années quatre-vingt, ou du moteur électrique dans les années quatre-vingt-dix, s’est soldée par un échec retentissant. Le groupe américain avoir été contraint de suivre l’exemple japonais dans la voie du progrès technique et stylistique, est à présent au bord du gouffre.