L’incroyable Talent de Susan Boyle

L'incroyable Talent de Susan Boyle

Elle est devenue l’espace de quelques secondes la révélation musicale de Grande-Bretagne et fait depuis le tour du monde sur les sites Internet de partage de vidéos : Susan Boye, au chômage à 47 ans, au physique rond et commun, a fait un tabac sur le plateau de l’émission télévisée Britain’s got Talent, et prouve en ce moment à tout le monde que la beauté intérieure est une réalité.

L’émission de télé-crochet a servi de modèle à Incroyable Talent diffusé en France sur M6. Des gens postulent pour prouver en public qu’ils possèdent un talent caché, ce qui bien souvent forme le prétexte à moqueries et rires gratuits de la part de l’assistance, d’autant plus que les impétrants sont ensuite passés à la moulinette par un jury composé de célébrités.

Lorsque Susan Boyle s’avance sur scène, c’est le silence dans la salle : l’assistance aperçoit cette femme de 47 ans, un peu gauche, un peu ronde, et se demande ce en quoi pourrait bien les épater en cette personne qui a tout de la femme de ménage, ou de la personne suivante dans la file d’attente à la caisse du supermarché ! Elle rit ensuite alors qu’elle répond sincèrement aux questions du présentateur, et lui avoue qu’elle est sans emploi et n’a jamais embrassé un garçon. Son rêve, affirme-t-elle d’une voix mal assurée, est d’être chanteuse, et c’est bien là l’occasion de le réaliser. On entend glousser dans le public, et les téléspectateurs observent les moues dubitatives des jurés.

En effet, Susan Boyle révèle un talent formidable au moment même d’entonner les premières mesures du tube I Dreamed a Dream de la comédie musicale Les Misérables… Une voix claire, sans faille s’échappe alors de sa gorge profonde, et le public est immédiatement conquis. À la fin de la prestation, le public s’est immédiatement levé pour réserver une standing ovation à Susan Boyle, alors que les célébrités composant le jury sont demeurées bouche bée. Elle est devenue la révélation de la soirée, avant d’être celle du monde entier.

Car très vite, les commentaires fusent sur le réseau mondial, chacun cherchant à faire partager ce phénomène à son entourage, à produire — comme si le besoin pouvait encore se faire sentir — un témoignage supplémentaire de ce miracle de la nature. De fait, la vidéo de sa prestation est visionnée 2.485.245 fois en 72 heures, selon le quotidien britannique The Telegraph, et d’heure en heure, de nouvelles chroniques relaient la démonstration d’un miracle, selon lequel un talent si peu commun s’est révélé chez une personne tellement commune.

Nous entendrons certainement parler de Susan Boyle encore longtemps, car il ne fait pas de doute qu’un producteur se penche déjà sur son cas. C’est bien sûr le rôle de ce genre d’émission, mais il est tellement rare qu’un tel talent surgisse ainsi du néant. Espérons cependant que celui de Susan Boyle ne sera pas utilisé comme un phénomène de foire, et que sa détentrice saura l’utiliser à bon escient et à son profit comme Joanne K. Rowling sut le faire ! Et que cette prestation télévisée hors du commun est le prélude à une longue série d’étonnement.

 

 


Un talent se retient de trop luire et souvent,
Il se tient dans le coin caché de notre envie
Où cette inclination n’est pas vite assouvie
Mais il faut avancer aussi tout droit devant.

Si le regard d’autrui se montre assez savant
Pour refuser de voir qu’un aspect le convie
À s’arrêter d’abord pour ne pas qu’il dévie,
Quand la plupart des cas un filon est vivant.

Si chacun cache en lui les contours du génie
En s’excusant lui-même à ce motif qu’il nie
Les regards méprisants au rempart du destin,

Rien n’ira jamais bien sans la belle exigence
Qui refuse à quiconque un entrain de pantin,
Et lui promet de jouir un jour à l’indulgence.