Le Financement de la Relance au Point Limite

Le Financement de la Relance au Point Limite

Nicolas Sarkozy fait le point vendredi avec les dirigeants des banques françaises en vue de mettre en pratique les décisions prises au cours du G20 de la semaine dernière. Mais le patron de la banque centrale européenne a prévenu : il y a aussi des limites de confiance.

Avec Henri Heuliez, nous avons construit 10 usines et déposé plus de 750 brevets. À présent, 2.000 emplois sont en jeu ! Ce sont les propres mots du chef de la famille Queveaux, qui, malgré les bons offices de l’ensemble du personnel politique pour trouver une solution de sauvetage pour le carrossier, n’a pas voulu remettre au pot dans une sortie de crise. L’automobile en France : faut-il y croire encore ? L’attitude des constructeurs automobiles tend à montrer que non. Les financiers n’y croient guère, et c’est aux pouvoirs publics de faire des pieds et des mains auprès des entreprises autrefois publiques afin d’envisager une reprise d’activité.

Le gouvernement annonce que le Fonds Stratégique d’Investissement (FSI), après s’être fait tirer l’oreille, va finalement intervenir à hauteur de 10 millions d’euros dans le groupe, en mettant Électricité de France (EdF) à contribution. Mais la famille Queveaux, propriétaire de l’entreprise, n’a pas souhaité s’associer à un nouveau tour de table destiné à la recapitaliser. Heuliez est une entreprise en difficulté, en situation de sous-charge considérable, qui fait face à des échéances de liquidités à très court terme, mais dont le projet relatif aux véhicules électriques peut présenter des solutions d’avenir, affirme Gilles Michel, le directeur général du FSI. Plus sérieusement, la présidente de région Charentes-Poitou est déjà suffisamment remontée pour ne pas remettre un peu d’huile sur le feu du débat politique.

Dans les faits, le FSI doit compter avec les marges de manœuvre que lui autorise la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDC). Or, celle-ci accuse en 2008 la première perte de son histoire, ce qui s’avère plutôt inquiétant pour un établissement public créé en 1816 ! Elle accuse une perte sèche de 1,5 milliard d’euros, en raison de la chute des marchés financiers et du coût du sauvetage de la banque Dexia. Bras armé de l’État français en matière de liquidités, la Caisse des Dépôts a aussi participé, le 30 septembre 2008, au renflouement de Dexia, injectant à elle seule 2 milliards d’euros dans la banque franco-belge, sur les 6,4 milliards apportés par la France, la Belgique et le Luxembourg.

En panne d’argent frais, la CDC va prochainement transférer au Fonds Stratégique d’Investissement, dont elle détient 51% des parts, des participations qu’elle détient dans des groupes cotés. François Fillon, après avoir été moqué pour pronostiquer un État en faillite en 2007, va bientôt passer pour un visionnaire… La CDC apparaît très embêtée dans ses explications : les comptes de la Caisse des dépôts ont été affectés par des provisions liées aux normes IFRS et par des tests de dépréciation sur des titres qu’elle n’a pas vendus, mais se défend de dire qu’ils sont constitués d’actifs toxiques. Mieux vaut la croire en attendant la publication de ses résultats le 16 avril.

Pour l’ensemble de l’économie française, les crédits aux ménages se sont de nouveau contractés en février, selon les chiffres publiés jeudi par la Banque de France. En cumul sur 12 mois, ils ont reculé de 25,9% en un an, pour atteindre 149,0 milliards d’euros contre 201,1 milliards en février 2008 et 154,1 milliards en janvier dernier. La contraction concerne surtout les crédits à l’habitat, dont la production cumulée sur 12 mois a baissé de 32,6% en un an, à 97,3 milliards d’euros contre 144,3 milliards un an plus tôt et 101,9 milliards en janvier. Les crédits à la consommation ont reculé pour leur part de 9,0% à 51,7 milliards d’euros, contre 56,8 milliards un an plus tôt et 52,2 milliards en janvier. Ceux accordés aux sociétés non financières se sont contractés de 8,5% par rapport à février 2008 à 280,9 milliards en cumul sur 12 mois contre 306,9 milliards un an plus tôt et 286,3 milliards en janvier. Au total, l’ensemble des contrats nouveaux s’est établi à 429,8 milliards d’euros contre 508,1 milliards en février 2008 et 440,3 milliards en janvier dernier, soit une baisse de 15,4% en un an.

Pour Jean-Claude Trichet, président de la banque centrale européenne, les plans de relance décidés d’une manière générale sont suffisants. C’est en tout cas ce qu’il a déclaré dans un entretien à la télévision jeudi, mais la réalité des faits montre le contraire. Si peu convaincu de ce qu’il avance, il prévient néanmoins : cette année est une très mauvaise année avec des chiffres négatifs très impressionnants. Il en appelle alors au carburant virtuel de l’économie, la confiance : mais ça dépend de nous, ça dépend de ce que nous faisons, ça dépend du retour de la confiance, a-t-il ajouté. Pour ce faire, nos concitoyens ont confiance s’ils voient qu’on prend des décisions immédiates, importantes, mais aussi que l’on retourne à l’équilibre dans une perspective de moyen terme. L’équilibre budgétaire, cependant, signifie rigueur, tour de vis social, assèchement des subventions publiques. Et à la clé, le retour au chômage de masse… De bien riantes perspectives !

 

 


Pour les uns la fortune est au coin de la rue,
Il convient de l’attendre en se serrant la vis,
Les dirigeants nous ont tous donné un avis :
Alors contentez-vous de pousser la charrue !

La banque est mal à l’aise et cache sa verrue
Sous des traits patelins et de beaux airs ravis
Quand pour ces directeurs à présent asservis,
Pourvoit leur bonne étoile à la peine apparue.

Avec un bon salaire ils sont souvent pourvus
Des défauts du crédit s’ils ne les ont pas vus,
C’est qu’ils n’en ont vraiment pas très envie !

Et des soucis d’argent les manants sont servis
Or, ils n’ont pas le choix de rafler dans la vie
Plus de sous que certains qui en sont assouvis.