Laurence Boccoloni, prisonnière de sa "chaire" médiatique !!

Laurence Boccoloni, prisonnière de sa "chaire" médiatique !!

Le « Maillon faible » est incontestablement un succès populaire. Tout le monde en a parlé au moins une fois dans sa vie même si cela n’a pas plu à tout le monde. C’est là que le bas - de Laurence Boccolini - blesse. Qui est véritablement en définitive la grande perdante de ce show parfois affligeant, sinon bien sûr sa si « méchante » tenancière autoritaire enrobée pourtant de tant de gentillesse à l’intérieur - même si le bon peuple ne le voit pas...

A la télé, dans ce monde de l’apparence, minimaliste et marketing, on se moque de ce qui peut bien arriver à ses vedettes sitôt la lumière du studio d’enregistrement éteinte. Le retour à la vraie vie est pourtant souvent douloureux, la confrontation avec le « consommateur » peut même être cocasse, farfelue ou carrément révoltante. Avec beaucoup de recul et d’intelligence de la situation, la pionnière de la bande FM fait le point dans son livre « Méchante » sur le thème du champ lexical plus général du maillon faible dans un style mordant, avec beaucoup d’autodérision et infiniment d’humour. Cet ouvrage est une vraie surprise éditoriale savamment orchestrée, ce n’est pas un livre anodin ou facile, contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord.

Il est vrai, le grand drame du Paf c’est qu’il a tendance à enfermer certaines de ses grandes figures dans des stéréotypes caricaturaux. Ainsi on peut penser Thierry Ardisson obsédé sexuel, Laurent Ruquier myope, Marc-Olivier Fogiel fourbe, Pascal Sevran homosexuel, Michel Drucker consensuel amateur de chiens et Benjamin Castaldi débile profond. Bon d’accord, ce sont de mauvais exemples, mais toujours est-il que « La Boccoloni », elle, dans le principe conceptuel surréaliste de sa célèbre émission est comédienne, elle joue un rôle. Tout cela n’est qu’une vaste mise en scène pour que ce jeu « made in Real Tv » génère le maximum de bénéfices. Les candidats eux-mêmes sont pris au piège, tout cela est un business monté et remonté qui ne donne qu’une idée extrêmement partielle d’une certaine réalité. Or d’une manière plus intime, pernicieuse et personnelle, Laurence Boccolini subit au quotidien les conséquences de son image médiatique, elle souffre dans sa chair généreuse de l’image tronquée d’elle que projette la lucarne pas très cathodique. Et c’est là que l’on touche le véritable enjeu de ce livre très étonnant, qui bien plus qu’ « un coup » fait diablement réfléchir sur bon nombre de phénomènes inattendus de la célébrité de manière bien plus pertinente qu’un livre de Yann Moix. Enveloppée et célèbre donc plus fragilisée, voilà le drame de la belle Laurence.

Car en plus d’être si méchante et vindicative, Lolo qui a de gros lolos et un physique hors norme par rapport aux canons classiques des hôtesse du juste prix ou « des gafettes » (comprenez assistantes vulgaires et limitées de Vincent Lagaf) et on lui fait payer. Juste parce qu’elle est différente, ni pire ni meilleure que ses congénères du poste on le lui fait payer, cruellement. C’est drôle à lire, c’est inventif mais on imagine bien que cette sanction populaire en forme d’agressions verbales constantes doit finir par agacer la fausse matrone de TF1. La vraie méchanceté, elle est dans cette bêtise ordinaire, ces blagues bien plus lourdes que leur destinatrice, dans des petites mesquineries à deux euros ou ces jalousies lancées sans honte aux caisses de supermarché.

On a envie de devenir l’ami de Laurence en lisant son livre vraiment bien construit qui mêle des anecdotes croustillantes à mourir de rire, à des délires autour de l’idée même du « maillon faible « , ainsi que des perles de l’émission phare de la première chaîne privée. Une Boccolini « corrrrrrrrecte », touchante, sincère et digne que l’on regardera différemment après la lecture de ce livre, c’est certain - et c’est tant mieux, au royaume de la Tolérance, vous savez cette terre luxuriante très éloignée de celle des a priori.

« Méchante », Laurence Boccolini, Le Cherche Midi , 2002, 180 pages, 14 euros.

« Méchante », Laurence Boccolini, Le Cherche Midi , 2002, 180 pages, 14 euros.