44 Photos des Tortures à Guantanamo le 28 mai

44 Photos des Tortures à Guantanamo le 28 mai

Le Pentagone a donné son accord pour diffuser des douzaines de photographies jusqu’à présent classées secret. Elles illustrent les sévices perpétrés par le personnel de l’armée américaine sur des prisonniers suspects de terrorisme. Ces documents ont été déclassés vendredi.

Les images, montrant les écarts commis dans une demi-douzaine de prisons, en plus de ceux qui sont désormais bien connus à la prison d’Abu Ghraib en Irak, seront disponibles à partir du 28 mai, sur la foi du Département de la Défense et le L’Union Américaine pour les Libertés Civiles (ACLU). Un responsable de l’association a déclaré que ces photographies produisent les preuves visuelles que les prisonniers ont été torturés par le personnel américain, non pas de façon occasionnelle, mais tout à fait répandue, et bien au-delà de l’enceinte d’Abu Ghraib. L’ACLU s’est en effet battue pour obtenir la levée du secret défense au sujet de ces documents au nom de la loi sur l’accès à l’information.

Il existe des indiscrétions selon lesquelles au moins certaines de ces nouvelles images montrent des détenus intimidés par les soldats américains, parfois du canon de leur revolver, mais il n’y a encore aucune certitude en ce qui concerne le genre de scènes prises en photo, ni par qui elles ont été prises. Les photographies prises à Abu Ghraib, montrant des prisonniers nus ou dans des positions dégradantes, quelquefois tout près de soldats américains posant d’un air satisfait, ont fait grand bruit dans le monde arabe et causé des ennuis dans la conduite des opérations militaires américaines en Irak. L’état-major et le commandement ont eu beaucoup de mal à persuader l’opinion publique du caractère anecdotique des événements révélés par ces images et à continuer à justifier la légitimité de leur action en Irak.

Pour l’ACLU, la révélation des prochaines photos est nécessaire pour que le public comprenne la portée et les enjeux des sévices sur les prisonniers, aussi bien que pour rendre responsables les hauts fonctionnaires susceptibles d’avoir autorisé ou de permettre de tels abus. C’est en tout cas ce que l’association a produit comme argumentation devant la cour d’appel fédérale, à Manhattan. Le nombre exact des nouvelles images reste encore à connaître. Dans une lettre adressée au juge, le procureur compétent a indiqué que le Pentagone acceptait de diffuser 44 photographies concernant le contentieux, ainsi qu’un nombre important d’autres images recueillies par des enquêteurs de l’armée.

La décision de diffuser les images est intervenue après une longue procédure judiciaire de l’ACLU. La requête de l’association avait déjà été rejetée en 2ème instance, et Robert Gibbs, le porte-parole de la Maison Blanche, a déclaré vendredi que les avocats du Département de la Justice étaient convenus qu’ils ne parviendraient pas à persuader la Cour Suprême de statuer sur le dossier. Le Pentagone s’est opposé au déclassement des photographies, en rapport avec des investigations de 2003 à 2006, parce qu’il était susceptible de mettre en danger les personnels américains à l’étranger, autant que porter atteinte à l’intimité des prisonniers.

La Cour d’Appel cependant, confirmant le premier jugement, a considéré que l’intérêt public à connaître le détail de ces documents était supérieur à une appréhension vague et théorique au sujet des militaires américains ou des détenus. Un porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman, a déclaré vendredi que le Département de la Défense a longtemps considéré que la publication des images pouvait porter atteinte aux missions engagées par les militaires, en les rendant plus difficiles, mais que la situation était à présent moins compliquée, étant donné que l’Irak est plus stable qu’il ne l’était il y a deux ou trois ans. Terry Mitchell, chef de l’unité audiovisuelle du bureau des affaires publiques du Département de la Défense, a déclaré que la planning de diffusion des images était juste en train, mais qu’il n’a eu pas d’information sur les conditions et la synchronisation de leur diffusion.

Quand des photographies des prisonniers maltraités à Abu Ghraib ont été rendues publiques en 2004, montrant des détenus soumis à des humiliations, des intimidations, elles ont causé un grand choc dans l’opinion. Des soldats ont été poursuivis et punis, mais il s’agissait en réalité de comparses. Bryan Whitman estime que plus de 400 personnes sont passées en conseil de discipline pour mauvais traitements sur les prisonniers, avec des dégradations et des réprimandes, jusqu’à des peines de probation ou d’emprisonnement. Les responsables de l’A.C.L.U. considère que la publication d’un plus grand nombre d’images concourra à l’édification du public, et montrera la nécessité de la recherche indépendante en ce qui concerne les sévices sur des prisonniers. De cette manière, les gens verront par eux-mêmes les tortures commises en leur nom, et sera en droit de demander justice pour des officiers de l’armée et des fonctionnaires civils. Il est cependant peu probable que ce vœu soit effectivement suivi d’effets.

 

 


Sauront-ils tout nous dire un jour sur la torture ?
Le malaise a duré si longtemps, car tout s’est tu,
Mais nous avions peur du terrorisme impromptu
Pour lequel nous jaugeons assez mal la structure.

Le monde occidental reste empreint de droiture :
C’est vrai qu’il ne peut pas voir un suspect battu
Sans frein, conduit en laisse ou pour rien dévêtu,
Mais la guerre est terrible et lourde est la facture.

Les moyens de contrainte ont donné tant de mal
Pour transformer le fond de l’homme en animal,
Quand la bête à détruire est juste un tortionnaire.

Nous allons nous pencher sur le sort de l’humain
Car ici le bourreau n’est rien qu’un fonctionnaire,
L’homme avec un vrai sabre et la loi dans sa main.

 

Avec AFP, Reuters et Le Journal de Tintin.