Erwan Roux prévoit "Un Été caniculaire"

Erwan Roux prévoit "Un Été caniculaire"

Se passer un disque de Monsieur Roux, c’est aussi plaisant que de fumer
en plein vol, et en un coup, une gallinette cendrée sans viser. Surtout lorsque l’on
n’est pas chasseur. Un grand nombre d’entre vous se rapelle sûrement de son
tube « Petit Rasta » un pendant idéal au « Bobo » de Renaud qui avait trusté les
ondes des radios pendant un laps de temps digne d’un souffle de l’ouragan de
Stéphanie de Monaco.

Pour les plus consciencieux, ils avaient été sûrement, et
agréablement surpris, par le reste de son disque. Dans « L’homme ordinaire » il
carburait au super et derrière la provocation de « Ma mère la Pute » coulait
quelques grosses larmes d’enfant.

Il serait tellement facile de vendre cela comme un produit anarcho-
mitterrandiste que ce serait faire injure à la subtilité qui se dégage de ces 2
faces de 13 titres. Erwan Roux, quand il ne se chausse pas d’une appellation
contrôlée, accompagné de Kevin Gravier, Bertrand Thépaut et Matthieu Lésiard
(ainsi que d’autres malfrats aux taches confuses) s’est installé en novembre
2008 au studio Rising Sun pour signer son méfait. On sent bien que cela a dû
vanner sec en plat pays belge. On se dit que le pauvre Bruno Green (réalisateur,
mixeur, masterisateur, jambon, beurre) a sûrement prié pour qu’on remplace ces
gars là par Françis Cabrel. Bruno Green membre fondateur du groupe Santa-Cruz
est une pointure, un as, une épée. Lui offrir les manettes du studio c’est claquer
la bise à Neil Young, Bob Dylan et Johnny Cash en terme d’influences. Sur son
curriculum vitae de producteur s’inscrit Miossec, Casse pipe, Thomas Belhom…

Dès la première chanson « Le Vote Utile », on serait partant pour donner du
« monseigneur quel honneur ! » à Monsieur Roux. Le profil droit dans ses bottes,
il enfile les 4 vérités en n’allant pas par 4 chemins comme sur « Le Cow-Boy
Bling Bling ». Si vous vous voulez un remake de règlement de compte à OK
Corral prenez ses mélodies à base de Far West, ajoutez ici une petite guitare
sympathique, là un banjo de tripot, un harmonica étranger, une ambiance de
bastringue que ne renierait pas Tom Waits.

Et si vous cherchez encore à le
cantonner à un néo Brassens via « C’était Mieux Avant » et son piano déglingué
en référence à « Mourir pour des Idées », soyez attentif à la manière très beach-boy d’utiliser des chœurs sur « Tant de Chiens » ou l’élucubration « Des
Araignées au Plafond » qui rappelle RAM d’un des garçons dans le vent ou
« Bienvenue au Paradis » de son compère de l’époque. Mr Roux fait donc ici son
voyage d’outre-atlantique dans un pays francophone mais quitte définitivement
un rôle de vedette américaine. Cette formule ayant plutôt bien réussi à son
prédécesseur : Johnny Hallyday. On se prête à rêver d’être « Dans la Lune » en
sa compagnie, même s’il préférerait, j’en suis sûr, se retrouver seul avec
quelques petites poufs en monokini. S’il fallait englober les tableaux sonores de
Roux, ses pépettes de monoprix et ses monstres, sa « Marie-Chantal » ou son
« Monsieur Berger », ce serait des habitants de villes qui ne trouvent pas de
places de parking même en août, la faute au pouvoir d’achat et leur impossibilité
à partir en vacances.

Le virage sur cet album (un tournant est toujours obligatoire dans toute
bonne carrière qui se respecte) vient sûrement du coté de la musique : plus
raffinée, plus chatoyante. On sent que le juste au corps de ses compositions est
passé d’une taille S à une taille XL. On suit sa galerie d’histoires avec d’autant
plus de plaisir que sa musique est dorénavant aussi aiguisée que ne le sont ses
mots. « Un Eté Caniculaire » que les sans imaginations qualifieront de disque
acoustique est un album « Balladisque ». Néologisme qui n’est pas là pour
évoquer le penchant balladurien de l’artiste mais bien une manière de parler d’un
disque de balades à bois et bûches.

Mr Roux qui devait rêver petit aux grands espaces sort un disque en
technicolor. Il ne sera peut-être jamais grand et beau comme il le souhaitait sur
son premier opus, mais comme le disait un qui savait de quoi il causait : « la
beauté des laids, se voit sans délai ».

En concert les :

Samedi 09 mai à la Foire exposition – Plateau Chantier des francos / Niort (79),
Vendredi 15 mai au Café–Concert l’Herbe Folle / Fresnes (94),
Samedi 16 mai au Festival Patagaya / Reims (51),
Samedi 23 mai au Festival les 3 éléphants - Le 6/4 / Laval (53),
Mardi 26 mai au Summum de Grenoble (38),
Mercredi 27 mai au Festival Paroles & Musiques à Saint Etienne (42),
Mercredi 10 juin à L’Européen – Paris (75).