L’actrice fétiche de Claude Chabrol a dit vouloir être au plus près de quelque chose entre l’émotion et la réflexion. Il est juste de dire qu’en ces temps de crise, il est de bon ton de mettre les grands plats dans les petits : les budgets des réceptions organisées dans les villas ou sur les plages accusent une baisse moyenne de 45 %, 65.000 € au lieu de 100.000 € en 2008… Le coût annuel pour la ville de Cannes est de 5,3 millions d’euros pour chaque édition. La ville estime les revenus du Festival entre 160 et 230 millions d’euros selon les éditions, 195 millions en 2008.
Des cinéastes aussi reconnus que Jane Campion, Ken Loach, Quentin Tarantino et Lars von Trier, tous déjà palmés, sont en compétition, tout comme Pedro Almodovar, Alain Resnais et Michael Haneke. La présidente du jury, Isabelle Huppert, est une habituée de Cannes, où elle reçut le Prix d’interprétation féminine à deux reprises : en 1978 pour Violette Nozière, de Claude Chabrol, puis en 2001 pour La Pianiste, du cinéaste allemand Michael Haneke. Elle a aussi été jurée en 1984, sous la présidence de l’acteur britannique Dirk Bogarde.
On va au cinéma pour se souvenir, y compris parfois du pire et le pire n’est jamais si loin. En nous disant qui ils sont, les cinéastes nous disent aussi qui nous sommes et peut-être qui nous serons, a ajouté, grave et émue, l’actrice vêtue d’une robe beige rosé brodée de fleurs doucement scintillantes. En effet, l’organisation du Festival a fait appel aux vieilles gloires nationales comme Charles Aznavour et aux futurs espoirs, comme la jeune actrice Hafsia Herzi qui a été révélée par La Graine et le Mulet pour faire rêver un public assidu, mais plus que jamais tenu à l’écart des paillettes en strass. Qu’on en juge :
Asia Argento (Italie), 33 ans, souvent présente sur la Croisette ces dernières années et notamment en 2007 comme interprète de films d’Abel Ferrara, Catherine Breillat et Olivier Assayas. Elle a aussi tourné pour Gus Van Sant ou Sofia Coppola. L’actrice est aussi réalisatrice : Scarlet Diva en 2000, puis Le livre de Jérémie en 2004.
Nuri Bilge Ceylan (Turquie), 50 ans, le réalisateur est souvent venu concourir à Cannes où il a obtenu le Grand Prix et le prix d’interprétation masculine en 2003 avec Uzak. Le film Iklimler (Climats) obtient en 2006 le Prix FIPRESCI, salué par la profession et la critique internationale et en 2008 le Prix de la mise en scène pour Les trois Singes.
Lee Chang-dong (Corée du Sud), 55 ans, était d’abord écrivain avant de se lancer dans la carrière cinématographique en 1986. Il a présenté Peppermint Candy à la Quinzaine des Réalisateurs en 2000. Oasis a remporté le prix de la mise en scène à Venise en 2002. Secret Sunshine, en compétition au Festival de Cannes 2007, a valu à son actrice principale, Jeon Do-Yeon, le Prix d’interprétation féminine.
James Gray (Etats-Unis), 40 ans cette année, a réalisé à 25 ans Little Odessa, récompensé par un Lion d’argent à la Mostra de Venise en 1994. Son deuxième film, The Yards, est sélectionné en compétition au Festival de Cannes 2000, tout comme La Nuit nous Appartient en 2007. L’an dernier, il était à nouveau en compétition avec Two lovers, un drame romantique avec Joaquin Phoenix, son acteur fétiche.
Hanif Kureishi (Grande-Bretagne), 54 ans, est l’auteur de nombreux romans, nouvelles et pièces de théâtre. Ses œuvres ont souvent été adaptées au cinéma. Il écrit en 1984 My beautiful Laundrette, adapté par Stephen Frears, nommé dans la catégorie meilleur scénario aux Oscars. Son troisième roman, Intimité, publié en 1998, est transposé au cinéma par Patrice Chéreau en 2001. Le film Venus, mis en scène par Roger Michell, a valu à Peter O’Toole un Golden Globe et une nomination aux Oscars.
Shu Qi (Taiwan), 33 ans, a conquis la faveur du public et de la critique internationale grâce à son rôle dans Millenium Mambo de Hou Hsiao Hsien, présenté en compétition à Cannes (2001). Sa carrière au cinéma a débuté à Hong Kong avant de s’internationaliser : Gorgeous avec Jackie Chan (1999) et Visible Secret de Ann Hui (2001) et The Transporter (2002).
Sharmila Tagore (Inde), 62 ans, star du cinéma hindi et arrière-petite-fille du poète Rabindranath Tagore. Alternant films populaires de Bollywood et cinéma d’auteur indien, Sharmila Tagore a débuté enfant dans Le monde d’Apu (1959) de Satyajit Ray avec lequel elle a tourné cinq films dont La Déesse, présenté au Festival de Cannes.
Robin Wright Penn (États-Unis), 43 ans, est une actrice dont la carrière est jalonnée de nombreux succès comme Princess Bride, Forrest Gump, She’s so Lovely, Incassable ou The Pledge. Elle est l’épouse de l’acteur-réalisateur Sean Penn, président du jury l’an dernier.
Ainsi se révèle à nos regards un peu moins brillants que d’habitude la composition d’un jury qui va devoir faire un choix incontestable dans une sélection qui l’est moins. Signe des temps ? L’adoption définitive de la loi Hadopi alimentait également les discussions mercredi après-midi, et semblait contenter la plupart des artistes et professionnels présents à Cannes.
C’est l’émotion des jours d’été sur la Croisette,
Mais le printemps reste à la pluie et aux soucis
D’argent frais le plus propre aux désirs adoucis
Lorsqu’un avenir creux nous fait ailleurs risette.Des matins des plus noirs où les crêpes Suzette
N’auront pas satisfait nos grands besoins farcis
Dans les discours vaseux des patrons bien assis,
Mais tout leur cinéma nous cause assez rosette !Quand l’image est trop sage à l’abri des ennuis,
Un glas résonne alors dans le cœur de nos nuits
Et le pingre aux cours chus y perd là sa cassette.Mais dans la salle obscure un spectateur s’endort
Sous le coup d’un propos qui ne fait plus recette,
Ce n’est pas pour de vrai quand les oisifs ont tort.