Échos mitigés à Jérusalem sur Benoît XVI

Échos mitigés à Jérusalem sur Benoît XVI

À Jérusalem, les habitants ont fait état de toute une gamme d’émotions mardi au sujet de la visite du pape. Les mesures de sécurité prises pour assurer la tranquillité de son séjour n’y sont pas pour rien, car beaucoup de rues ont été fermées à la circulation et les gens étaient forcés à changer leurs habitudes, parce que le trafic était très encombré dans la ville.

C’était vraiment pourri ce matin, a dit un banlieusard assis à la terrasse d’un café près du centre ville, mais j’ai entendu que les choses allaient mieux l’après-midi. En fait, nombreux sont ceux qui se sont souciés des difficultés que cette visite papale engendrait pour leurs affaires, et des embarras causés par l’organisation d’un tel évènement. Jérusalem a déployé un dispositif de police énorme, où grouillaient les agents du Shin Bet, les services secrets de l’État d’Israël. Le cortège de Benoît XVI et les voitures officielles ont bouché tout le centre ville dès le début de la matinée.

Toute la journée est fichue, se lamente un boulanger de King George Street : vous voyez toutes les rues barrées autour ? C’est très mauvais aujourd’hui pour le commerce, et tout ce que je peux vous en dire, c’est que je vais y perdre ! Azzim, un chauffeur de taxi à l’arrêt près de Kikkar Zion, en a pris son parti : qu’est-ce qu’on peut faire ? Le pape nous rend fou, mais exactement comme n’importe quelle personnalité pour laquelle nous devons réserver le meilleur accueil.

Sinon, les touristes n’ont pas ressenti de gêne particulière et affirment que leur séjour se poursuit en dépit des mesures de sécurité accrues, qu’ils poursuivront la visite de Jérusalem comme prévu. Nous nous sommes préparées à de tels désagréments, expliquent deux femmes originaires de Haïfa, aussi avons-nous simplement fait un petit tour à pied. Il fait chaud, mais nous profitons quand même d’un moment agréable.

Plus tard dans la journée, on pouvait entendre le ronflement des hélicoptères au-dessus des têtes préoccupées, mais les rues sont devenues à nouveau praticables et les choses sont revenues plus ou moins à la normale. Un porte-parole de la ville a déclaré que les routes ont été rouvertes à la circulation après le départ du pape du jardin de Gethsémani. Mais la mauvaise humeur des gens n’est pas seulement le fait des encombrements subis en ville.

Un homme s’exclame : il aurait dû rester chez lui, en pensant à la controverse de l’engagement de Benoît XVI au sein des Jeunesses hitlériennes. Ce n’est pas notre ami, et il remue en nous certaines choses

Le pape a aussi alimenté la polémique avec son discours au mémorial de l’holocauste de Yad Vashem. À la tribune de la Knesset, un élu a accusé le pape de montrer du détachement par rapport à la douleur des juifs sous le IIIème Reich. Il a parlé de Benoît XVI comme un Allemand qui a rejoint la jeunesse d’Hitler et… l’armée d’Hitler. Dans Le Sel de la Terre, un livre d’entretiens avec le journaliste allemand Peter Seewald paru en 1996, le cardinal Joseph Ratzinger apportait des réflexions autobiographiques et religieuses en indiquant qu’il a été en raison de son âge automatiquement inscrit dans les Jeunesse hitlériennes. Il a été ensuite versé dans une unité d’auxiliaires à la défense anti-aérienne (FlAK).

Le porte-parole de Vatican a fait une distinction entre les activistes convaincus des Jeunesses hitlériennes et les membres des unités antiaériennes, omettant de mentionner si Joseph Ratzinger avait été enrôlé avec ou contre son gré dans les Jeunesses hitlériennes. Il est venu et nous a parlé comme si il était un historien, quelqu’un qui s’occupe du dessous des cartes, à propos de choses qui n’auraient pas dû se produire, a précisé le membre de la Knesset : et que voulez-vous ? Il faisait partie de ceux qui les ont commises.

La visite aux dignitaires de l’Église catholique lundi a aussi suscité la polémique, quand lors d’une réunion interconfessionnelle à Jérusalem, le pape a marché avec un imam palestinien qui a accusé Israël de boucher. Au cours de la cérémonie qui s’est déroulée à Yad Vashem, Benoît XVI a parlé de l’horrible tragédie de la Shoah, ce qui correspond au terme hébreux pour l’holocauste, mais il a déçu bon nombre de chefs religieux juifs qui pensent qu’il a cherché à excuser les Allemands et les Chrétiens pour le génocide.