Les Manifestants masqués font flipper Mamie

Les Manifestants masqués font flipper Mamie

À 63 ans, Michèle Alliot-Marie est plus à l’aise avec les molosses qu’en ce qui concerne les militants contestataires plus dévastateurs qu’une horde de Huns œuvrant à coup de barres de fer et de cocktails Molotov en marge des manifestations. Après avoir fait pschitt avec la cellule invisible, elle se lance à l’assaut des casseurs qui font partir les défilés revendicatifs en Schweppes.

Les habitants du quartier du Port-du-Rhin, à Strasbourg, ont défilé mercredi devant l’immeuble calciné de l’hôtel Ibis, devenu symbole de l’incapacité des pouvoirs publics à protéger les populations civiles des casseurs venus exprimer de manière éclatante les revendications des citoyens qui refusent l’intégration au commandement de l’OTAN. Force est de constater que les protestations des riverains se manifestaient plutôt à l’égard des autorités qu’en direction de ceux qui se sont rendus coupables de voies de fait et de destruction de biens. Stupéfaction du ministre de l’Intérieur, qui, soit dit en passant, préfère qu’on l’appelle Mme le ministre, à l’ancienne, quand des gens viennent cagoulés dans des manifestations, ce sont eux qu’il faut condamner !

En effet, MAM est très déçue de s’apercevoir que la manipulation à laquelle s’est livrée le pouvoir politique au cours du sommet de l’OTAN ait foiré lamentablement, et se soit retournée contre ses initiateurs. Du coup, la boîte à idées répressive est mise en place dans les couloirs du ministère et des assemblées, afin de trouver une parade éventuelle à des débordements qui ne manqueront pas de se reproduire lors des prochaines manifestations. Le gouvernement a peur d’une explosion sociale, et d’avoir mis la Gauche parlementaire à terre, après avoir été une habile manœuvre politique, devient un danger pour la droite décomplexée. Avec la crise et les licenciements, les tensions sociales deviennent de plus en plus difficiles à gérer, tandis que les éléments les plus radicaux attendent au coin du bois.

Formée au maintien de l’ordre dans la gendarmerie, une source nous précise que son arme est réputée plus à gauche que la police, qui vote à droite par tradition. Mais les gendarmes sont bien souvent issus des couches les plus modestes de la population, et certains de ceux qui n’ont pas poursuivi leur carrière ont mis en application les méthodes apprises en peloton du côté des manifestants. Mais aujourd’hui, la police n’a plus le vent en poupe, et la base, pressée par le précédent ministre de l’Intérieur, a du vague à l’âme. Les forces de l’ordre sont-elles aussi opérationnelles, aussi fiables qu’auparavant ? Rien n’est moins sûr…

Dans la boîte à idées du gouvernement, MAM souhaite interdire les cagoules chez les manifestants. Je constate qu’à l’intérieur des manifestations, il y a un certain nombre de gens qui viennent pas du tout pour la manifestation mais, profitant d’être dissimulés derrière des cagoules, pour commettre un certain nombre d’exactions, a remarqué Michèle Alliot-Marie à l’issue du Conseil des ministres. On se demande bien comment, mais peu importe. Les cagoules sont portées par les jeunes des cités pour couper les traits du visage, nous explique l’ancien gendarme : c’est pour éviter de se faire reconnaître sur une photo. Mais c’est aussi une vieille ficelle du manifestant qui est venu là pour en découdre. À l’époque où Nicolas Sarkozy faisait le coup de poing contre les gauchistes de Nanterre, les jeunes portaient un keffieh palestinien, un grand foulard ou une écharpe…

Pour ce spécialiste du maintien de l’ordre, il n’est pas possible d’interdire le port des cagoules. De toute manière, casques et masques sont soigneusement dissimulés à la taille ou autour du cou pour éviter de se faire repérer. J’ai intégré une équipe légère d’intervention : nous repérions les meneurs, que nous allions chercher après la charge, au milieu des autres manifestants. Son premier souvenir : boulevard Saint-Germain, le premier meneur qu’on a choppé nous a sorti sa carte de police ! Du côté des élus, Éric Raoult, l’ancien ministre de la Ville de Jacques Chirac, qui joue les messieurs bons offices en matière de répression, préconise de remettre au goût du jour la loi anti-casseurs, abrogée en 1981 : c’est une mesure de circonstance prise à la va-vite pour calmer le jeu, mais sans incidence, se souvient l’ancien gendarme. Les vrais chefs reculaient, et se mettaient derrière les autres manifestants ; on allait les chopper un peu plus loin parce qu’on les avait repérés. La loi n’a pas eu de conséquences sur les dégradations, malgré le risque de comparution immédiate.

Face à la détermination des éléments les plus radicaux, le gouvernement se retrouve en panne d’initiatives concrètes. Pour l’ancien ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, qui a eu à subir les débordements des manifestations contre le CPE en 2006, le cauchemar d’avoir à gérer des mouvements de foule où se mêlent, comme au temps de sa jeunesse, des gens qui viennent de perdre leur emploi aux étudiants qui rêvent du grand soir, est bien réel. Car pour ceux qui ont eu affaire au maintien de l’ordre à l’époque, il en reste des souvenirs cuisants.

 

 


Casqués, masqués, ils sont venus telle une armée
Briser, brûler, bourrer la route aux pouvoirs forts,
Mais ceux-ci finement ont fait beaucoup d’efforts
Pour dresser dans le temps des rideaux de fumée !

L’atmosphère est bien sûr sans répit transformée
En un soufflé sans cloche au seuil des contreforts
D’un enfer qui leur prend de mander des renforts
Pour mieux taire une action sans l’avoir réprimée.

Sans capuche et sans voile ils sont sous le mépris
D’un pouvoir trop discret qui demain les ont pris,
Tous ces vilains vauriens ferments du terrorisme !

Même en rêve, il faut voir le vain dessein marqué
À la gauche et tout droit devant pour l’aphorisme,
Mais le vent des moulins reste un destin manqué…