Petits Arrangements entre Amis à Hénin-Beaumont

Petits Arrangements entre Amis à Hénin-Beaumont

L’enquête de police qui vise le maire d’une commune du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais et le directeur de la gazette municipale a provoqué un vent de panique au sein de la classe politique. Non seulement des ténors prennent part aux décisions concernant la ville de Hénin-Beaumont, mais les irrégularités en cause ne sont pas un cas particulier.

Tout d’abord gérée par la dynastie des Darchicourt, la municipalité de Hénin-Beaumont est conservée en 2008 par Gérard Dalongeville au terme d’une triangulaire l’opposant notamment à Marine Le Pen, attirée dans la ville par l’éventualité d’arracher un siège d’élue locale, et soutenue par le régional de l’étape Steve Briois. Dans l’équipe du maire figure une autre personnalité d’envergure nationale, la députée européenne Marie-Noëlle Lienemann, trublion du Parti Socialiste et chef de file des opposants à l’intégration européenne… Elle est 1ère adjointe, en charge de l’habitat et du cadre de vie à Hénin-Beaumont.

Lors de sa campagne électorale, le Front National a fortement insisté sur la dégradation du cadre de vie à Hénin-Beaumont et des finances de la commune. À deux reprises, elles sont épinglées par la chambre régionale des comptes, une première fois en 2004. Soulignant la part importante prise par des circonstances exceptionnelles dans le rétablissement des comptes publics, elle a relevé des insincérités dans son budget 2006 et invité la commune dans son dernier avis à poursuivre les efforts d’économie, notamment s’agissant des dépenses de personnel et de la politique d’investissement. Cette commune de 27.000 habitants est en déficit chronique, et celui-ci est jugé excessif par l’instance de contrôle, qui souligne un trou de 12 millions d’euros, correspondant au tiers de son budget annuel de fonctionnement.

Matériel de Propagande FN - 2 mars 2008

Marie-Noëlle Lienemann a senti passer le vent du boulet, et tente de mettre Gérard Dalongeville en minorité lundi, suivait en cela la recommandation formulée la semaine précédente par son parti, dont le maire est aussi membre. Elle invite les élus PS de la majorité à ne pas voter le compte administratif 2008, dans lequel la chambre régionale des comptes a constaté que des résultats de fonctionnement positifs ont été affichés en lieu et place des déficits réels, entre autres irrégularités. Mais l’équipe dirigeante fait bloc autour du maire, et les mandats ont été retirés à Marie-Noëlle Lienemann et à son soutien. Tandis qu’elle expliquait n’avoir aucune garantie sur les comptes que l’on me présente la députée se faisait vertement tancer son adversaire frontiste : trop tard, vous avez cautionné le maire pendant des mois ! Nul doute que des arrières pensées politiques motivent une telle rigueur dans la posture, en attendant une éventuelle suspension des fonctions du maire par l’autorité administrative, mais force est de constater que l’opposition municipale est demeurée dans l’expectative en ce qui concerne la gestion de la ville.

Alors que les impôts locaux sont en forte hausse dans la plupart des collectivités, le scandale qui affecte Hénin-Beaumont n’est pas isolé. La majorité de la municipalité de Pont-Saint-Esprit, dans le Gard et son maire Gilbert Baumet, font en effet la sourde oreille aux critiques de l’opposition, fondées d’ailleurs sur des constatations de la chambre régionale des comptes. Gilbert Baumet est maire depuis… 37 ans ! Il a flirté avec tous les partis dans sa quête permanente du pouvoir, a déjà été condamné plusieurs fois par la justice pour abus de confiance et autres infractions. Les manifestations se succèdent à Pont-Saint-Esprit pour réclamer l’ancien ministre du gouvernement Pierre Bérégovoy, et les contribuables excédés par des augmentations continuelles de la fiscalité municipale trouvent dans les arguments de l’opposition bien des raisons de demander le départ de leur édile : nous avons découvert, en avril 2008, que la mairie avait contracté cette dette équivalente à 90% du budget de la ville, alors que le rapport datait de novembre 2007 !

Le maire PS de Hénin-Beaumont a été placé en garde à vue mardi et il a été interrogé par la section financière de la police judiciaire de Lille. Entre autres étourderies, la mairie a contracté des actifs toxiques auprès des établissements bancaires dont elle est cliente. Cette prise de corps intervient dans une procédure en cours depuis plusieurs mois, elle pourrait être le prélude à d’autres mécomptes de certains édiles par trop négligents avec les finances municipales. La crise économique n’épargne personne : après les salariés et les dirigeants d’entreprise, c’est donc au tour des gestionnaires de collectivités de passer au tourniquet !

 

 


Beaucoup d’opacité dans la gestion des villes
Et le scandale arrive alors qu’on n’entend pas
Se mêler des contrats passés grâce aux appâts
Des financiers malins et leurs agents serviles !

Quand on fait peu de cas aussi des lois civiles,
Les plus véreux sont tous convoqués au repas
Où plus fameux désastre est caution pas à pas
De temps malencontreux et de postures viles…

Qui le voit, qui le dit, qui sait de l’infraction
Commise au nom du peuple en capitulation ?
Mais l’intérêt public est souvent sous la toise.

Il vaut mieux tout d’abord gagner les élections
Pour donner le meilleur de la passion matoise
Ensuite, en reprenant le fonds des commissions.