Chasse aux phoques : le Canada doit se montrer responsable !
Face à l’effondrement du marché de la fourrure de phoque (la valeur d’une peau ne vaudrait pas plus de 15 $), consécutif à la prochaine interdiction européenne d’importer et de commercialiser les produits dérivés du phoque, les autorités canadiennes doivent urgemment se montrer responsables et ne plus soutenir aveuglement une industrie moribonde qui coute, aux Canadiens, bien plus qu’elle ne rapporte.
Les massacres observés ces derniers jours sur la banquise ont renforcé la volonté des instances européennes à ne plus être complices. Alors que les positions étaient encore très partagées début mars, l’augmentation des quotas d’abattage puis les menaces proférées par le Canada envers l’UE ont eu pour effet d’orienter le débat vers une stricte interdiction.
La décision européenne est parfaitement légitime et cohérente, elle répond à l’attente des citoyens et s’inscrit dans la droite ligne du plan d’action communautaire sur la protection et le bien-être des animaux, adopté en 2006, qui a déjà conduit à la prise d’un embargo européen sur les fourrures de chats et de chiens.
Si le Canada devait porter plainte devant l’OMC contre l’Union Européenne, alors il devra également porter plainte contre les Etats-Unis et contre tous les autres pays qui interdisent déjà le commerce des fourrures de phoques.
Pour défendre l’indéfendable, les partisans de la chasse aux phoques ne reculent devant rien, pas même le ridicule. Après avoir prétendu que les phoques étaient responsables de la disparition des morues (le ministère canadien des Océans et Pêches a toutefois fait marche arrière devant l’énormité de cette contrevérité), certains n’hésitent pas aujourd’hui à vanter les vertus miraculeuses que pourrait avoir une hypothétique utilisation de valves coronariennes du phoque en chirurgie cardio-vasculaire humaine… Ceci n’est pas seulement ridicule, c’est profondément scandaleux !
Des valves artificielles sont utilisées en chirurgie, il n’y a donc aucune raison de recourir aux valves d’origine animale. Ce « bricolage », outre le fait d’être éthiquement irrecevable, représenterait un danger réel pour le patient et ne pourrait de toute façon, si l’on se réfère à la réglementation communautaire, être validé au sein de l’UE puisqu’une méthode alternative existe déjà.
Il est donc plus que temps de tourner la page sanglante du massacre des phoques sur la banquise, et dans son dernier appel à Stephen Harper, Brigitte Bardot demande au Premier Ministre canadien de ne plus défendre cette industrie moribonde « qui fait honte au Canada, honte à l’humanité toute entière ».
L’Europe doit encore peaufiner son futur règlement, car si la dérogation autorisant l’importation des produits issus d’une chasse « non cruelle » semble définitivement rejetée par les instances européennes, le débat n’est pas clos quant à l’exemption Inuit qui pourrait être élargie aux autres populations dépendant directement de la chasse.
La Fondation Brigitte Bardot, membre d’Eurogroup for Animals, et l’association IFAW sont intervenues, dès novembre 2008, auprès des instances européennes pour réclamer une définition stricte de l’exemption Inuit qui doit se limiter à une chasse « de subsistance » et ne pas être assimilée à une chasse commerciale. Plusieurs amendements ont été présentés visant à limiter la portée de l’exemption « à l’utilisation coutumière et traditionnelle, par les communautés Inuits, de produits dérivés du phoque pour leur consommation personnelle ou familiale directe ».
Partant de ce principe, la chasse de subsistance n’a pas à faire l’objet d’un commerce international, ce qui justifie d’autant plus l’adoption d’un règlement interdisant strictement, sans dérogation, l’importation et le commerce des produits dérivés du phoque.
Résultat début mai…