Record de France : 4 Millions de Chômeurs fin Mai

Record de France : 4 Millions de Chômeurs fin Mai

Repoussant dans un bel ensemble toute exploitation du sensationnel, la presse a refusé de titrer sur le bilan de l’Unedic pour se borner à faire connaître une hausse de 639.000 chômeurs pour l’année 2009. Mais de plan social en fermeture de site, la France est bel et bien en passe d’établir un nouveau record avec le nombre de demandeurs d’emploi.

C’est beau comme l’antique et malheureusement, nous y sommes habitués depuis les chocs pétroliers de Valéry Giscard d’Estaing et Raymond Barre… Avec l’hypothèse d’une contraction de l’activité de 3% en 2009 conforme à la prévision gouvernementale, le nombre total de chômeurs, toutes catégories confondues, augmenterait ainsi de 639.000 sur l’année. Il était de 3.647.800 à la fin décembre 2008 et avait augmenté de 251.800 personnes à la fin mars pour atteindre 3.899.600. Le chômage, toutes catégories confondues, frapperait ainsi près de 4,3 millions de personnes à la fin de cette année, toujours selon l’Unedic.

Il est loin, le temps où Nicolas Sarkozy voulait remettre la valeur travail à l’honneur, où le slogan travailler plus pour gagner plus faisait frissonner l’échine des ouvriers aux mains calleuses et au verbe fort. Sur la seule journée de mardi 26 mai, près de 2.500 suppressions d’emplois au total ont été annoncées par quatre entreprises différentes. Le fabricant américain de pneumatiques Goodyear a annoncé la suppression de 820 postes dans son usine d’Amiens, dans la Somme. Le site emploie au total 1.400 personnes sur environ 3.500 en France. Le groupe d’électrotechnique suisse et suédois ABB devrait par ailleurs réduire ses effectifs de 20% en France, soit 540 postes selon des sources syndicales, sur un effectif total de 2.500.

La direction de l’usine de composants électroniques Altis Semiconductor, implantée à Corbeil-Essonnes, annonce lors d’un comité d’entreprise extraordinaire la suppression de 400 emplois sur environ 1.400, apprend-t-on auprès des syndicats. Enfin, le tribunal de commerce de Paris a prononcé la liquidation judiciaire du grossiste alimentaire EDA, Euro Distribution Alimentaire, qui entraînera la disparition de près de 620 postes. L’organisme qui gère l’assurance-chômage s’attend à 591.000 destructions nettes de postes dans le secteur privé cette année, et à une augmentation de 411.000 du nombre de demandeurs d’emploi indemnisés.

C’est la crise et ça se voit. Bientôt, mais après avoir bien fanfaronné, Nicolas Sarkozy nous dira, comme un certain François Mitterrand qu’il aime beaucoup prendre en référence : le chômage ? On a tout essayé ! De rustine en cautère sur les jambes de bois, les pouvoirs publics se sont bornés à gérer la crise en refusant de prendre les défis de la mondialisation en compte. C’est très chouette de transférer les ateliers en Chine pour acheter moins cher les T-Shirts et les ordinateurs : les midinettes restent fraîches comme des roses et ne se mettent plus en grève… Forcément, elles n’ont plus de travail !

Mais le partage du travail sur l’ensemble de la planète a aussi le revers de sa médaille : il y a autant d’ouvrage qu’avant, à proportion du peuplement de la planète. La misère se répartit mieux sur l’ensemble du globe, et les banlieues qui ceinturent les grandes agglomérations françaises commencent à connaître les mêmes problèmes de désœuvrement que les bidonvilles des cités du tiers-monde. Et pour être tout à fait équitables, les pays développés ont réussi à y implanter des populations exogènes qui, à tort ou à raison, s’en trouvent bien plus mal qu’avant.

La solution existe et Frédéric Lefebvre a bien du mal à la faire admettre à ses collègues parlementaires : niveler les salaires et la protection sociale au niveau chinois, de sorte que les industriels n’aient plus d’avantage à délocaliser leurs usines dans les pays émergeants. Hélas, personne ne veut l’entendre, et les syndicats jouent la montre… En attendant, la France renoue avec des chiffres du chômage en rapport avec ses ambitions. C’est déjà ça.

 

 


Pas un seul chef d’État n’a su le voir en face,
Le chômage est la fin et conduit aux moyens
De tendre un somnifère étrange aux citoyens,
Restez sage aujourd’hui, sinon je vous efface.

Un cœur n’est plus assez accroché en surface
Qu’il ne se consent plus aux désordres païens
Et donne au plus offrant les accords mitoyens
Qu’il a souvent conçus en saignant la préface.

Mais ce chômage à l’œuvre est la bénédiction
Pour ceux dont l’art de se gaver d’interdiction
Nous offre de tirer la langue en fait d’ouvrage.

D’orage en désespoir pour les patrons voyous,
Rien n’autorise après d’offrir un seul suffrage,
Car le commun se borne à manger des cailloux.

 

Avec AFP, Reuters et Le Journal de Tintin.