Beyrouth Capitale Mondiale du Livre 2009

Beyrouth Capitale Mondiale du Livre 2009

« Beyrouth lit ». « Beyrouth écrit ». Beyrouth publie ». C’est sous cette « triple identité » que la ville de Beyrouth, désignée capitale mondiale du livre par l’UNESCO pour l’année 2009, envisage de célébrer le livre et ses auteur(e)s. De valoriser les métiers du livre. De promouvoir la lecture. De favoriser « la diversité culturelle, le dialogue et la tolérance ». Et bien d’autres aspects que Madame Sylvie Fadlallah, Ambassadeur permanent du Liban auprès de l’UNESCO et de l’Organisation Internationale de la Francophonie, nous révèle à travers cette parole qui informe et nourrit notre savoir

Le MAGue : Après Madrid et bien d’autres villes, Beyrouth a été choisie par l’UNESCO Capitale Mondiale du Livre 2009. Sur quels critères ?

Sylvie Fadlallah : La ville de Beyrouth, neuvième capitale mondiale du livre a été choisie en particulier « pour son implication en matière de diversité culturelle, de dialogue et de tolérance ainsi que pour la variété et le caractère dynamique de son programme », selon les termes même du comité de sélection.

Le MAGue : Le Liban semble avoir une tradition bien établie de l’écriture. Quel est ce lien historique voire ancestral entre ce pays et l’écriture dans ses acceptions multiples ?

Sylvie Fadlallah : La tradition de l’écriture au Liban remonte bien loin dans le temps. Ce pays peut être considéré comme le berceau de l’alphabet. En effet, le sarcophage d’Ahiram, conservé au musée National de Beyrouth atteste que c’est à Byblos qu’a été crée, au XI siècle avant J.C, l’alphabet de vingt-deux lettres. Cette écriture phénicienne s’est propagée jusqu’aux rivages de la Sardaigne et de Carthage. Elle sera même adoptée au VIII siècle par les grecs qui y introduisent les modifications nécessaires à la transcription de leur langue.
L’ancien ministre français de la Culture, Jack Lang, a écrit dans la préface de son ouvrage intitulé "Le livre et le Liban" : « Chaque fois que nous prononçons le mot de bibliothèque, nous disons le mot de Byblos, petite ville de la côte libanaise que les Grecs ont identifié à la matière même du livre. Dès le IIIe millénaire, sur l’argile et sur la pierre, sur le métal et le papyrus, se sont répandues les premières formes de l’écriture. Ici, vers la fin du XIe siècle avant J.-C., a été inventé l’alphabet consonantique de vingt-deux lettres qui, en apportant à l’expression écrite une simplification décisive, a conquis l’Orient des Grecs, les Etrusques, puis les Latins et, à l’Est, les Araméens, puis les Arabes, chaque civilisation l’adaptant à son génie et à ses langues.

A ce don du Proche-Orient, l’Occident a répondu plusieurs siècles plus tard par l’invention de l’imprimerie qu’une pléiade de savants maronites allait adapter dès le XVIe siècle à l’écriture arabe. »
Beyrouth, c’est aussi l’imprimerie du monde arabe car elle a joué un rôle prépondérant dans la diffusion du livre en Orient et a très largement contribué à la “Nahda“, la Renaissance arabe. Elle abrite aujourd’hui plus de 500 éditeurs qui publient aussi bien en arabe qu’en français et en anglais, une dizaine d’universités réputées, dont l’Université libanaise, l’Université Américaine de Beyrouth (A.U.B.) et l’Université Saint-Joseph, ainsi qu’une multitude de centres culturels.
Et c’est également un havre de liberté pour les intellectuel(le)s du monde arabe. La presse et les écrivains y ont toujours lutté pour les Droits de l’Homme et contre la censure. « Beyrouth - écrit le poète Salah Stétié-, est, par excellence, la ville de tous les dialogues. Elle incarne au plus haut point la fulguration de la rencontre décisive, du rendez-vous créateur. Pour elle-même et pour les autres qui viennent à elle de partout afin d’éprouver la respiration de la liberté, elle est la ville de tous les seuils et de toutes les médiations. »

Le MAGue : Le 23 avril 2009 marquera la fin de la phase préparatoire et le début de la phase opérationnelle. Quel est le bilan de ces préparatifs à la veille de cet évènement à la fois culturel et éducatif ?

Sylvie Fadlallah : Le Liban souhaite accorder à cet événement l’importance et l’envergure qu’il mérite, et il est enfin prêt pour le lancement de l’année « Beyrouth capitale mondiale du livre 2009 » qui se déroulera d’abord, selon la coutume, le 23 avril à Paris, au siège de l’UNESCO avec la participation du Directeur Général, du Ministre libanais de la Culture et du Maire de Beyrouth. De même, une cérémonie officielle de lancement de cette année se fera au Liban le 25 avril sous le haut patronage et en présence du Président de la République libanaise Son excellence Michel Sleimane.


Le MAGue :
Quels sont les objectifs principaux de cette manifestation mondiale culturelle ?


Sylvie Fadlallah :
Comme vous le savez, cette manifestation mondiale culturelle se fait autour du livre et de l’incitation à la lecture. Cette manifestation a donc trois objectifs.
Le premier concerne les éditeurs et libraires et ainsi le renforcement du secteur du livre au Liban avec une attention particulière accordée aux livres de jeunesse. Le second objectif implique les écoles et leur promotion de la lecture. Le troisième quant à lui concerne l’adoption d’une approche diversifiée de la culture avec l’invitation d’écrivains des pays qu’elles représentent, en collaboration avec les ambassades.
A l’occasion de cet événement culturel, des poètes allemands, mexicains, des romanciers français, des éditeurs italiens, égyptiens, des designers espagnols, des illustrateurs suisses, des professionnels du livre hollandais, des libraires algériens, marocains syriens, tunisiens, émiratis sont attendus au Liban à partir du 23 avril.


Le MAGue :
Cet événement mondial semble être porteur d’une dynamique culturelle très riche et dense …

Sylvie Fadlallah : A cet effet, plus de 120 projets ont été sélectionnés tout au long de ces 12 mois. Toute une série d’activités est prévue autour des métiers du livre, de la promotion de la lecture auprès des jeunes et moins jeunes, et de la diversité culturelle. Le ministère de la Culture a adopté une politique de partenariat pour associer le plus grand nombre d’organismes possibles : ministères, ambassades, intellectuels, ONG’s, instituts culturels, etc.. afin de créer une véritable dynamique culturelle au niveau national. Je vous invite à consulter le site web de cette manifestation www.beirutworldbookcapital.com

Pour en savoir plus :

Site du ministère de la culture : www.culture.gov.lb/.

Municipalité de Beyrouth, partenaire principal : www.beirut.gov.lb/www.beirut.gov.lb/

ASSABIL, Les amis de l’Association des Bibliothèques publiques : www.assabil.com