Impression

Cela sous-entend que la justice française n’est pas capable d’avoir une vision juste d’un individu, donc serait impropre à juger une personne, en un mot qu’elle serait incompétente. Car, le passé de Cesare Battisti lui était parfaitement connu lorsqu’elle l’a accueilli sur son sol, et que la décision de la Cour d’Appel qui a eu lieu alors était en connaissance de cause.

La loi dit aussi qu’une personne ne peut être jugée deux fois pour les mêmes faits. C’est pourtant ce qui est en train d’arriver. La justice française douterait-elle de ses propres capacités ? Je ne pense pas. Car si la justice se trouve alors dans cette situation aberrante, c’est que le garde des Sceaux, M. Perben, a insisté pour extrader Cesare Battisti, à la demande de son homologue italien.

Je me souviens des articles de presse inquiets lors de l’élection de M. Berlusconi au gouvernement italien. On craignait la politique ultralibérale de ce géant des medias qui prouva rapidement sa bonne gestion des affaires d’Etat en faisant passer une loi rétroactive (du jamais vu !) amnistiant les fraudes financières.

Lorsqu’on se rappelle les emplois fictifs du RPR à la Mairie de Paris, le procès de M. Juppé qui a eu lieu il y a moins de deux mois et que l’on sait que M. Chirac risque d’être mis en examen à la fin de son mandat, on comprend tout de suite mieux pourquoi le gouvernement actuel cherche à se rapprocher de gens qui ont de si bonnes idées.

En d’autres termes, ce n’est pas Cesare Battisti que l’on va juger, mais la justice elle-même. Et s’il est renvoyé en Italie, cela ouvrira la porte à toutes les exactions judiciaires possibles. Chacun pourra régler ses comptes et puiser dans les caisses de l’Etat en toute impunité. On sera revenu au bon temps d’Al Capone, à la différence près que la télévision remplacera la sulfateuse. C’est moins expéditif mais tout aussi efficace.

Quant à ceux qui doutent de Cesare Battisti, je leur rappellerai que les monstres font sauter des trains, détruisent des tours à coups d’avions, organisent des attentats un peu partout. Ils n’écrivent pas de livres.