Le désastre des "subprimes" est tout sauf une surprise

Le désastre des "subprimes" est tout sauf une surprise

Une vingtaine parmi les plus grandes sociétés de prêts immobiliers fondés sur la technique des subprimes s’est appuyée sur le système financier des grandes banques américaines désormais créancières de milliards de dollars sur ces établissements en faillite ou en passe de l’être, selon le rapport d’une organisation de vigilance citoyenne.

La plupart des organismes de prêts immobiliers se sont adossés aux grandes banques d’affaires des États-Unis, lesquelles ont dû s’en porter acquéreur quand la bulle immobilière s’est achevée en 2006, après 5 ans de spéculation intense avec des évaluations très au-dessus de leur valeur réelle. Alors que la plupart des pourvoyeurs de subprimes ont disparu, leurs créanciers et les banques auxquelles ils appartiennent ont bénéficié de 700 milliards de dollars d’aide fédérale un an après que ces établissements financiers ont pollué les marchés avec les produits financiers dérivés des prêts immobiliers.

Les organismes de contrôle bancaire des États-Unis doivent porter jeudi à la connaissance du public le nom des grandes banques dont les besoins en capitaux doivent être à nouveau satisfaits. Les banques monstres qui ont financé le système des subprimes ne sont pas les victimes d’un effondrement financier imprévu, explique Bill Buzenberg, porte-parole de cette organisation de vigilance américaine : ces banques étaient des dissimulateurs délibérés qui ont pourri le système de prêts qui menace maintenant le système financier.

Tandis que les besoins en capitaux des 19 plus grandes banques des États-Unis sont beaucoup plus importants que les analystes ne l’avaient prévu, les actions bancaires ont connu une hausse, prolongeant une tendance de 2 mois pendant que les investisseurs obtenaient des éclaircissements sur les capacités de l’industrie à faire face à la récession la plus grave depuis la deuxième guerre mondiale. Parmi des banques à capitaliser de nouveau, les actions de Bank of America ont augmenté de 17,1%, Citigroup de 16,6% et Wells Fargo de 15,6%. L’index financier Standard & Poor’s a gagné 8,1%.

Le gouvernement américain estime que Bank of America nécessite encore 34 milliards de dollars, soit le triple ce qui a été prévu, selon une source proche du dossier. Citigroup a besoin de 5 milliards, ce qui correspond à son plan de conversion d’actions privilégiées en actions ordinaires. LLC de GMAC, un établissement de prêts immobiliers et automobiles a besoin de 11,5 milliards, Wells Fargo de 15 milliards.

Goldman Sachs, Morgan Stanley et Bank of America ont soutenu New Century Financial Corp. qui a lancé plus de 75 milliards de dollars en prêts à coût élevé entre 2005 et 2007, selon ce groupe indépendant qui mène des enquêtes d’investigation sur des questions dont s’empare l’opinion publique. Il démontre que le Congrès des États-Unis a dégagé 700 milliards de dollars grâce aux impôts pour stabiliser les marchés en distribuant l’argent à Goldman Sachs et Morgan Stanley, qui ont reçu 10 milliards de dollars chacun, pendant que Bank of America obtenait 25 milliards.

En plus, les organismes de crédits immobiliers américains qui ont émis des subprimes auraient dépensé, sur 10 ans, près de 370 millions de dollars en lobbying et en donations électorales. Leur cheval de bataille : limiter la régulation bancaire. Leurs contributions politiques effrénées sont responsables de l’absence de régulation qui a conduit à la crise, estime Bill Buzenberg : malgré tous les signaux d’alerte, le Congrès, la Maison Blanche et la Federal Reserve Board ont tergiversé alors que le désastre des subprimes s’amplifiait. L’industrie financière a été très généreuse dans ses dons aux campagnes électorales : 2,2 milliards de dollars de contributions auraient ainsi été versées sur 10 ans selon l’organisation de vigilance. D’ailleurs, Barak Obama en serait l’un des plus gros bénéficiaires, ayant empoché 14 millions de dollars.

Alors que les pourvoyeurs de subprimes appartiennent au passé, leur acquisition va permettre aux grandes banques de faire tranquillement des paris monstres sur les subprimes, conclut le rapport. Nous pompons de l’argent comptant dans les établissements qui ont contribué à leur propre chute, souligne John Dunbar, un chercheur de l’organisation, qui a décrit le procédé en s’appuyant sur les rapports d’investisseurs et du gouvernement pour mener cette enquête. Les auteurs du rapport espèrent qu’il servira d’amorce à ceux qui espèrent mieux comprendre les causes de la crise financière actuelle.

 

 


Tout était mis au point sans doute aux premiers jours
Car les moins bien lotis n’ont pas ce qu’il faut mettre
Sur leur compte, or la banque a des fonds à promettre
Pour donner meilleur teint aux plus méchants séjours.

Biens vite à mettre en banque à cracher pour toujours
Sans cesse à vous sommer de la somme à transmettre,
Comme un prêteur sur gage un banquier de soumettre
Aux huissiers les cas prompts pour les fâcheux ajours.

Un seul prêt sans l’argent n’est pas plus remboursable
Que les eaux n’ont d’égard pour les châteaux de sable
Bâtis pour mettre un terme à nos grands jeux d’enfant.

L’homme adulte a-t-il plus d’esprit qu’en son enfance
Un banquier brille en classe et tout juste en piaffant ?
L’escroc n’a rien pour mettre au clou dans une offense.