Teleny d’Oscar Wilde

Teleny d'Oscar Wilde

Ce récit raconte l’histoire d’amour tragique entre René Teleny, un jeune pianiste virtuose, et Camille Des Grieux, un fils de famille qui succombe progressivement à ses penchants homosexuels, malgré la terrible pesanteur de la morale britannique à la fin du XIXe siècle.

Tout Wilde est là : sa recherche du plaisir, le pressentiment de sa chute, ses références littéraires (Ecritures Saintes, littérature classique, grecque, latine), ses personnages, ses aphorismes.

Fait troublant, l’histoire d’amour tragique entre Teleny et Des Grieux les conduit à la déchéance, à la chute. Ce détail est particulièrement saisissant quand on connaît la biographie de Wilde… Wilde va lui-même subir une telle déchéance, un tel déshonneur après son retentissant procès pour homosexualité.

« Le récit qui va suivre n’est donc pas un roman. C’est une histoire vraie, la dramatique aventure de deux êtres jeunes et beaux, d’une nature raffinée, d’un nervosisme exacerbé dont la mort a tranché la courte existence à la suite d’écarts de passion qui resteront sans doute incompris du commun des mortels. Bien entendu, dans ce récit (qui prendra quelquefois la forme d’un dialogue) je me garderai de toute indiscrétion en ce qui concerne l’identité des personnages, et je demanderai au lecteur bénévole de vouloir bien se contenter de trouver ici sans autre précision et sous des pseudonymes, l’histoire des amours de Camille Des Grieux et de René Teleny.

Il me reste à ajouter, en manière d’épilogue, que la triste fin du narrateur suivit de près la conclusion du dernier chapitre de ses confidences. D… s’éteignit doucement, par une belle journée du mois de mai, et j’assistai seul aux brèves et matinales funérailles que l’on a coutume de célébrer à Nice

pour les malades étrangers qui viennent y mourir. Selon ses instructions, je n’informai même pas sa mère de son décès ; je n’en avertis que le fondé de pouvoir qui gérait ses affaires commerciales à Londres et je fis les démarches nécessaires pour que son corps y fût transporté. Il repose maintenant au cimetière de Brompton, sous la dalle de marbre blanc dénuée de toute inscription qu’il avait fait préparer de son vivant, et qui recouvrait déjà la dépouille mortelle de Teleny. » juillet 1892

Toute nue de Lola Beccaria

La Musardine réédite ce grand succès de la littérature espagnole (initialement paru chez Stock en 2006) dans sa collection de poche Lectures amoureuses (sous la houlette de Jean-Jacques Pauvert).

Certains n’y verront qu’un déballage pornographique, alors que Beccaria, docteur en philologie, lexicographe et linguiste, en use comme d’une démonstration contestataire de la sexualité civilisée. (Julie Malaure,Le Point, 18 mai 2006)

Alors que les journaux s‘apprêtent à révéler une affaire de moeurs qui ruinera à coup sûr sa carrière politique, Martina Iranco, ministre de l’Intérieur du gouvernement espagnol, décide de prendre la plume dans la solitude de son appartement et d’écrire sa version des faits. Elle entraîne alors le lecteur tantôt témoin, tantôt complice dans son incroyable confession.

Exposant sans concession son univers intime et les moments fondateurs de son existence, la jeune femme se défait peu à peu des oripeaux de la vie sociale, de la morale et de la pudeur et affronte toute nue son histoire. De la passion interdite qu’elle partagea, encore enfant, avec un ami de son père aux dangereuses aventures sexuelles auxquelles elle se livre à l’âge adulte, Martina retrace l’insatiable quête d’amour et d’affection qui l’a menée à sa perte. Au fil des pages d’une grande densité littéraire, la narratrice s’attaque avec courage et justesse à nos préjugés les plus ancrés sur la sexualité et le désir féminin.

Un remarquable roman d’amour et de haine qui pose sans fard cette lancinante question. Jusqu’où peut-on aller pour être aimé ?

Extraits

« Il est plus simple d’émettre des jugements de valeur que de s’en abstenir. Comment ne pas nous livrer à cet exercice alors que nous traînons, cousu à nos chairs, un sac de préjugés qui nous suit partout comme une ombre ? (…) D’ailleurs les préjugés ne m’intéressent que dans la mesure où ils peuvent nous rendre sinistrement malheureux. »

« Le sexe me permettait au moins d’approcher d’autres corps ; le moment d’intimité d’un contact érotique revenait pour moi à posséder quelqu’un affectivement, ne fût-ce qu’une minute ou une petite heure. Ce qui est magique avec le sexe, c’est que, lors d’un rapport, il y a possession réciproque. L’autre a beau avoir une copine, une maîtresse, une épouse ou des enfants, tout cela s’efface de sa mémoire quand il s’abandonne aux caresses du présent. Le sexe est un accès de folie qui, lorsqu’on y succombe, éloigne la réalité du quotidien, efface provisoirement du cerveau les repères familiers et les êtres chéris. »

« Parfois, il me frappait gentiment avec le fouet et ça me rendait dingue. J’adorais sentir ses mains me corriger, souffrir mille tortures qui échauffaient ma peau et m’arrachaient de fiévreux gémissements, pour me réfugier ensuite dans ses bras dont la douceur acquérait soudain les vertus d’un baume curatif, d’une coulée de miel qui calmait simultanément l’ardeur de mes fesses et le tourment de mes peurs intérieures. Parce que la tendresse cutanée d’Hernàn traversait aussi ma peau, touchant le point le plus sensible de ma fragilité. »

La Musardine, la plus importante maison d’édition consacrée au domaine de l’érotisme, explore ce sujet sous toutes ses formes. Pour ce faire, divers ouvrages, titres, collections dont la bien nommée « Lectures amoureuses » dirigée de main de maître par Jean-Jacques Pauvert (éditeur, écrivain, a notamment publié Sade vivant, Nouveaux et moins nouveaux visages de la censure Les Belles Lettres ,1994 et Anthologie historique des lectures érotiques ; 5 vol.,Stock/Spengler, 1995-2000. La vocation initiale de cette collection de poche créée en 1996, était de publier des textes anciens, publiés sous le manteau, censurés ou oubliés. Depuis quelques années, la collection s’est ouverte à des textes plus contemporains : soit des textes publiés par La Musardine en grand format, ensuite en format poche, soit des textes dont nous rachetons les droits à d’autres éditeurs. La collection atteint désormais plus de 120 titres.

Chef-d’oeuvres reconnus, textes plus secrets, livres d’aujourd’hui, ces quelques pages recensent la substantifique moelle de cette collection de poche.

Une sélection d’une trentaine de titres pour vous guider en matière de littérature érotique. Un classement chronologique du XVIIIe siècle à nos jours, et un référencement à part pour les livres écrits sous anonymat. Vous trouverez de grands noms, Sade, Restif de la Bretonne, Mirabeau, Hoffmann, Musset, Louÿs, Sacher-Masoch, Mac Orlan, Nin, Miller mais aussi des écrivains moins renommés tel Alibert (excellent poète, ami d’André Gide). Et vous (re)découvrirez les contemporains, Zwang, Serguine, Jourdan, Bentley, Esparbec, Arsan, Liebig. Sans oublier les anonymes qui ont laissé des oeuvres essentielles comme Ma vie secrète louée par Foucault (in Histoire de la sexualité).

Collection de poche « Lectures amoureuses » : Teleny de Wilde et Toute nue de Lola Beccaria (Prix Azorin 2009 pour El arte de perder), LA MAUSARDINE.