Merci patron pour ton invitation à coucher à la maison

Merci patron pour ton invitation à coucher à la maison

J’ai lu dans un dernier papier sur Le Mague, que c’était très tendance de donner allégeance et le bout de gras à ses travailleurs, lorsqu’on était patron. Même que, j’ai essayé de me mettre à leur place et ça m’a inspiré quelques modestes réflexions, du modèle éthéré : vivre ensemble.

On vit une époque formidable, y’a pas à dire. Tous les médias courtisent à présent le gentil patron sommé de raconter ses souvenirs de réunion entre amis dans son bureau. Messe par si, messe par la, vous savez bien, du style du patron qui invite ses ouvriers à dîner, voir même à coucher dans son antre en sa frugale compagnie. Ce n’est pas toujours présenté aussi gentiment sur le ton badin qui badine et jospine, je vous l’accorde. Il n’empêche, avec ce début de printemps qui s’annonce très chaud, c’est devenu une mode par chez nous. Déjà que Giscard et son accordéon avait accordé ses violons à l’invite dans les années 70…

Quand c’est une visite surprise, faudrait quand même pourvoir aux petits fours et au champagne. Objectif : faire pèter la roteuse et sabrer le massacre de l’outil de travail de nos chers travailleurs volontaires soumis aux diktats des emprunts à rembourser : la maison, la niche du chien, la voiture et surtout le dernier modèle du téléphone portable, du deux en un : grille pain / grille la gueule au chalumeau. Je passe sur les frais et la combustion des couches des marmots qui ne perdent pas aux changes de nos grand-mères, qui ne s’appelaient pas toute Denis et lavaient, elles, le linge à la main sans que la couche d’ozone ne sème sa zone.

Même que c’est pas toujours du goût de Madame d’avoir autant d’invités crados qui sentent l’huile de coude et la transpiration. Ils ne se sont même pas changés pour le dîner aux chandelles, sur le ton de la révolution en chantant. Même que dès fois, y’a de la vaisselle de cassé. « Vaisselle cassée, c’est la fessée », sauf que la chanson elle n’est pas de bon aloi. C’es pas vous qui recollez les morceaux de porcelaine, ça se voit. C’est la bonne qui le dit ! Il y a suffisamment de friture sur la ligne pour ne pas en rajouter. Heureusement qu’il y a le grand sauveur des familles des entrepreneurs et autres saigneurs immémoriaux. J’ai nommé le DRH qui compte jusqu’à dix sur l’échelle de Richter de la revalorisation de l’outil de travail bien mis à mal avec cette crise « sociétale », comme disent les commis de la République croupière lorsqu’ils causent avec des liaisons sur ma radio préférée.

Et puis aussi, autres mœurs ! Les pommes de terre en robe des champs à tous les repas, ce n’est pas bon pour le teint et le transit intestinal. Ce coup-ci le DRH est impuissant. C’est la nutritionniste familiale qu’il faudrait inviter pour expliquer à ces manants de l’hygiène corporelle à l’eau de vaisselle, comment on se nourrit si on ne veut pas pourrir de l’intérieur. Seulement, ils ne l’entendent pas toujours de la même façon. Ils vocifèrent des indemnités de départ mirobolantes qui défenestreraient le train de vie TGV de monsieur Patron bien installé.
Je ne sais plus quel président de la Réplique a dit, qu’il fallait retrousser ses manches dans un effort de solidarité générale ! Il avait raison. Qu’est-ce qu’on leur apprend à l’école publique à nos bons petits soldats de l’économie de marché morose ?

Heureusement que les nuits ne sont plus aussi fraîches, parce qu’en plus de les loger / nourrir, nos bons prolos, s’il fallait réchauffer leur cœur endolori ? Quand Madame est repassée après le déluge dans les cabinets d’aisance, ce n’était pas Byzance. Comme si en plus de nous faire chier leur présence mâle odorante, il eut phallus qu’ils saccageassent nos fosses sceptiques !
C’est toute l’éducation du bon populo qui est à refaire et si ça continue, c’est une bonne guerre qu’il leur faudrait. Avec en première ligne les syndicalistes, les immigrés et tous les casseurs noirs rouges et verts et ça en serait enfin fini de toute cette chienlit.

Tout est calme, reposé. J’imagine enfin le repos des braves patrons généraux d’industrie qui dormiraient à nouveau sur leurs deux oreilles et qui pourraient péter tranquilos dans la soie et forniquer sur le CAC 40. À l’aise je baise !

« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant »……. d’une fange étrange et sans saveur qui irait vautrer sa carcasse dans les fossés d’une nouvelle ligne Maginot qui par un coup de baguette magique arrêterait la crise du Grand Capital et qui comme un cheval fou hennirait à la Bourse ou la vie. Et qui, et qui , équité mon cul sur la commode. Bien fait pour vos tronches d’humanos, toutes et tous subordonné(e)s au travail salarial de chacal. Je me marre et je compte les points dans la gueule lors de votre retour du grand bal. Et vive la sociale !

(À suivre)…