Grand flou à l’UMP sur l’intervention de la police à l’école

Grand flou à l'UMP sur l'intervention de la police à l'école

À quelques semaines des vacances scolaires et à quelques jours d’intervalle, deux événements provoquent des réactions contradictoires parmi les membres dirigeants de l’UMP en ce qui concerne la présence de policiers dans les établissements scolaires.

Évoquant le drame de Fenouillet (Haute-Garonne), où une enseignante a été poignardée en plein collège le 15 mai, Xavier Darcos souhaite accorder à des agents de police assermentés les moyens juridiques et matériels d’agir, en leur donnant le droit de faire ouvrir le cartable ou de fouiller l’élève qu’ils suspectent de vouloir introduire des armes. Le ministre de l’Éducation, par ailleurs conseiller politique de l’UMP, le parti majoritaire, a proposé jeudi de réfléchir à la création d’une force mobile d’agents intervenant en milieu scolaire sur des missions de prévention et de contrôle de la violence, et jugé nécessaire de pouvoir fouiller les élèves suspectés de transporter des armes.

Le problème de la délinquance à l’école, récurrent depuis que depuis une trentaine d’années, l’encadrement des équipes pédagogique est soumise aux restrictions budgétaires d’une part, à une plus grande permissivité d’autre part, ne trouve aucune solution, quelle que soit la politique scolaire envisagée par les gouvernements successifs. Nicolas Sarkozy s’est même exprimé récemment sur le sujet après qu’une bande de jeunes a investi un établissement secondaire de la banlieue parisienne pour y conduire une expédition punitive.

Le chef de l’État était déjà intervenu en mars, à la suite de deux faits-divers, pour annoncer un renforcement de la loi contre les bandes et les intrusions dans les écoles, ce qui s’est traduit par une proposition de loi du député-maire de Nice Christian Estrosi, un proche du président. Le texte, qui doit être soumis aux parlementaires prochainement, prévoit que la participation à une bande ayant l’intention de commettre des violences ou des atteintes aux biens concertées sera puni de trois ans de prison et de 45.000 euros d’amende. Christian Estrosi est par ailleurs conseiller politique de l’UMP, tout comme Xavier Darcos.

Mercredi, Nicolas Sarkozy a réuni pendant un peu plus d’une heure François Fillon, ainsi que les ministres Michèle Alliot-Marie (Intérieur), Rachida Dati (Justice), Xavier Darcos (Éducation) et Éric Woerth (Budget) pour faire le point sur la situation de la sécurité en France et les mesures nécessaires face à la montée de nouvelles formes de violence dont témoignent l’agression de policiers avec une arme de guerre à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) et une recrudescence des violences à l’école, selon un communiqué de l’Élysée.

La veille, 2 garçons âgés de 6 et 10 ans ont été interpellés, mardi 19 mai, par la police à la sortie de leur école à Floirac (Gironde) et longuement interrogés dans une affaire de vol de vélo, ce qui a scandalisé leur entourage. L’affaire, révélée jeudi par le journal Sud-Ouest, a provoqué un tollé, mais les policiers ont affirmé avoir agi en toute légalité. Selon des témoins, 2 véhicules et 6 fonctionnaires de police sont venus chercher vers 16h30, heure de la sortie de l’école, les 2 enfants, 2 cousins que la mère d’un autre élève avait dit avoir vus au guidon du vélo lui ayant été dérobés. Les 2 enfants sont restés 2 heures dans les locaux de la police à Cenon, commune de la banlieue bordelaise voisine de Floirac, le temps que leurs parents fournissent des explications.

Pour le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP), Albert Doutre, les agents ont agi avec discernement, conduisant les 2 enfants au commissariat pour être entendus en compagnie d’un parent. Il a aussi rappelé qu’une personne avait déposé plainte et que les policiers ont des comptes à rendre au parquet. Il a apporté son soutien aux policiers : je soutiens entièrement et j’assume entièrement jusqu’au bout ce qui a été fait, a-t-il déclaré, estimant que tout avait été fait dans le cadre des lois de la République. Il s’agit d’ailleurs à ses yeux d’une affaire complètement banale qui prend un tournant polémique surprenant.

Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, devant la polémique engendrée par le retentissement de cette affaire, a réagi dans le sens contraire dans un communiqué qui l’école doit rester un lieu privilégié du vivre ensemble, ajoutant que l’arrestation d’un enfant de 6 ans soupçonné du vol d’un vélo à la sortie de l’école n’est pas acceptable. Il demande une enquête sur les conditions de cette interpellation, les raisons pour lesquelles la police n’a, semble-t-il, pas prévenu les parents et a jugé indispensable de procéder comme elle l’a fait. Le député des Hauts-de-Seine a estimé qu’il fallait certes tout faire pour ne pas importer la violence dans les établissements et que les comportements agressifs et violents de jeunes enfants doivent donner lieu à la mise en place d’une réponse de prévention dès le plus jeune âge.

Depuis le temps que se perpétuent les actes de délinquance à l’école et à la sortie des établissements scolaire, il est effectivement temps de songer à y apporter une réponse adaptée. Mais il serait également utile de la part de nos responsables politiques d’accorder leurs violons sur les mesures à prendre. Que fait la police ?

Consulter l’organigramme de l’équipe dirigeante (PDF) de l’UMP,

et celui des conseillers politiques (PDF) de l’UMP.