Les Syndicats gèrent la Crise en bons Pères de Famille

Les Syndicats gèrent la Crise en bons Pères de Famille

La lancinante attention portée sur la mobilisation du 1er Mai a porté ses fruits. Les centrales syndicales ont tenu leur conseil de guerre au siège de la CFTC lundi après-midi, pour sagement décider de 2 nouvelles journées d’action les 26 mai et 13 juin, sans surprise. Le Grand Soir est repoussé aux calendes grecques.

Si les défilés du 1er Mai ont réuni de 465.000 à 1,2 million de personnes dans les rues, ce n’est pas une raison pour prédire une situation révolutionnaire dans le pays. La journée ensoleillée de vendredi a autant profité aux manifestants qu’aux escapades champêtres, et en grondant que le gouvernement a tort de banaliser la mobilisation et se trompe s’il pense pouvoir jouer sur l’usure, la CGT fait savoir qu’elle ne s’en laisserait pas conter… Nous attendons d’autres réponses plus concrètes, ajoute-t-elle, mais ces réponses apparaissent assez maigres à l’issue de leur conciliabule.

Un certain flottement s’est fait sentir la semaine dernière au ministère des Relations Sociales, et Le Canard enchaîné comme le sémillant directeur de la rédaction de L’Express se sont fait l’écho du peu d’entrain à la tâche de Brice Hortefeux. Celui qui rêve de l’Intérieur, à l’instar de son mentor Nicolas Sarkozy, trouvait-il sa mission trop terne ? Il confie à Christophe Barbier qu’il s’en arrange avec ce que m’a donné le président, mais je constate que nombre de spécialistes jugent dommageable cette séparation emploi-travail, tout en lui assurant qu’il a la pêche ! Les élections approchant à grands pas, le moment de procéder au remaniement ministériel devrait sonner bientôt. L’âme damnée du président de la République aurait-il reçu des engagements de l’Élysée pour la suite des opérations ?

Il pourrait alors marcher sur les plates-bandes de Patrick Devedjian… Quant à ses interlocuteurs, ils demeurent plus que jamais prisonniers du peu d’influence qu’ils ont dans le privé. Et c’est justement dans le secteur marchand qu’on débauche en priorité ! 60% des salariés auraient une bonne image des syndicats. Le climat économique morose et les tensions sociales contribuent par ailleurs à les revaloriser car, pour 80% d’entre eux, leur rôle apparaît comme encore plus nécessaire en temps de crise. Mais 63,2% estiment aussi qu’ils sont en perte de vitesse. Peut-être en raison du très faible taux de syndicalisation des travailleurs français (8%), le taux le plus bas de tous les pays européens.

Dans l’attente d’une concrétisation des promesses élyséennes concernant un nouveau rendez-vous social avec les syndicats, les centrales ont finalement décidé de faire du 26 mai une journée de mobilisations décentralisées dans des modalités diverses en fonction des réalités locales. Elles appellent en outre à une grande journée de manifestations dans toute la France le 13 juin, juste après les élections européennes. Preuve de leur mal-être vis-à-vis du monde du travail, le 13 juin tombe un samedi, ce qui permettra une meilleure mobilisation des salariés du privé, juste avant les départs en vacances… Mais Raymond Soubie, conseiller social de Nicolas Sarkozy, se refuse cependant à parler de sommet social comme la réunion organisée en février.

Certes, la récession a amplifié une vague de restructuration industrielle, et précipité nombre d’entreprises sous-traitantes au bord de la faillite. Mais les plans de licenciements qui ont suivi le Krach du 15 septembre 2008 se trouvaient arrêtées depuis la période estivale, où elles ont été annoncées au public dans une relative indifférence pour ce qui concerne en particulier l’automobile. Les marchés de la plupart des activités industrielles, qu’il s’agisse des biens d’équipement ou de consommation ne se trouvent plus dans les pays développés, pour lesquels un simple réassort suffit. Des pays comme le Brésil, la Russie et surtout la Chine ont en revanche un potentiel de développement bien plus grand que tout ce que nous avons connu pendant les siècles précédents, eut égard à leurs populations et à l’étendue de leurs territoires respectifs.

Les confédérations françaises n’y pourront rien, sauf à s’organiser au niveau international, ainsi que les marxistes nous l’ont toujours seriné. Mais des pays communistes comme la Chine préfèrent développer leurs activités, fût-ce au détriment des ouvriers français, dont ils n’ont finalement cure. Les syndicats surveilleront donc chacun leur pré carré, en attendant les lendemains qui ne chanteront plus.

 

 


Maintenant, nos patrons ont le temps devant eux
De procéder tout à leur guise au vrai programme
Pour peser tant et plus leur personnel au gramme
Dans un contexte odieux où les gens sont pâteux.

Les syndicats n’ont plus pour tout enjeu douteux
De récession à craindre avec un beau diagramme
Qui met l’emploi public au fond de l’anagramme
Bramés dans un cortège hors des dossiers juteux.

Deux rendez-vous sont pris sans frénésie aucune
Car au final d’envie ils n’en ont vraiment qu’une
Demeurer sur le coup malgré leurs grands tracas !

D’une impression, nous ne verrons que la volute
Si des conflits sociaux ne font pas de grands cas,
Et leur fonds de commerce est ainsi dans la lutte.