Temps difficiles à Monaco pour la Formule 1

Temps difficiles à Monaco pour la Formule 1

Les restrictions imposées aux budgets des écuries de Formule 1 par la Fédération Internationale Automobile (FIA) ne sont pas une lubie des organisateurs du circuit ou une manœuvre destinée à favoriser un concurrent, elles répondent à une conjoncture économique particulièrement déprimée.

Le magnat indien Vijay Mallya refuse de laisser à la crise les commandes de son modèle économique, même si d’autres amateurs de sport automobile font profil bas au Grand Prix de Monaco ce week-end. L’homme d’affaires, dont les activités vont de la bière aux boissons alcoolisées, en passant par l’aviation, possède aussi l’écurie indienne de Formule 1. Son yacht de 95 mètres de long, Indian Empress, est amarré dans le port de la principauté pour accueillir les invités privilégiés aux fêtes organisées à son bord.

Je pense que le charme et le sport vont bien ensemble, et c’est encore plus vrai à Monaco, a déclaré le milliardaire, dont la richesse personnelle a considérablement dégringolé, dans la mesure où Forbes Magazine l’a déclassé en mars dernier comme étant l’un des 355 ex-milliardaires mondiaux. Monaco est une course tellement célèbre dans le monde entier que tout le monde ou presque, le sait ,et souhaite y prendre part ; il est donc important d’y figurer, non seulement avec une équipe, mais aussi en tant que sponsor, a-t-il ajouté. Nous souhaitons aussi organiser deux fêtes, car la valeur de la marque est encore plus importante en ces temps de récession.

Le temps des budgets illimités est évidemment loin de nous, et chacun doit observer cyniquement que la fin justifie les moyens, mais nous croyons que ces événements donnent toujours un bon coup de fouet, et font partie de ce pourquoi nous nous sommes engagés en F1. Le prince Albert de Monaco et l’éternelle caste internationale de gens riches et célèbres vont s’adonner vendredi aux joies d’un défilé de mode et d’une vente de charité exclusifs au bénéfice la fondation pour le SIDA d’Elton John. Mais d’autres cependant, sont devenus moins enclins à faire étalage de leur argent en période de récession.

Beaucoup des pourvoyeurs de fonds ont disparu, alors que les cadres dirigeants, tout comme les constructeurs automobiles principaux qui dominent ce sport de milliardaires, n’ont pas très envie d’être remarqués à mener grande vie pendant que leurs petits actionnaires et employés se serrent la ceinture. Bernie Ecclestone, le grand représentant de la Formule 1 a répondu que des gens pensent partout que ce n’est pas la meilleure manière de dépenser de l’argent, à la question de savoir s’il s’attend à ce que le Grand Prix de Monaco soit différent des autres cette année. C’est comme ça, des gens qui ont de l’argent, qui pourraient le dépenser comme ils l’ont fait dans le passé, ne le dépensent plus : c’est bien le problème !

Le Credit Suisse a laissé tomber BMW-Sauber tandis que ING a déjà fait savoir qu’il ne renouvellerait pas leur soutien à l’ancien champion Renault à la fin de l’année. Ils sont en train de réduire leurs dépenses. La Royal Bank of Scotland (RBS) est devenue propriété du contribuable britannique, mettant un terme aux subventions dispendieuses, susceptibles aujourd’hui de grever les budgets. Jackie Stewart, le triple champion du monde à la retraite et l’ambassadeur mondial de RBS, a fait savoir que sa suite avait coûté 53.000 € pour 5 nuits d’hôtel l’année dernière. En conséquence, la banque ne sera pas représentée à Monaco, pour la première fois depuis les années soixante, mais lie cette décision à la conjoncture.

Il y a un sentiment de malaise, les cadres dirigeants sentent que leurs actionnaires pourraient leur en vouloir au lieu de leur en savoir gré plutôt que dans une lumière positive, a raconté un de ses représentants lors du Grand Prix de Barcelone. Je ne vois pas ça comme une partie de plaisir, Monaco est en fait un travail dur si vous y allez pour opportunités d’affaires. RBS a pris cette année la décision que ce ne serait pas approprié en raison de la perception qu’en ont les autres, a-t-il ajouté. Le constat que j’en fait serait que les affaires vont finir par reprendre, et en effet, nous devons nous remettre en situation d’en faire. Si une partie des gens concernés sont là, alors que nous n’y sommes pas, nous manquons une occasion.

Les arrivants de Singapour la saison passée, et d’Abu-Dhabi cette année, ont aussi apporté à la Formule 1 des sponsors et des jet-setters venus pour affaires, soit 2 excellentes nouvelles solutions de rechange. Pour ce qui nous concerne, je dirais que nous avons sensiblement moins d’invités à Monaco, concède John Howett, président de Toyota Motorsport : les seuls pour qui la demande est forte sont les gens d’Abu-Dhabi.

Steinmetz, le joaillier suisse, ont toujours leur marque sur les casques des pilotes McLaren. Son yacht impressionnant est toujours là, mais sans signe distinctif dans un port que l’on remarquait moins serré mercredi que par le passé, et les affaires à venir seront négociées dans une villa située à l’écart. Évidemment, les choses ont changé de 2008 à 2009, a reconnu Lior Levin, mais nous voulions revenir à Monaco, alors nous avons atténué l’événement de beaucoup.

Jackie Stewart, vainqueur à Monaco en 1966, 1971 et 1973, a estimé qu’il n’y avait aucun danger que la principauté perde à long terme son attrait : Monaco reste aussi puissant et haut en couleurs, aussi fascinant et excitant qu’il l’a toujours été, il le redeviendra.