Le Dollar et la Livre Sterling s’effondrent

Le Dollar et la Livre Sterling s'effondrent

L’effondrement du dollar aux États-Unis cette semaine peut marquer un tournant dans la stabilisation financière et la reprise économique partout dans le monde, avec l’interruption brutale des recours aux modèles libéraux d’investissement dans un proche avenir et la plupart des pays développés.

Bien que beaucoup de spéculations erronées et d’indicateurs prématurément positifs aient été avancés au cours des deux dernières années pendant l’agitation des cours, les experts observent avec le plus grand intérêt la chute du dollar américain. Sa culbute — la première sur une année presque entière — apparaît comme indépendant de plus importants mouvements de capitaux propres ou sur les marchés. Après des mois les où la devise a réagi en exact sens inverse du marché boursier, le lien s’est brutalement rompu. Le phénomène est en partie fondé sur une pression supplémentaire et de plus grands besoins en liquidités à cause de la chute des cours aux États-Unis.

Par exemple, l’indice S&P 500 était en baisse pour la troisième fois consécutive jeudi, et à plus de 2% du cours enregistré en clôture lundi. Dans le même temps, le dollar perdait 1,7% contre un panier de devises importantes… Cette rupture des rapports a caractérisé les périodes les plus intenses de la crise de crédit, ce qui peut conduire à imaginer une meilleure rémission pour le système financier. D’ailleurs, si cet affaissement progressif du dollar se confirme dans une tendance régulière, l’expression du goût pour les marchés émergents, bien que durement atteints, sera significative.

Notre grande surprise vient de la rupture de corrélation entre les marchés de valeurs mobilières et les marchés de changes, explique Momtchil Pojarliev, un gestionnaire de fonds chez Hermes, et c’est là où l’écroulement va se révéler. De son point de vue, les marchés sont devenus très liés aux procurations que recherchaient les gens pendant les périodes les plus agitées, fait-il valoir, mais il n’y a plus aucun besoin d’échanger des procurations depuis que les marchés sont revenus à la normale. Le problème est que le phénomène se produit encore sous la pression des fonds d’investissement.

L’augmentation des liens entre des classes différentes de capitaux et de groupes s’est révélée désastreuse pour les fonds de pension et de dotation qui avaient tiré profit de portefeuilles très diversifiés au cours des vingt dernières années. La plupart les ont liquidés dès que le crédit s’est restreint. Pour les hedge-funds, il a fallu réorienter les stratégies d’investissement. Avec un mauvais fonctionnement, le crédit et les marchés de produits dérivés non liquides sont souvent devenus impossibles à gérer, beaucoup de marchés de change ont été utilisés pour des effets de commerce à peu près liquides afin de surfer sur la crise. Tout d’abord, la tendance en est venue à acheter du Yen japonais à chaque fois que tombaient les valeurs et la recherche du risque.

L’argument était que l’augmentation du risque et la volatilité des marchés verraient un grand déploiement des taux d’intérêt porter sur les marchés dans lesquels le Yen a été employé comme valeur de placement bon marché. Mais la relation s’est délitée en janvier et février, lorsque le Yen est tombé même pendant qu’augmentaient les besoins en capitaux propres. Le deuxième effet de corrélation négative s’est cristallisé au milieu de l’année dernière avant de s’intensifier au cours du premier trimestre pour acheter des dollars américains pour compenser les besoins en capitaux propres. Ces ruptures de relations mensuelles se sont établies à un ratio de 0,9 sur les 4 premiers mois de l’année, là où un rapport négatif de l’un envers l’autre parfait serait de 1.

Pendant que les tensions sur les marchés encourageant à la stabilisation des économies ont permis de lever des capitaux, les marchés émergents, les cours, le crédit et les marchés monétaires se sont normalisés. La relation n’est plus valable entre les besoins en liquidités et le cours des monnaies. C’est un début, mais il y a encore tout un monde avant d’avoir un dollar plus faible et indépendant des anticipations par rapport au risque, explique un gestionnaire de fonds. Il estime qu’il est encore loin du moment où la Réserve fédérale adopte une position monétaire agressive et facile, pour la maintenir jusqu’à ce que les marchés lui soient favorables. Mais le dollar continue de faiblir, conclut-il.

Ce déclin régulier dans une volatilité implicite s’est à peu près réduite de moitié au début de l’année 2009 pour des valeurs et des devises de Wall Street, mais a renchéri l’argent placé dans des fonds de placement sur le marché monétaire et la trésorerie. De nombreux modèles de gestion des risques exigent une moindre volatilité avant d’offrir aux fonds le choix de prendre plus de risques en levant des capitaux. Mais le déclin de la devise américaine les a encouragé à travailler sur les marchés émergents ou ailleurs.

Un dollar en baisse est un avantage en plus pour des marchés émergents pour plusieurs raisons : il augmente le retour sur investissements en dollars, stabilise des régimes de taux, reconstitue les réserves en devises étrangères, et soutient les cours du pétrole et des matières premières des grands exportateurs de tels produits.

 

 


La devise en valeur ne l’est plus comme avant
Dès que s’enlise un fort marché plutôt morose,
Ce billet vert ne sent plus pour certains la rose
Et s’échange à présent tel qu’il s’en va au vent.

Nos fils du ciel n’ont pas pu croire au paravent,
Comme ils se sont tâtés qu’une industrie arrose
Un marché grand jadis mais perclus de chlorose
Depuis que leurs commis ont râlé trop souvent !

Si la panique en vient juste au cœur des affaires
À pousser un peu mieux le cours des somnifères
La fin du monde est proche et se tourne à l’envi.

Des fils de soie, aux bas nylon pour tirer l’arme,
Le plus grand des banquiers s’en est trouvé ravi
Si les gérants du fonds n’ont versé qu’une larme.

 

Avec AFP, Reuters et Le Journal de Mickey.