Un nouveau vaccin contre la grippe pour demain ?

Un nouveau vaccin contre la grippe pour demain ?

Un nouveau virus de la grippe a fait son apparition depuis quelques semaines et les équipes de recherche médicale sont sur le pied de guerre pour mettre au point un nouveau vaccin le plus rapidement possible. En un siècle seulement, la science a considérablement évolué pour leur permettre d’espérer une solution dans les jours qui viennent.

Alors que des millions de personnes succombaient dans le monde entier à l’issue du premier conflit mondial, médecins et scientifiques n’avaient pas d’élément pour comprendre ce qui se produisait sous leurs yeux. Les gens ont d’abord vu dans le développement des activités industrielles et la lecture de vieux livres poussiéreux la propagation de l’épidémie de grippe espagnole. De toute façon, ils ne pourraient pas avoir en avoir conscience dans la mesure où le virus de grippe fut identifié en 1933 seulement, grâce une équipe de chercheurs britanniques.

Depuis, les temps ont bien changé. Très vite après que les décès se sont accumulés au Mexique, les experts ont identifié l’origine de la maladie, le virus de grippe de souche H1N1, qui porte un séquençage génétique porcin dans la plupart des cas, mais pouvant aussi être aviaire et humain. Les scientifiques mexicains, américains et néo-zélandais, ont signalé depuis des séquences complètes de l’ADN du virus, à partir de 34 échantillons référencés dans une bibliothèque en ligne publique. Le travail connaît encore de nouveaux développements.

C’est ce qui explique la capacité des scientifiques à utiliser partout dans le monde ces descriptions pour créer de nouveaux outils destinés à combattre le virus, comme des kits et des tests pour un diagnostic rapide. Alors que d’habitude, les essais les plus rapides prennent environ deux jours, les chercheurs ont établi dans un délai de quatre à six heures le détail des caractéristiques du virus de grippe à présent dénommée de type A.

Grâce à la technique d’amplification en chaîne polymérase (PCR) disponible dans les matériels de test, un scientifique appartenant à un établissement hospitalier public asiatique a pu déclarer que la réalisation bien projetée d’une tentative en temps réel grâce à cette technique devrait permettre de détecter les caractéristiques spécifiques au virus porcin H1N1 dans un échantillon en isolant les gènes communs aux autres virus.

La technique d’amplification en chaîne polymérase ("Polymerase Chain Reaction" ou PCR) est une technique de réplication ciblée in vitro. Elle permet d’obtenir, à partir d’un échantillon complexe et en quantité limitée, d’importantes quantités d’un fragment d’ADN spécifique et de longueur définie. L’ordre de grandeur à retenir est celui du million de copies en quelques heures. C’est en général suffisant pour une utilisation ultérieure. Mark von Itzstein, directeur de l’institut Glycomics à l’université de Griffith en Australie précise : elle nous a laissés identifier rapidement qu’il s’agit bien du virus H1N1, et dans la mesure où les patients l’ont effectivement contracté, nous pourrons les soigner dans un laps de temps de 48 heures — après l’apparition des symptômes — avec du Tamiflu, les mettre en quarantaine et observer leur rétablissement.

Des chercheurs établis à Hong-Kong espèrent concevoir un kit de PCR pour la semaine prochaine. Le centre pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis (US-CDC) envoie des tests aux différents États de l’Union et au Mexique, mais d’autres pays n’ont pas le temps d’attendre. Le séquençage génétique a tout juste été rendu public… Beaucoup de laboratoires se précipitent pour trouver le meilleur test, mais ça prendra une à deux semaines pour en concevoir un, estime un microbiologiste à l’université de Hong Kong : nous avons besoin de faire de nombreuses validations, et nous avons besoin de centaines de spécimen pour le faire.

Le virus a tué 176 personnes au Mexique et s’est répandu dans 10 autres pays au moins, mais la plupart des cas diagnostiqués ailleurs qu’au Mexique n’ont pas été mortels, ce qui n’a pas laissé d’intriguer. Personne n’a une idée précise d’où provient ce virus, si un animal l’a communiqué au premier patient humain et comment cet évènement a pu se produire. Les experts comptent en découvrir un peu plus en analysant les échantillons et en dépistant les mutations de son ADN.

Les analyses récentes indiquent qu’il s’agit la plupart du temps d’un virus porcin, explique le chercheur asiatique, mais seuls davantage de séquençages effectués sur toute la période épidémique et leur comparaison avec les virus porcins déjà connus pourront nous dire quels gènes subissent une mutation susceptible de permettre la transmission du porc à l’homme, puis d’homme à homme. Ce virus, encore inconnu jusqu’à ce qu’il infecte des gens au Mexique, est référencé H1N1. Il appartient à la même famille que le virus de grippe humaine saisonnière H1N1. Mais curieusement, le composant H1N1 du vaccin courant pour la grippe n’offre aucune protection à l’homme.

Si vous pouvez séquencer les génomes entiers du virus à intervalles de temps réguliers pendant la pandémie, vous pouvez voir comment évolue la maladie à mesure que les gens tombent malade et comment ses gènes évoluent en parallèle avec de nouveaux cas cliniques et les développements épidémiologiques ; si par exemple, les patients n’ont pas de diarrhée au cours de la phase de développement actuel de la maladie, mais qu’ils en ont ensuite, — quelle est la mutation génétique responsable de ce nouveau phénomène clinique ? Mark von Itzstein estime que nous besoin d’un nouveau vaccin pour combattre ce nouveau virus, mais il suffit d’une légère différence en acide aminé dans la constitution protéinique du virus pour passer à côté du vaccin.

Avec la PCR, on obtient suffisamment d’échantillons de virus pour que les fabricants puissent concevoir un vaccin performant. Nous mettrons la main rapidement sur la spécificité du nouveau virus de grippe… et nous allons produire un vaccin, a dit le ministre de la Santé japonais Yoichi Masuzoe jeudi au cours d’une conférence de presse. Pourtant, des experts mettent en doute les progrès rapides de la science. On ne s’attend pas à ce qu’un tel vaccin soit disponible dans le commerce d’ici 3 à 6 mois après l’autorisation, et la pandémie pourrait entrer dans une nouvelle phase, où le vaccin serait inopérant à peine conçu.