Les Éléphants du PS font grise Mine à l’Europe

Les Éléphants du PS font grise Mine à l'Europe

L’éventualité d’un meeting à Nantes, où Ségolène Royal retrouverait Martine Aubry à la tribune a fait long feu. C’est Benoît Hamon qui a lancé l’idée, ou le buzz, ou inversement. En réalité, il l’a sorti de son chapeau sans rien demander à personne.

La campagne pour les élections européennes s’est enrayée avant même d’avoir commencé. Pour beaucoup de citoyens français, l’union européenne signifie à l’heure actuelle plus de délocalisations, plus de licenciements, plus de règlements compliqués, sans compter qu’elle leur rappelle aussi la formidable arnaque du référendum du 29 mai 2005. Pour le moment, le problème est de sauver son emploi par tous les moyens possibles, même légaux… Autant dire que l’idée de se rendre aux urnes n’effleure l’esprit de personne !

C’est d’ailleurs la thèse qui fleurit en ces temps difficiles sur la blogosphère : chacune des têtes de liste militerait pour obtenir un taux d’abstention record, en tout cas supérieur à 50%, de manière à s’en sortir avec un maximum de suffrages positif, quel que soit son camp. Le syndrome du référendum européen leur aurait fait pressentir que les partis européistes totalisent généralement entre 60% et 70% des voix aux élections européennes dès que le taux d’abstention tutoie les 50%, alors qu’ils étaient minoritaires le 29 mai 2005, ne réunissant sur le oui à la constitution européenne que 45% des électeurs, dans un contexte de forte participation, l’abstention n’excédant pas 30%.

Ségolène Royal : ne s’est pas engagée dans la campagne, par fidélité au mandat unique d’abord, mais surtout parce qu’elle a fort à faire dans sa région Charentes-Poitou pour préserver les emplois qui subsistent encore. De toute façon, elle n’a qu’une idée en tête, devenir la 1ère femme président de la République française, et une seule date : 2012. Et quoi qu’il arrive le 28 avril, ses plus fidèles soutiens se trouvent en position éligible sur les listes électorales, bien que souvent dans une situation contraire à leurs propres aspirations.

Martine Aubry : a compris maintenant que son heure n’est toujours pas venue. Ça tire à hue et à dia rue de Solferino, et son premier objectif est de mettre la main sur le parti, mais pour de vrai. Elle vient d’engager à cet effet Laurence Girard au poste de secrétaire général du PS, une ancienne élève de HEC, cadre supérieur de banque et militante associative pour le micro-crédit. Rien du profil de gauchiste, en somme ! L’objectif de la cheftaine de Solferino est déjà de purger le parti des éléments déviationnistes, en écartant les récalcitrants. Vincent Peillon en a fait les frais, préférant avaler une couleuvre plutôt que de claquer la porte du PS.

François Hollande : hors course désormais, le précédent Premier secrétaire du PS cherche à trouver le moyen d’y revenir, avec en ligne de mire les élections présidentielles de 2012. Pour ce faire, il faut faire du bruit, d’où l’appel du pied à François Bayrou et au MoDem… Le flirt n’ira pas loin, tant les deux hommes campent dans leurs positions d’adversaires traditionnels ! Il s’agit seulement d’appeler les projecteurs à se braquer sur sa personne l’espace de quelques jours, histoire de prouver qu’il existe encore. Mais pas question d’aller s’exiler à Strasbourg !

Benoît Hamon : est l’étoile montante. Déjà député européen, rien ne l’empêche de rempiler. Il est également porte-parole du PS, et il a déjà placé ses pions au siège du parti pour le rester. C’est d’ailleurs lui qui donne le ton décalé de la campagne ces jours-ci, en appelant à un vote sanction contre Nicolas Sarkozy : ce que nous n’avons pas pu obtenir par la mobilisation sociale, eh bien il faut essayer de l’arracher par les urnes, a déclaré Benoît Hamon mardi à la radio. Partisan du non au référendum européen, il est bien le seul aujourd’hui au PS à se trouver en phase avec une bonne partie de l’électorat. Mais forcément, le projet qu’il a pour ces élections est strictement national.

Jean-Luc Mélenchon : ne changera pas son siège de sénateur pour celui d’un eurodéputé ! Mais le scrutin du 28 mai servira de test pour son tout nouveau Parti de Gauche, et il est bien le seul parmi les socialistes à ne pas pouvoir faire l’impasse sur cette consultation. C’est pourquoi Jean-Luc Mélenchon reprend le chemin là où il l’a laissé après le référendum européen du 29 mai 2005, soit 4 ans après jour pour jour. Naturellement, son discours reste identique !

 

 


À pas comptés vers la campagne électorale,
Les ténors des partis n’ont pas d’inspiration
Car d’action politique, ils ont eu leur ration
Et d’ailleurs à présent partout le peuple râle.

L’indifférence, à leur décharge, est générale
Quand tout le monde est en état d’aberration
Et les esprits ne sont pas pris par leur nation,
Car surgit le reflet d’une ambiance immorale.

Que dire aux citoyens dans un proche avenir
Si les élus d’un jour n’ont rien à leur fournir ?
Rien de bien palpitant, ni de grand à vrai dire.

Ils font pour le moment juste un amer constat
Voilà pour tout regret ce qu’on a pu prédire :
Ces scrutins n’ont jamais fait un bon résultat.