The BIG FISH

The BIG FISH

Retour du grand brun aux habits noirs, dans un film, non-commandé, beaucoup plus personnel que son revisitage de "La Planète des Singes".

Premier avertissement tout particulier à mes lecteurs de critique : préparez vos mouchoirs. Vos papiers froissés, vos petits kleenex qui vous serviront tour à tour à rire et pleurer. Je suis un grand pourfendeur de la mièvrerie crasse des bons sentiments mais je suis aussi un être humain qui vibre derrière ma carapace anti-superficielle. Autant je reste de marbre face au manichéisme bête de « Forest Gump », autant « Big Fish » est une merveille.

Contrairement au premier nommé, qui essayait de faire passer un ’original’ pour l’exemple de la grandeur sociale se moulant dans la normalité, l’excentricité des personnages de Tim Burton ne sert qu’à montrer une universalité difficile à tenir : vivre avec ses tares, survivre dans un monde meilleur, montrer ses fêlures, les exploiter, les sublimer à seule fin de se soigner.

Car voilà bien le point fort d’un film burtonien : il est systématiquement tellement beau dans l’émotion transmise qu’il rompt les digues de nos maintient. Bien sur chialer comme un môme à la fin d’un film ne fait pas sérieux mais le réalisateur nous fait traverser la vie d’un homme à travers les névroses que peuvent avoir tous les enfants de la terre. Toutes les peurs, déjà présentes dans ses meilleurs films, comme la forêt de nuit, la sorcellerie, l’obscur lumineux.

Burton n’a jamais grandi et c’est pour cela qu’on l’aime. Pour ses mélanges de genres. Pour sa culture US tentaculaire mais douce. Pour l’universalité de son cinéma.

Les images sont excellentes. Les acteurs sont généreux. Jessica Lange est sublime, Ewan McGregor prend une dimension autrement plus sympathique que lorsqu’il va fricoter avec la force d’un navet intergalactique. et les trouvailles techniques telles que la façon de filmer un coup de foudre est prodigieuse de vérité. L’histoire où les mythes et réalités s’entrecroisent d’une façon tellement fluide qu’on se perd agréablement entre le vrai du faux, et ne mérite qu’un 20/20.

Je ne peux que vous conseiller ce film. N’allez pas le télécharger sur Internet, foutez la paix aux Divx, n’attendez pas 6 mois pour le DVD. Il mérite de faire « l’effort » de se voir en salle. Uniquement pour que le réalisateur puisse encore filmer dans l’avenir des thèmes aussi brillants. Recommandez le, à vous même, à ceux que vous aimez, aux autres aussi, pour leur rendre un peu d’humanité et garder pour vous toute cette chaleur sur la vie et la mort qui se dégage pendant plus de 2 heures. Foutez de jolies choses sur ce forum (pour une fois) et forcez les sceptiques.

THE BIG FISH, Tim Burton

THE BIG FISH, Tim Burton