Urgence maximale au Pakistan

Urgence maximale au Pakistan

Les autorités pakistanaises ont donné l’ordre à l’armée d’éliminer les terroristes pendant que l’aviation et les forces terrestres poursuivent leurs opération à l’encontre des combattants talibans dans la province du Nord-Ouest. Des hélicoptères de combat et des avions de chasse ont bombardé jeudi des caches présumées dans la vallée de Swat.

Cette vallée fait partie du département de Malakand, dans la province du Nord-Ouest à la frontière (NWFP) avec l’Afghanistan. Asif Ali Zardari, président du Pakistan, a indiqué que les opérations militaires contre des extrémistes dureraient jusqu’à la pacification de la région : il vont se poursuivre jusqu’à ce que la vie retourne à la normale à Swat, a-t-il déclaré au Capitole de Washington après une réunion avec des sénateurs.

Ces propos de Asif Ali Zardari viennent après que son premier ministre Yusuf Raza Gilani, a exhorté les Pakistanais à s’unir contre les extrémistes et soutenir l’offensive militaire contre les forces talibanes. Le dernier accès du combat a tout sauf éteint le compromis de paix conclu en février par le gouvernement avec les talibans. Au cours d’une allocution télévisée jeudi, Yusuf Raza Gilani Gilani a accusé les talibans Gi de menacer la souveraineté du Pakistan et de violer l’accord de paix en menant leurs attaques.

Cet accord, soutenu par un chef religieux local, vise à placer 3 millions de Pakistanais sous la loi de charia dans une partie de la province du Nord-Ouest, en échange de l’arrêt du soulèvement taliban qui déstabilise la région depuis presque 2 ans. Les forces armées ont été mises en œuvre pour éliminer les talibans et les terroristes, afin de rendre l’honneur et la dignité à notre patrie, et protéger les personnes, a déclaré Yusuf Raza Gilani : le moment est venu pour que la nation tout entière soutienne le gouvernement et les forces armées contre ceux qui veulent prendre le pays en otage et mettre notre avenir en danger par la voie des armes.

Il était convenu que les insurgés déposeraient des armes suite à l’accord de paix, mais les combats n’ont pas pris fin. Il y a eu des assauts menés sur des postes de garde et des centaines de milliers de personnes ont émigré à cause des actions de guerre. Les militaires pakistanais affirment avoir tué plus de 80 combattants dans un récent combat à l’arme lourde dans la vallée de Swat, le Buner et le cours inférieur de la rivière Dir, en fait tout le Malakand… Dans le même temps, des milliers d’habitants ont fui ces trois territoires pour éviter d’être pris à partie, et se sont réfugiées dans des camps pour personnes déplacées.

L’armée a lancé sa principale offensive mercredi, des appuis aériens intervenant pendant la nuit et jeudi. Un couvre-feu a été levé dans la région, mais il pourrait être à nouveau imposé. Les routes sont bloquées et il y a très peu transport pour ceux qui fuient les combats, nombreux sont ceux qui prennent route à pied pour se réfugier dans les camps. Tout le monde entend le sifflement des chasseurs à réaction qui sont utilisés pour la première fois dans cette bataille qui prend un tour très inquiétant. Kifayatullah, le fils aîné de Sufi Muhammad, chef religieux qui a conclu l’accord de février, a été tué dans un bombardement jeudi dans la vallée du Dir. Incursions d’hélicoptère En exposant la situation sur le terrain jeudi, un porte-parole de l’armée a déclaré que des frappes d’hélicoptère ont précédé les troupes au sol dans le but de reprendre le contrôle d’une région couverte de forêts, et où un des mines ont été déposées.

Les forces armées sont visées par les mines. 35 talibans ont été tués au cours des actions de représailles, selon un communiqué militaire publié mercredi. Par ailleurs, ce sont 49 combattants qui ont trouvé la mort dans le secteur du Buner. Mais 3 gardes-frontière ont été tués dans un assaut taliban sur un point de contrôle dans la Dir inférieure, et 11 autres ont été capturés. Le porte-parole de l’armée a reconnu des morts côté civils. Pour des habitants du Buner, ce qui leur paraissait dans le passé un hâvre de paix est devenu une scène de guerre et d’horreur, tandis que le gouvernement se prépare à soulager jusqu’à 500.000 réfugiés. Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) avertit qu’une crise humanitaire est en train de se produire dans la région. Le CICR a indiqué qu’il prévoyait de l’aide pour 120.000 personnes, mais n’est plus en mesure d’atteindre les zones les plus affectées par les combats.

Un correspondant de presse à Peshawar, la capitale de la province du Nord-Ouest, a signalé que beaucoup de gens cherchant à sortir de ce guêpier fuit maintenant le secteur par tous les moyens. Quel que soit le moyen de transport qu’ils parviennent à emprunter… Alors que les objectifs militaires sont de neutraliser les talibans, les civils sont pris entre deux feux. Le problème est de savoir comment l’armée va s’y prendre pour atteindre son objectif dans cette région fortement peuplée. Khushhal Khan, responsable de l’administration dans le Swat, raconte : plus de 40.000 personnes ont émigré de Mingora, la principale ville de Swat, à partir de mardi après-midi. De nombreux témoignages font état d’exactions lors des attaques des talibans et de l’armée.

Les premiers ont revendiqué mercredi le contrôle de 90% de la vallée de Swat. Un porte-parole taliban, a déclaré : si le gouvernement lance une opération contre nous, nous lui donnerons une réponse adéquate, afin qu’elle s’en rappelle pendant longtemps. Un intellectuel pakistanais d’Islamabad estime que le moment est arrivé où les gens réalisent au Pakistan que toute cette affaire s’est muée en guerre sur le territoire pakistanais et pour le territoire pakistanais.