8 Mai : Le week-end de Sarkozy pourri par les Bretons

8 Mai : Le week-end de Sarkozy pourri par les Bretons

Marche arrière toute ! Le président de la République assistera bien à la finale de la Coupe de France au Stade de France, opposant le Stade Rennais à l’En Avant Guingamp.

Suite à la pression populaire, Nicolas Sarkozy a dû renoncer à son week-end prolongé sur la côte varoise, où la famille de son épouse Carla possède une propriété. Ce sont ses proches collaborateurs à l’Élysée, après avoir mesuré la grosse déception des supporters bretons qui ont fait savoir à la presse que le président de la République honorera bien le match de sa présence.

Nicolas Sarkozy est un sportif, certes, mais il préfère pratiquer une activité physique plutôt que d’assister à partie opposant une vingtaine de types hirsutes pour la possession d’un ballon. Son truc, tout le monde le sait depuis longtemps, c’est le vélo ! Combien de fois n’a-t-il pas fait le tour de l’hippodrome de Longchamp en compagnie de son ami Michel Drucker et d’autres écureuils appartenant au monde du spectacle et des variétés ? Le président de la République aime être à la hauteur, tutoyer les cimes, bref : il préfère voir les choses d’en haut. Car plus encore que la bicyclette, la passion du chef de l’État est l’équitation.

C’est un accident responsable de l’infirmité d’une de ses relations qui l’a convaincu très tôt de changer pour une monture en alliage léger, réputée plus docile et certainement plus rapide en descente — de sondages. Depuis, Nicolas Sarkozy hante les courses cyclistes à bord d’une voiture, de préférence appartenant à l’organisation du Tour de France. Le vélo, sport populaire, le dispute en effet en terme de popularité avec le football, et le chef de l’État s’est trouvé bien inspiré d’assister finalement à une rencontre au sommet entre les deux équipes bretonnes, une région catholique et conservatrice par tradition, mais surtout très peu soumise au pouvoir parisien, et dangereuse dès lors qu’elle entre en sécession. Ainsi, Marat n’a-t-il plus le loisir de se souvenir de Charlotte Corday…

La finale de la plus vieille des deux coupes (20H45) opposera la préfecture de Bretagne à la plus petite ville abritant un club professionnel (7.693 habitants en 2006). Elle constitue le dernier objectif de la saison des deux clubs. Le Stade Rennais est 7ème de Ligue 1 après une deuxième partie de saison en demi-teinte et une victoire samedi le qualifierait pour l’Europa League, l’actuelle Coupe de l’UEFA, plus sûrement que le championnat (4 points de retard sur Toulouse, 5ème). L’En Avant Guingamp, dernier de Ligue 2 pendant deux mois, est remonté à la 12ème place (avant la 35ème journée), assurant quasiment son maintien, avec 6 points d’avance sur Brest, 18ème).

Mais le week-end de rêve que Nicolas Sarkozy s’était préparé au calme et sur le sable chaud des plages varoises n’a pas seulement été troublé par l’intense pression footballistique. Initialement, le chef de l’État avait prévu de déguerpir jeudi dans la soirée, laissant le soin à quelque second couteau ministre des Anciens Combattants déposer une gerbe sur la tombe du Soldat Inconnu qui, de toute façon, ne repose pas sous l’Arc de Triomphe des Champs Élysée. Las ! Son gouvernement, comme tout le personnel politique, l’ont pressé de faire le piquet sur la place de l’Étoile à partir de 9 heures moins le quart… L’agenda officiel du président de la République, en effet, ne mentionnait pas sa présence à Paris le 8, mais son départ à 9 heures pour la plage de La Nartelle, dans le Var, où il a prononcé dans l’après-midi un discours mémorable en l’honneur des soldats de l’Armée d’Afrique.

Les ennuis ne s’arrêtent malheureusement pas là, puisque Nicolas Sarkozy ne pourra pas s’allonger devant le film du dimanche soir. Il est en Allemagne où il assiste Angela Merkel à gagner des élections qui revêtent une importance particulière pour l’un comme pour l’autre, à défaut de passionner les peuples… Nicolas Sarkozy sera dans la capitale de l’Allemagne fédérale à partir de 18H30, où il prononcera un discours consacrant l’alliance franco-allemande. Pour satisfaire aux besoins de sa cote de popularité, le président a donc sacrifié un week-end que beaucoup de ses compatriotes auront savouré jusqu’à la dernière minute.

Avant cette volte-face, la députée socialiste du Finistère Marylise Lebranchu s’était demandée si l’absence de Nicolas Sarkozy n’était pas due à une raison peu avouable. Est-ce qu’il a peur de se faire siffler parce qu’il avait été désagréable à l’égard de la Bretagne durant la campagne présidentielle, a-t-elle demandé faisant référence à une polémique autour de la phrase attribuée au candidat à l’élection présidentielle par l’écrivain Yasmina Reza dans un livre, où il se serait exclamé n’avoir rien à foutre des Bretons. Popularité, quand tu nous tiens !