La Sécurité selon Sarkozy ne plaît pas à Bruno Gollnisch

La Sécurité selon Sarkozy ne plaît pas à Bruno Gollnisch

Quel sera l’impact du déplacement du président de la République mardi, placé sous le signe de la lutte contre les violences et l’insécurité ? Visite d’un commissariat à Nice, revue de détail des forces de police, table ronde sur le thème choisi, aréopage ministériel en prime… Le MAGue a demandé au n°2 du Front National, Bruno Gollnisch, député européen en campagne, de nous dire si Nicolas Sarkozy ne va pas siphonner ce qui lui reste en potentiel électoral, en prévision des élections européennes qui approchent à grands pas :

Le MAGue : Que pensez-vous des propositions de Nicolas Sarkozy en matière sécurité ?

Bruno Gollnisch : Dans le domaine de la sécurité comme dans d’autres, Nicolas Sarkozy mène une politique d’apparence. Il se saisit d’un problème qui existe réellement, il fait un pas vers la solution de ce problème, mais il ne va pas au fond et il passe ensuite à un autre sujet. En l’occurrence et en matière de sécurité, il ne s’agit pas d’ajouter toujours des lois à des lois existantes. En fait, jamais les crimes et les délits n’ont été aussi importants qu’aujourd’hui. Il y en d’ailleurs plus encore qu’au moment où la Gauche et Lionel Jospin étaient aux affaires. Nous vivons une période de régression en ce qui concerne la protection des biens et des personnes, qui tient à la dépénalisation et la "contraventionnalisation" — je ne sais pas si le terme existe, mais les faits sont là — des crimes et des délits. Par exemple, un chèque sans provision n’est plus considéré comme un délit, alors qu’il l’était auparavant. Il en résulte une distorsion des statistiques de l’Insee et du ministère de l’Intérieur, qui invite à communiquer en mettant l’accent sur un point de vue avantageux pour le gouvernement. Mais les statistiques officielles des infractions avec violence elles-mêmes sont en augmentation ! Il ne faut pas non plus occulter le fait que bien des gens ont peur de porter plainte ou sont las du manque de suivi judiciaire accordé à leurs plaintes. Quand beaucoup n’en sont pas dissuadés !

Le MAGue : Quelles seraient alors vos propositions en matière de sécurité ?

Bruno Gollnisch : La dépénalisation des délits permet de juger les délinquants plus rapidement, mais l’effet pervers d’une telle tendance est qu’elle fait baisser les statistiques artificiellement. Il serait plus sain de prendre un certain nombre de mesures, comme l’expulsion les multirécidivistes lorsqu’ils ne sont pas français. Ce serait une mesure extrêmement dissuasive. Pour les autres, il faudrait envisager la déchéance de la nationalité française. Je suis pour la double peine, au contraire de Nicolas Sarkozy, car elle est légitime dans la mesure où il y a un double délit, avec la violation de l’hospitalité française. Si au Japon, mes enfants s’étaient rendus coupables de l’agression d’un chauffeur de bus, les autorités m’auraient intimé l’ordre de quitter le pays, compte tenu des circonstances.

Mais il n’y a qu’en France où l’on y voit un problème. D’autres mesures tiennent à l’ouverture de l’Europe, car des ressortissants de certains pays de l’union européenne mènent une existence nomade. Je suis également choqué par ce qui s’est produit à Strasbourg. Que des gens viennent de l’étranger pour protester en France, mais surtout pour tout casser et se battre avec les forces de l’ordre, je trouve ça tout a fait anormal ! Par ailleurs, les manifestations n’ont pas été bien encadrées, et tous les fauteurs de troubles poursuivis. Ce sont surtout ceux qui courraient le moins vite qui ont atterri au tribunal. Enfin, On prévoit des réparations, mais on ne fait rien en réalité. Je l’ai d’ailleurs vécu à Strasbourg du temps de Catherine Trautmann, qui avait appelé à manifester contre notre congrès de 1998. Sachant que des milliers de manifestants d’extrême-gauche, venus notamment d’Allemagne saccagerait la ville, elle avait passé commande à l’avance aux vitriers, chargés de réparer dans la nuit les dégâts effectivement commis sur plus de 30 commerces.

Le MAGue : Quelles sont d’après vous les motivations de Nicolas Sarkozy pour recentrer le débat sur la sécurité ?

Bruno Gollnisch : Nicolas Sarkozy est un homme qui fait des coups, et déploie une activité médiatique. Mais c’est une activité d’apparence. Il n’y a pas besoin de loi supplémentaire pour protéger les établissements scolaires en particulier, et les gens en général. Il y a d’ailleurs assez de lois en France, qui ont été votées, mais qui ne sont pas appliquées. Faire des lois, c’est pour beaucoup d’hommes politiques l’alibi de leur impuissance ! Il existe en revanche une réelle inquiétude de la classe politique, celle qu’un retour de flamme ne se manifeste à l’occasion des européennes. On voit en ce moment le PS et l’UMP extrêmement discrets. Je pense qu’ils font tout ce qu’ils peuvent afin que les mécontents s’abstiennent. Parler de sécurité aujourd’hui, c’est en fait occulter les enjeux véritables des élections européennes. Mettre un coup de projecteur sur les points où l’incapacité manifeste de la classe politique s’est révélée lui permet paradoxalement de s’exonérer de ses responsabilités.

 

 


La France a peur, nous dit un soir le journaliste,
Et peur de quoi ? Du peu d’emploi en prévision
Ou des brigands, dont nous présente à profusion
Le tableau blanc qui seul fait foi pour l’analyste ?

Le crime est peu de chose hélas : un bon styliste
Sans gloire en tire un très beau titre à l’occasion,
Mais l’horreur s’est trouvée aussi dans sa vision
De notre espèce humaine ivre en fait sur sa liste.

Moins la loi est terrible et moins l’est le vaurien,
Car la sanction n’est rien pour celui qui n’a rien,
Et le bourgeois dans sa maison est très farouche.

Un seul danger pour un pouvoir trop peu présent
Reste à demeure à moins de dire au chiffon rouge
Qu’il se montre aux dépens d’un vilain malfaisant.