Philippe Val à France-Inter : Ça va saigner !

Philippe Val à France-Inter : Ça va saigner !

C’est presque officiel : le directeur de Charlie Hebdo est coopté par l’Élysée pour diriger la station de radio publique de France-Inter. Jean-Luc Hess, nouveau directeur du groupe à la place de Jean-Paul Cluzel remplacé à la fin de son mandat, attend encore une réponse de sa part, mais surtout, d’être intronisé par le CSA dans ses nouvelles fonctions. Est-ce la mort programmée de l’hebdomadaire satirique dirigé d’une main de fer par Philippe Val ? Est-ce un prélude à l’annonce de purges à la radio ?

Nous savions que le chef de l’État aime à s’inviter dans les rédactions, non pas seulement pour répondre aux interviews, mais surtout pour en dessiner l’organigramme : Nicolas Beytout au quotidien économique Les Échos, la nomination du P-DG de France-Télévisions au conseil des ministres… C’est ainsi que Nicolas Sarkozy a choisi le polémiste Philippe Val pour seconder Jean-Luc Hees à la tête du bateau-phare de Radio-France, où certain chroniqueur déplaît en haut lieu. Le nom de Jean-Luc Hees aurait d’ailleurs été avancé par l’Élysée pour remplacer Jean-Paul Cluzel, dont les facéties n’amusent guère le président de la République.

À vrai dire, le cœur du président a un temps balancé entre deux amis de sa femme : Christophe Barbier, le sémillant directeur de la rédaction de L’Express, et Philippe Val, le satrape autoproclamé de Charlie Hebdo. On se souvient que Nicolas Sarkozy aime bien l’hebdomadaire bourré de caricatures de presse, et qu’il s’est fendu d’une lettre de soutien en sa faveur lorsque le directeur de la feuille satirique était à la 17ème chambre correctionnelle pour répondre d’un délit de presse : je préfère l’excès de caricature à l’absence de caricature, avait écrit le candidat à la présidence de la République à l’époque, et ces mots avaient fait sensation, décidant le juge à prononcer la relaxe.

Le chef de l’État apprécie Philippe Val, mais il n’est pas certain qu’il aime autant la gazette qu’il dirige. Il n’est un mystère pour personne après les démêlés qu’il entretient avec les membres de son équipe, que le patron de Charlie Hebdo mène sa barque d’une main de fer. Le capitaine parti sur un plus gros navire, que va-t-il rester d’un titre de presse gauchiste qu’il a fait renaître de ses cendres et qu’il mène à bout de bras ? Bernard Maris, Gérard Biard et Charb reprendront-ils le flambeau dans une rédaction apaisée ? Rien n’est moins sûr… La presse écrite dans son ensemble n’est pas dans une forme olympique, et les institutionnels se feront certainement tirer l’oreille pour soutenir un titre qui diffuse à 90.000 exemplaires, sans réel contenu rédactionnel informatif.

Philippe Val, satrape de Charlie Hebdo grand vizir à France-Inter ? Il n’est pas certain que la rédaction et l’intersyndicale du service public passe à leur nouveau patron toutes ses foucades… Bien sûr, rien ne ferait plus plaisir à Nicolas Sarkozy de voir quelqu’un se charger de nettoyer les écuries d’Augias du service public de la radio. Jean-Luc Hees, au demeurant, n’a pas le profil : il est considéré par ses pairs comme un homme compétent et pondéré, qui a le mérite de ne pas être politiquement marqué. Tout le contraire de Philippe Val ! Si ce dernier connaît un peu la maison, rien ne permet d’affirmer qu’il y soit comme chez lui dans le fauteuil directorial, ni qu’il prenne beaucoup de plaisir à complaire au pouvoir en place… Pour le moment, immédiatement contacté par toutes les rédactions, il dit être surpris, et affirme que la question n’est pas d’actualité.